Quentin Bezza, quand un destin bascule

Crédit photo Wagner Bazin WB
Il aurait très bien pu reprendre la compétition quelque part dans l’Hexagone, en février, sous le maillot du SCO Dijon. Pourtant, c’est au Moyen-Orient, comme l’an passé, que Quentin Bezza a lancé sa saison, pour le compte de Wagner Bazin WB. Cerise sur le gâteau : il apporte d’emblée la première victoire de la saison à sa formation grâce à une grosse performance sur le contre-la-montre individuel de ce dimanche au Tour du Sharjah (voir classement). Et si on lui avait raconté un tel présage il y a trois mois de cela, peut-être bien aurait-il rigolé aux éclats ou pleuré de nerfs. “Je reviens de loin, c’est une belle revanche”.
C’EST OUI OU BIEN C’EST NON ?
Revenons quelques mois en arrière : l’été dernier, après quelques performances intéressantes pour sa première saison chez Philippe Wagner/Bazin, avec plusieurs bons chronos dont une 11e place sur celui du Tour de Belgique (2.Pro) qui n’a pas laissé indifférentes certaines équipes de haut niveau, l’athlète de 26 ans a eu plusieurs contacts. Différentes Conti françaises sont intéressées et en pourparlers avec lui. Une WorldTeam française et une ProTeam belge se renseignent également. Entre-temps, le projet de fusion entre son équipe actuelle et Bingoal WB prend forme, avec donc la projection d’une montée en deuxième division mondiale pour Quentin Bezza. Il effectue même des tests à l’effort en Belgique en septembre, suivis d’un entretien visiblement concluant. “On m’a d’abord dit que c’était bien parti pour moi, puis que c’était bon. Je n’avais pas encore signé mais il y avait un accord verbal”.
Le double vainqueur d’étapes au Tour de la Guadeloupe (2.2) décide alors de mettre fin aux contacts avec les autres formations intéressées. Il a pris sa décision et évoluera bel et bien avec la ProTeam franco-belge. Oui mais voilà. “Je suis parti sereinement en vacances. Sauf que les jours passaient et je ne recevais toujours pas de contrat…”. Il opte pour un coup de fil à sa future direction le 10 octobre, et apprend qu’il n’est finalement pas dans les plans de la structure. “J’ai rappelé toutes les équipes en catastrophe mais elles étaient complètes”. Stupeur. “J’ai commencé à me mettre en tête que j’allais retourner à Dijon”. Grâce à une rallonge de Philippe Wagner et à la volonté d’un des leaders français de l’équipe de voir Quentin Bezza dans la structure en 2025, la ProTeam revient sur sa décision et signe finalement une dernière recrue, qui ne sera officialisée que fin novembre. Un énorme soulagement.
LES DERNIERS SERONT LES PREMIERS
C’est tout de même dans des conditions particulières que Quentin Bezza a donc intégré l’effectif. “J’ai passé deux semaines totalement dans le flou. Je suis arrivé au premier stage sur la pointe des pieds. Hormis les Français de l’équipe et Louka Matthys, je ne connaissais personne”. Il se fait discret, travaille dur, avec la ferme intention de réussir un gros début de saison. Premier rendez-vous, donc, aux Emirats, là-même où il avait terminé 5e du chrono et 10e du général il y a tout juste un an. “L’an dernier, j’avais fait un bon général mais cette fois-ci, je me suis sacrifié pour l’équipe dès le premier jour, à la demande du staff. Je pense que j’aurais pu faire un bon général encore une fois, mais je me suis mis à la tâche comme demandé. J’ai fait beaucoup de boulot le premier jour, j’étais bien entamé. Puis j’ai essayé de me reposer sur la deuxième étape pour être au top sur le chrono”.
Le chrono ? Un effort particulier de 11,1 km, un aller-retour sur vélo traditionnel, sans roues pleines ni à bâtons. “Les chronos sur vélo tradi’ ne me favorisent pas généralement, mais j’ai bien bossé et j’avais l’espoir de gagner”. Il y parvient en devançant de quatre centièmes de seconde (!) l’Estonien Rein Taaramäe, ancien vainqueur d’étape sur le Giro et la Vuelta. Quel symbole ! Le dernier arrivé dans l’effectif 2025 est le premier à ramener un bouquet à la ProTeam Wagner Bazin WB cette année. Presque un pied de nez. “Décrocher la première victoire de la saison n’est jamais simple pour une équipe. On l’avait déjà fait avec Pierre (Barbier) ici-même l’an dernier. Je suis content d’apporter cette victoire au groupe. Je montre à l’équipe que je suis capable de répondre présent quand j’ai ma carte”.
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