Un indice pour prendre des décisions face aux fortes chaleurs

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

L'Union Cycliste Internationale met en place un outil pour donner aux acteurs des courses du WorldTour et des ProSeries un cadre basé sur les données météo pour les aider à choisir quelles décisions prendre en cas de fortes chaleurs.

Depuis 2016, l'UCI a ajouté à son règlement la possibilité de mettre en œuvre un "protocole de discussion pour les conditions météorologiques extrêmes et la sécurité des coureurs sur les épreuves" qui s'applique pour les courses du WorldTour et des ProSeries. Ce règlement prévoyait donc déjà des actions en cas de températures extrêmement chaudes comme la modification des horaires, le changement ou la neutralisation d'une partie du parcours et même l'annulation de la course. Même avant la mise en place de ce protocole, la 5e étape du Tour d'Oman 2015 avait été annulée en raison de la température de 50°C et du refus des coureurs de partir. Lors du dernier Tour de l'Avenir, l'horaire du départ de la 5e étape a été avancé de deux heures car le département du Rhône, lieu du départ, était en vigilance rouge canicule. 

INDICE WBGT

Mais l'UCI a voulu donner aux organisateurs un indicateur fixe, répétable pour tout le monde, pour déterminer quelles actions prendre. Pour cela, il faudra d'abord calculer le "stress thermique" grâce à l'indice WBGT (Wet-Bulb Globe Temperature en anglais, qu'on peut traduire par température au thermomètre-globe mouillé) qui varie selon quatre facteurs : la température, le taux d'humidité, le rayonnement solaire et le mouvement de l'air. Pour évaluer l'indice WBGT avant une course, une réunion doit se tenir entre toutes les parties prenantes, exactement comme pour le protocole des conditions météo et de la sécurité, à la demande d'un de leur représentant : commissaires, organisateur, médecin de la course, responsable sécurité, AIGCP, CPA ou UCI.

Pour calculer cet indice WBGT, il faudra enregistrer la température ambiante et le taux d'humidité, relevés sur un des sites de stations météorologiques conseillés par l'UCI comme meteociel.fr, et les rentrer dans un tableau excel, fourni aux organisateurs et aux commissaires par la fédération internationale. Dans ce tableau, une fonction calcule l'indice grâce à trois variables : la température et l'humidité, et aussi la vitesse estimée de la course pour connaître le mouvement de l'air. En effet, Xavier Bigard, le directeur médical de l'UCI rappelle que "le cyclisme se caractérise par une perte de chaleur importante liée à la vitesse de pénétration dans l'air (perte de chaleur par convection dans l'air)". 

Le résultat du WBGT est exprimé en degrés centigrade. Pour évaluer les risques, l'UCI détermine cinq fourchettes d'indices.

WBGT < 15°C : Zone blanche, très faible risque
15°C <WBGT <17,9°C : Zone verte, faible risque
18°C < WBGT < 22,9°C : Zone jaune, risque modéré faible
23°C < WBGT < 27,9°C : Zone orange risque modéré élevé
WBGT > 28°C : risque élevé

En fonction de la couleur de la zone, la réunion peut prendre des décisions parmi les recommandations faites par l'UCI, en s'adaptant à la situation locale. Si les participants à la réunion ne tombent pas d'accord sur une action à prendre, c'est le Président du collège des commissaires qui aura le dernier mot et annoncera sa décision, "dans la limite des lois du pays" dixit l'UCI, avant le départ.

LES RECOMMANDATIONS

Zone verte : "échauffement à l'ombre avec des ventilateurs, protection de la peau par l’utilisation de crèmes solaires non grasses, choix de vêtements de couleur claire". Les équipes vont-elles demander de pouvoir disposer d'un jeu de maillots "couleur claire" si elles ont choisi une couleur sombre pour le reste de la saison ?

Zone jaune : échauffements avec des gilets réfrigérés, distribution de pochons de glaces et approvisionnement régulier des équipes en glace pendant la course.

Zone orange : Adapter la zone de départ pour garder les coureurs à l'ombre avant le départ, protéger du soleil les officiels, le personnel de l'organisation et les bénévoles. Augmenter le nombre de motos fraîcheur et adapter le règlement sur l'ouverture et la fermeture du ravitaillement.

Zone rouge : Modification des horaires de départ et d'arrivée, neutralisation éventuelle d'un tronçon de la course ou de l'étape, voire, son annulation.

En revanche, l'UCI ne donne pas encore de recommandations dans le cas de la pollution de l'air, à partir d'indices calculés. Mais les organisateurs savent s'adapter en fonction de la situation. Ainsi, lors du dernier Championnat du Canada dans l'Alberta, alors que des incendies de forêt géants ravageaient le pays, le règlement prévoyait que les courses serait annulées si "l'indice air santé atteint 8 ou plus", ce qui correspond au Canada à un risque élevé.

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