Wesley Van Speybroeck : « Les agents sont de plus en plus présents »

Crédit photo Alexis Dancerelle - DirectVelo
Lors de la présentation de la formation Lotto, le directeur sportif Wesley Van Speybroeck s’est confié à DirectVelo sur les ambitions de la Conti de développement pour la saison à venir. Avec un impressionnant bilan de 34 victoires et 74 podiums, l’équipe U23 a brillé l’an dernier. Mais le Belge reste lucide : confirmer en 2025 ne sera pas une tâche aisée.
DirectVelo : Quelles sont vos attentes pour la prochaine saison ?
Wesley Van Speybroeck : Si nous pouvions rééditer la saison de l’an passé, je signerais immédiatement. Nous avions une majorité d’Espoirs 1, et pourtant, malgré ce statut d’outsiders, nous avons remporté de grandes courses comme le Tour du Val d’Aoste ou le Tour d’Italie Espoirs. En 17 ans de carrière, c’est la plus belle saison que j’aie vécue, tant sur le plan des résultats que de l’ambiance. L’entente entre des coureurs comme Jarno Widar, Matys Grysel, ou Steffen De Schuyteneer a été exceptionnelle. Cependant, en 2025, nous serons davantage attendus. La pression sera plus forte, et il faudra prouver à nouveau.
Jarno Widar reste dans la Conti cette année. Quelles seront ses principales courses Espoirs ?
Il visera les grandes épreuves Espoirs comme Liège-Bastogne-Liège Espoirs, la Flèche Ardennaise, le Tour du Val d’Aoste, le Tour d’Italie Espoirs et le Tour de l’Avenir. En parallèle, il participera aussi à des courses professionnelles telles que la Classic Var, le Tour des Alpes-Maritimes et du Var ou encore la Settimana Coppi e Bartali. L’an passé, cette dernière épreuve ne s’était pas très bien passée pour lui, car il avait encore des appréhensions dans le peloton. Mais avec la confiance qu’il a acquise depuis, il peut maintenant viser la victoire. Par exemple, au Tour des Apennins, il aurait pu s’imposer sans sa chute, malgré un plateau relevé.
« L’UCI DOIT FIXER DES RÈGLES »
On a évoqué un possible départ de Jarno Widar pendant l’intersaison. Les agents ont-ils joué un rôle dans cette situation ?
Quand on a du talent, on attire forcément l’attention. Cependant, l’omniprésence des agents devient problématique. Lors du Tour d’Italie Espoirs, ils étaient constamment là : au départ, après les courses, à l’hôtel… Cela devenait intrusif. C’était la première fois que j’avais dû intervenir. Ce harcèlement finit par générer du stress et nuit à leur performance. L’UCI doit fixer des règles claires, notamment sur la présence et le comportement des agents, surtout dans les courses de jeunes.
Jarno Widar continuera-t-il à faire équipe avec Milan Donie en montagne ?
Absolument. Milan est un élément clé, comme il l’a prouvé en remportant la Flèche Ardennaise après une échappée de 100 kilomètres. Son travail a été déterminant pour les succès de Jarno, notamment au Tour d’Italie. Le voir rouler en tête pendant 40 kilomètres pour contrôler la course reste pour moi un des moments forts de la saison. Certes, il s’était épuisé, ce qui a affecté ses performances par la suite, mais il sera à nouveau à ses côtés en 2025. Nous avons également renforcé notre contingent de grimpeurs avec l’arrivée de Lucas Van Gils, ce qui devrait éviter les isolements trop précoces. Aldo Taillieu, un talent polyvalent, pourra également se démarquer, notamment sur les Classiques flamandes où il excelle.
« MATYS GRISEL EST UNE GRANDE PROMESSE »
Sur quels autres coureurs comptez-vous en 2025 ?
Matys Grisel est une grande promesse. S’il parvient à améliorer son sprint et son placement, il pourra briller sur les classiques flamandes. Ce qu’il a montré sur l’Omloop Het Nieuwsblad Espoirs l’an dernier laisse présager une belle saison. Il est aussi très utile dans un rôle d’équipier, comme il l’a démontré en pilotant Steffen De Schuyteneer au Tour d’Italie Espoirs. Par ailleurs, nous regretterons le départ de Joshua Giddings, un des meilleurs lanceurs que j’aie vus depuis longtemps. Son potentiel dans ce rôle est exceptionnel, comme il l’a montré chez les pros l’an passé à Majorque.
Le niveau des courses Espoirs semble se rapprocher de celui des épreuves professionnelles. Qu’en pensez-vous ?
C’est une évidence. Les Espoirs évoluent dans un environnement beaucoup plus compétitif qu’à mon époque. Pourtant, cela reste une phase d’apprentissage. Par exemple, lors du dernier Tour de Lombardie Espoirs, mes coureurs n’ont pas été attentifs au briefing, trop concentrés sur leurs vêtements. Résultat : un fiasco en course. Cette catégorie permet d’apprendre de ses erreurs, et c’est ce qui en fait toute la richesse.
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