David Gaudu, un double kick travaillé à Pedreguer

Crédit photo Pauline Ballet / A.S.O
Une victoire décrochée avec les jambes, la tête et les tripes, au lactique et grâce à un double kick. Ce lundi, David Gaudu a dû s’arracher comme rarement pour contenir le retour d’un Adam Yates particulièrement tenace dans les ultimes pentes terrifiantes d’Eastern Mountain (4.6 km à 8.6%), à quelque 1016 mètres d’altitude, sur le Tour d'Oman (voir classement). “Je l’ai eu au téléphone, il m’a demandé si j’avais eu peur aux 50-60 mètres. Et bizarrement, je n’ai pas eu peur. C’est exactement ce qu’il m’a fait sur pas mal de séances à Pedreguer il y a quinze jours”, sourit son entraîneur, David Han, auprès de DirectVelo. C'est en effet le travail spécifique des dernières semaines qui a payé ce lundi dans la péninsule arabique. “Avec Tom Donnenwirth, ils ont fait de belles séances tous les deux, au lactique justement. C’était le même style, il mettait ce double kick. On l’a travaillé avec l’aide du scooter aussi. J’attendais juste de voir s’il l’avait encore, quand (Adam) Yates est arrivé au pédalier mais je n’ai pas été surpris qu’il le fasse”.
UNE APPROCHE DIFFÉRENTE DES ANNÉES PRÉCÉDENTES
David Gaudu n’est pas peu fier de ce succès qui va lui faire, assurément, un grand bien. “C’était le premier test de la saison, sur des pentes très raides, et il est concluant. Ça a été une bataille avec Adam, il était très fort. J’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois avant de réussir à le lâcher. Il est encore revenu et ça s’est joué au sprint. Je suis vraiment content d’avoir pu le battre”. David Han se doutait que son coureur était dans les temps, mais une confirmation sur le terrain ne fait jamais de mal. “On savait qu’il était en forme avec tous les entraînements qualitatifs qu’il a faits récemment. Au niveau des données, je savais qu’il était prêt. Mais le niveau est de plus en plus haut et homogène, alors on ne sait jamais”. Les deux hommes en savent désormais un peu plus et cela promet de belles choses pour les semaines et les mois à venir, alors que David Gaudu va, pour rappel, découvrir le Tour d’Italie au printemps prochain.
Cet hiver, coureur et entraîneur ont varié les plaisirs et les souffrances, entre les habituelles sorties sur les interminables pentes du volcan de Teide, dans les Canaries, et un séjour à Pedreguer, au nord de Calpe, dans le centre d’hypoxie d’Alexandr Kolobnev. “En ne faisant que du Teide ces dernières années, on s’était rendu compte qu’il manquait peut-être des sorties un peu plus lactiques, vallonnées mais sans une montée d’une heure et demi. On souhaitait changer d’approche”. Ce mixte entre Teide et Pedreguer avait déjà été testé par d’autres éléments de la Groupama-FDJ ces dernières années, tels le Luxembourgeois Kévin Geniets - tout récent 3e de l’Etoile de Bessèges - ou le Suisse Stefan Küng. “David s’est proposé pour essayer cette année. Il fallait casser la routine”. Il s’avérait d’autant plus important de changer les habitudes que David Gaudu retournera encore trois semaines au Teide au mois d’avril, en avant Giro. “On n’allait pas faire deux fois trois semaines là-bas… Le paysage est sympa pour les vacances mais sinon, c’est quand même long”, assure David Han.
NE PAS S’EN SATISFAIRE
Le grimpeur breton lance donc parfaitement son année 2025. Mais il en veut déjà plus, et son entraîneur aussi. “Il y a un général à aller chercher, et pourquoi pas une autre victoire d’étape”, déclare le nouveau leader du classement général du Tour d’Oman, à 48h de l’arrivée finale. La prochaine étape est promise aux sprinteurs, avant une seconde explication au sommet mercredi en conclusion de la course organisée par A.S.O. “Il doit encore valider mercredi. Ce sera 20 minutes d’effort cette fois-ci. On ne va pas se satisfaire de cette victoire d’étape. On voit que (Adam) Yates a l’air déjà bien mais David doit être capable de rivaliser, aussi, sur ce type de terrain dans deux jours”. Le Britannique, tenant du titre, est également ambitieux. “La préparation hivernale a été différente cette fois-ci car je vise un pic de forme bien plus tard dans la saison. Je suis encore loin de mes meilleures sensations alors je suis très satisfait d’être déjà compétitif à ce point. Mais il reste toujours une chance d’aller chercher la victoire finale mercredi”.
Alors, qui aura le dernier mot à Oman ? “Dans tous les cas, on voit que l’hiver a été bon et studieux. Il était important de marcher dès le début de l’année pour la confiance”, se félicite David Han. Directeur sportif de la WorldTeam hexagonale cette semaine, Thierry Bricaud est tout aussi satisfait de voir son leader briller d’emblée. “Il est sur la dynamique de sa fin de saison 2024. Il a envie de bien faire, il fait tout pour que ça se passe bien, il s’investit comme il le faut, et ce n’est donc pas une surprise de le voir gagner aujourd’hui. C’est une juste récompense de ce qu’il met en place depuis plusieurs mois. Il faut qu’il surfe sur cette vague”.
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