Un scénario renversant à Marseille

L’édition 2025 du GP de Marseille-La Marseillaise (1.1) aura une nouvelle fois été marquée par une première, comme régulièrement ces dernières saisons (lire ici). Pour ses débuts avec l’équipe Cofidis, Valentin Ferron a validé son choix de changer de crèmerie à l’intersaison après un exercice annuel précédent fort pénible. Et si les favoris - Axel Laurance, Kévin Vauquelin - ont été tout près de tirer les marrons du feu, c’est tout de même un trio d’outsiders, moins attendu, qui a été acclamé sur le podium protocolaire dans la zone d’arrivée.

LE QUATUOR DE TÊTE S’EST AUTO-CONDAMNÉ

La grosse côte du jour se nommait Vincent Van Hemelen. Depuis son passage chez les pros en 2023, le Belge n’avait jamais décroché un Top 5. Il est passé à quelques centimètres de l’emporter en Provence. “Je me sentais vraiment super bien, j’ai même hésité à y aller quand c’est sorti dans les bosses. Mais j’étais un peu nerveux et j’ai eu peur de me brûler les ailes car ce sont des costauds qui ont attaqué”. Après les multiples attaques de Kévin Vauquelin, et étant donné la qualité du quatuor de tête qui s’est formé à l’avant, il a un temps semblé évident que l’imposant groupe de contre ne reviendrait plus jamais. “Dans la dernière descente, j’ai échangé avec Pau (Miquel) et on évoquait la possibilité d’aller faire 5, en sachant qu’ils étaient quatre devant…”, concède pour DirectVelo Francisco Galvan (Kern Pharma), futur 3e.

Et pourtant, un regroupement a eu lieu dans les derniers hectomètres. “On savait que des équipes allaient travailler, notamment plusieurs formations françaises, car il manquait du monde devant”, déclare Eduard Prades (Caja Rural-Seguros RGA), 4e. “J’ai essayé de rester calme, patient, et de tout miser sur le sprint en espérant que ça rentre”, reprend Vincent Van Hemelen. Le coureur du Team Flanders-Baloise souligne lui aussi le gros travail de quelques formations, dont Cofidis et TotalEnergies, pour revenir. Sans oublier un autre élément crucial. “La mésentente à l’avant nous a clairement permis de rentrer”, ajoute l’étudiant en médecine, qui avait connu une année 2024 délicate, après avoir lourdement chuté du côté d’Almeria en tout début de saison. En effet, Axel Laurance et Kévin Vauquelin avaient mutuellement peur l’un de l’autre et à force de se regarder… “On a joué et on a perdu”, synthétise le Normand d’Arkéa-B&B Hôtels, alors que l'épatant Paul Seixas, 18 ans, était aussi à l'avant (lire ici). 

EDUARD PRADES, 37 ANS ET TOUJOURS AUSSI FRINGUANT

Le profil de ce nouveau final laissait penser qu’il serait plus difficile de faire la jonction pour un groupe de retardataires. Alors que l’interminable Boulevard Michelet pouvait souvent condamner les plus téméraires, il n’y avait cette fois-ci, sur le parcours, plus cette dernière phase profitable aux routiers-sprinteurs, mais un long faux-plat montant juste après la dernière descente de la Gineste. De quoi imaginer des écarts figés, ou en faveur de ceux qui étaient déjà les plus costauds dans les bosses précédentes. Il n’en a cependant rien été. “Je préférais l’ancienne version, j'aime les sprints plus à plat, je redoutais ce final en faux-plat montant mais finalement, ça l’a fait quand même”, avoue un Francisco Galvan lui-même surpris de sa performance du jour, bien qu’il avait déjà terminé 3e de l’épreuve en 2022 et 4e en 2021.

Alors qu’il aura 38 ans l’été prochain, Eduard Prades - photo ci-dessous - n’était, lui non plus, pas beaucoup cité dans la liste des favoris en zone de départ, à l’Estaque, dimanche matin. Mais il est donc passé à un rien du podium (voir classement). “Ce n’est pas une surprise pour moi, j’espérais jouer devant, je m’en savais capable”. Le scénario du final lui, aura bel et bien été renversant comme l’a ensuite été, quelques heures plus tard, un fameux OM-OL disputé à huit kilomètres de la ligne d’arrivée sur laquelle Valentin Ferron a triomphé de l’épreuve d’ouverture. Les amoureux de sport de haut-niveau se sont régalés dans la cité phocéenne ce dimanche.