Dinan Sport Cycling : « C’est surtout l’intensité qui compte »

Crédit photo Alexis Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Alexis Dancerelle - DirectVelo

Dinan Sport Cycling a découvert les Ardennes, la semaine passée. Pour la première fois, la N1 bretonne a participé au Circuit des Ardennes, en Classe 2. Avec du bon et du moins bon. Après deux premiers journées plutôt compliquées, il ne restait que trois Bretons au départ du week-end final difficile. Théo Leveque a bien redressé la barre avec deux places d’honneur pour terminer, après avoir été dans le coup le vendredi, jusqu’à l’accrochage avec Paul Magnier dans les derniers kilomètres. Et justement, son directeur sportif Claude Carlin n’en attendait pas moins, après l’abandon d’Ilan Larmet, peu à l’aise sur les routes étroites, glissantes et exposées au vent des Ardennes. À trois semaines du Tour de Bretagne et à l’approche des manches de Coupe de France N1, les Dinannais se sont fait la caisse au contact des équipes réserves. Claude Carlin s’est entretenu avec DirectVelo sur cette première, alors que lui connaissait bien l’épreuve.

DirectVelo : C’était une première pour Dinan au Circuit des Ardennes !
Claude Carlin : On était ravi de pouvoir participer à une Classe 2, trois semaines avant le Tour de Bretagne. Nos jeunes coureurs sont heureux de courir avec les pros. Ça fait deux jours que c'est dur (l’interview a été réalisée à l’issue des deux premières étapes, NDLR). Ce sont des routes étroites, glissantes, et ça chute. Ça roule très vite, bien par équipe. On a eu Axel Prod'homme en échappée puis la chute de Theo Leveque à 3 kilomètres de l’arrivée. On a eu de nombreuses crevaisons et ennuis, donc c'est de la galère. On a perdu Victor Bohal et Ilan Larmet qui est un de nos leaders. Il est tombé à la Boucle de l'Artois et ne s'est pas bien remis. Il avait un peu peur sur ces routes glissantes. Il faut qu'il se ressource et on espère le retrouver pour le Tour de Bretagne et dès le week-end prochain en Coupe de France (ce dimanche, il a d’ailleurs terminé sur le podium de Redon-Redon, NDLR). On a eu une grosse déception de ne pas marquer de points. Dinan a sa place dans un Top 10.

« LE PAPY PSYCHOLOGUE »

Comment est venue cette idée de postuler ?
J'ai fait un peu de démarchage auprès de l'organisateur puisque j'ai eu la chance de gagner la première étape en 1986, à Charleville Mézières. J'avais été bien emmené au sprint par Pascal Lance. Je battais un Tchèque avec le peloton à 200 mètres derrière. C'est un souvenir qui me rajeunit, à 64 ans (sourire). On avait fait une belle course d’équipe. Là, on leur demande la même chose. On est là pour qu'ils apprennent avec l'espoir de les voir monter et pouvoir signer un contrat pro. Ils le méritent.

Que leur demandes-tu sur une épreuve aussi difficile ?
Ce qui me plait c'est l'esprit tactique. Je ne maitrise pas les watts, on a un super entraineur en la personne d'Antonin Dauriannes. Il bosse beaucoup, c'est compliqué de gérer un coureur. Encore plus avec les conditions de course entre les maladies, la pluie, les chutes... Je suis là pour positiver et remonter le moral. Je suis un peu le papy psychologue. Je n'étais pas content après Axel Prod'homme vendredi. Il a fait 100 kilomètres dans l'échappée, il s’est fait rejoindre, il avait mal au ventre et il a abandonné. Je suis désolé mais non. Il a le droit d'être là le lendemain pour aider, même s’il ne peut aider que 50 kilomètres, c'est toujours ça. On n'a pas le droit d'abandonner comme ça, surtout quand on fait 100 kilomètres devant. Il a peut-être eu une fringale, alors on s'alimente et on essaye de finir dans les délais pour repartir. Si on l'emmène sur le Tour de Bretagne, il n'a pas le droit d'abandonner à la première étape. Même quand on ne va pas bien. Il nous faut des guerriers.

« IL FAUT METTRE SON CUL PAR TERRE DE TEMPS EN TEMPS »

S’agit-il d’une nouvelle manière d’aborder le Tour de Bretagne ?
C’est surtout l'intensité des quatre jours de course qui compte. Avec le stress en permanence. On voit tous les jours les routes qui sont parfois limites. Ilan s'est fait peur, je ne le sentais pas à l'aise depuis la première étape. C'est gras, ça tombe. Il prend des risques d'hypothéquer sa saison. Il a des ambitions, il n'a pas signé son contrat l'année dernière. C'est dangereux mais il faut passer par là. Il va rebondir et ça va repartir. Il faut mettre son cul par terre de temps en temps et se relever. C'est un sport hyper dur. Il faut mettre les bouchées doubles, faire attention à ce qu'on mange, l'entrainement, frotter et performer. On a besoin de résultats aussi pour nos sponsors. On a un manager général, Michel Danjou, qui est dans le milieu depuis trois ou quatre décennies. On a déjà quatre victoires cela dit, c'est pas mal mais il ne faut pas s'arrêter là-dessus.

Il n’y a pas de regrets d’avoir fait ce long déplacement ?
Absolument pas ! Ils apprennent et s'endurcissent. Il faut passer par là pour les semaines à venir. C'est une grosse expérience. Et ce qui est exceptionnel, c'est qu'on pourrait avoir le moral dans les chaussettes en voyant les reliefs qui nous attendent sur la journée. Pourtant, Yohann Simon et Theo Leveque, sur la banquette arrière ils sont presque contents de voir une étape aussi dure, parce qu'ils savent que derrière beaucoup vont exploser. Ils avaient le moral. Même Théo qui est tombé et qui a mal à un mollet. Et en tant que directeur sportif, j'amène du positif.

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