Une finale éparpillée façon puzzle

Crédit photo DirectVelo
Il y en avait partout sur la piste, comme dans une poursuite à l'australienne, dans la finale du Championnat de France de la poursuite par équipes Juniors entre Auvergne-Rhône-Alpes et la Bretagne, avec des coureurs un par un à certains moments. Au départ, ce jeudi soir, les Bretons rendaient deux secondes à leurs adversaires après les temps des séries. Dans la ligne en face, les coureurs d'Auvergne-Rhône-Alpes tenaient à entretenir le flambeau, avec un troisième titre consécutif et une grosse pensée pour Léo Busson, bloqué à l'hôpital après sa fracture de la clavicule mercredi après-midi.
Les Bretons étaient ambitieux devant leur public. "On avait envie de donner un peu plus que ce qu'on pouvait", explique à DirectVelo Yann Le Normand, qui dirigeait le quatuor à hermines. De son côté, Nicolas Racodon, le stratège d'Auvergne-Rhône-Alpes a dû adapter sa tactique à la perte de Léo Busson, "notre meilleur élément. On devait avoir quatre coureurs le matin et faire un changement l'après-midi".
« LÀ OÙ ON AURAIT DÛ TEMPORISER »
Au départ de la finale, les Bretons prennent l'avantage et les coureurs d'Auvergne-Rhône-Alpes se retrouvent vite à trois. Signe de faiblesse ? Non. "C'était prévu. Jules Friot devait faire les cinq premiers tours et s'écarter ensuite". La Bretagne en tête à quatre contre trois, le public exulte. L'ambiance du chaudron de Loudéac peut faire pousser des ailes mais parfois aussi, les brûler. "Le public nous a poussés encore plus. On s'est un peu enflammé, là où on aurait dû temporiser. Soit on faisait un super temps, soit ça allait être compliqué", admet l'entraîneur des Bretons.
Et la finale bascule dans l'épique. Le train rhônalpin est le premier à se disloquer, deux coureurs et un troisième décroché. La Bretagne tient le bon bout quand… elle se retrouve elle aussi éparpillée, deux plus un. "Quentin Kerouédan venait de sauter, un relayeur a appuyé fort et Théo a perdu un mètre, puis deux, et à cette vitesse…", décrit Yann Le Normand. Il y a des coureurs partout et la priorité est de se regrouper, l'union fait la force, surtout quand le temps est pris sur le troisième homme. "On les a prévenus, mais on n'a pas eu peur. Avec Camille Charret et Nathan Marcoux du pôle France, nous avions deux gros moteurs (Adrien Place était le troisième homme, NDLR)", indique Nicolas Racodon. Le Champion de France, en grande forme, garde son sang-froid. "On n'a pas paniqué", ajoute Camille Charret. Du côté breton, on a du mal à entendre les appels au rassemblement dans le boucan d'enfer du vélodrome. Au final, à moins de deux tours de l'arrivée, Camille Charret, encore un peu détaché devant ses deux camarades, est le premier à revenir dans la roue arrière du pauvre Théo Paris qui descend la piste inconsolable.
TROISIÈME VICTOIRE CONSÉCUTIVE
Cette finale illustre la difficulté et donc la beauté de la poursuite par équipes. Quand le train des quatre coureurs se transforme en TGV, le fil qui relie les wagons se rétrécit. Plus ils vont vite et plus ils se transforment en funambules au-dessus du vide, prêts à basculer au moindre grain de sable. C'est arrivé à l'équipe de France aux Jeux olympiques, c'est arrivé à toutes les grandes équipes, justement parce qu'elles vont vite. Mais dans cette finale du Championnat de France 2024, les deux équipes ont déraillé à tour de rôle, ce qui est plus rare. "Je n'avais jamais vu ça", se souvient Nicolas Racodon.
La Bretagne, rejointe, n'a pas réussi à interrompre la série victorieuse d'Auvergne-Rhône-Alpes. "L'objectif était de gagner pour la troisième fois de suite le titre, convient Nicolas Racodon. Le MTT (Manager Technique Territorial, Fred Macaudière, NDLR) nous met des moyens, la Présidente (Christelle Reille, NDLR) aime la piste". Les pistards du comité ont pu aller préparer leur victoire en Suisse, à Genève et Aigle, et à Bourges, "pour retrouver les configurations d'une piste de 200 mètres". Face à eux, les Bretons sont tombés avec les honneurs. "C'est un collectif qui apprend et qui sera meilleur, ça reste du sport, c'est la course", tempère Yann Le Normand.
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