Artus Jaladeau : « Pour moi, il allait se passer un truc »

Crédit photo Axel Lhôte

Crédit photo Axel Lhôte

Artus Jaladeau a atteint son objectif. Après une belle saison 2023, marquée par cinq succès sur le circuit amateur et une victoire à Morzine sur l’étape du Tour, le désormais ancien coureur de l’OCF Team Legend Wheels a fait le grand saut chez les professionnels. Alors qu’il avait plusieurs contacts pour franchir le Rubicon, le Toulousain, venu sur le tard à la compétition, a choisi pour débuter le CIC U Nantes Atlantique. C’est un garçon très ambitieux qui s’est confié avant le début de saison à DirectVelo. 

DirectVelo : Te voilà chez les professionnels… C’est finalement allé très vite !
Artus Jaladeau : À partir du moment où je me suis lancé là-dedans, c’était pour ce projet. J’y ai toujours cru. Le gros marqueur pour moi, c’est le confinement en 2020. Je ne connaissais pas vraiment le monde du vélo à ce moment-là. Je suis arrivé sur Zwift. J’ai alors connu des mecs comme Stefan Bennett, Boris Orlhac, Florent Castellarnau, Romain Campistrous… J’ai vu le niveau qui me séparait d’eux à l’époque et ça m’a mis une petite claque. Il fallait que j’accélère si je voulais monter en N1. J’étais bientôt à la fin de mes études en 2021, j’avais plus de temps pour rouler. J’ai gagné de suite en 2e catégorie, j’ai obtenu plusieurs victoires. J’avais gardé des liens avec ces mecs, dont Romain qui avait parlé de moi à l’Occitane et j’ai signé là-bas en 2022.

« PAS UN GRAND STRESSÉ »

Quand as-tu compris que tu pouvais passer pro ?
L’an passé, entre le Tour de la Manche et l'étape du Tour. J’y croyais. En mai, on commençait à entendre des noms de coureurs chez les pros, à savoir qui allait aller où… Moi, j’avais les mains vides, je n’avais pas d’agent et je ne voulais pas forcément en prendre un. Je ne savais pas trop comment ça fonctionnait. 

Tu n’étais plus Espoir. As-tu eu peur que ton âge soit un handicap ?
Je ne savais pas du tout comment ça allait se passer mais je ne suis pas un grand stressé… Je restais serein. On était en juin, ce n’était pas non plus la fin de saison. Je me demandais comment ça allait venir. Pour moi, il allait se passer un truc. J’ai demandé à Romain s’il avait des contacts, il a travaillé pour moi derrière. J’ai continué de marcher en gagnant une étape du Beaujolais, le général du Roannais…

Et il y a cette victoire en juillet sur l’étape du Tour (lire ici)...
Je n’avais pas visé cette épreuve. Derrière ma victoire, il y a eu un impact médiatique que je n'avais pas mesuré avant d’y aller. Ça a pas mal joué en ma faveur. Le mec qui gagne, c’est généralement un solide. Il y a notamment Victor Lafay au palmarès. Ça a basculé dans mon sens avec le Roannais et l’étape du Tour.

Et tu signes au CIC U Nantes Atlantique…
J’ai eu la chance de pouvoir choisir. J’hésitais, il y avait plusieurs possibilités, des Continentales françaises, comme St-Michel et un peu Van Rysel, et l’équipe Unibet. J’avais eu la Conti AG2R, ça donnait envie mais finalement ça ne s’est pas fait. Ils ont dit non. J’avais la chance de pouvoir choisir entre Nantes et St-Michel.

« J’AI INVESTI »

Pourquoi Nantes ?
Ça a été la première formation à me proposer un contrat, c’était l’équipe la plus avenante. Axel Clot-Courant est passé par l’Occitane, ça a aussi joué. Pour Unibet, j’avais un peu peur du calendrier et de me retrouver qu’avec des Néerlandais. Je n’ai aucun regret. Chez AG2R, je ne pense pas que j’aurais pu avoir mon propre entraîneur. Là, je bosse avec quelqu’un de confiance, j’ai pu partir un mois en stage avec lui.

Un mois ?
J’ai investi. Je suis parti en Espagne, près de Calpe, avec ma copine, un ami et donc mon entraîneur Mathieu Lambert (également coureur à l’AVC Aix-en-Provence, NDLR). Ça m'a permis de bien borner au soleil et de bien préparer la saison. On sait que c’est compliqué de marcher de suite en passant de chez les amateurs aux professionnels. L’idée n’est pas de tergiverser, j’ai envie de marcher de suite. J'ai bien fait les choses.

Pourquoi avoir pris un entraîneur cette année ?
J’avais toujours bossé tout seul, c’est la première année où je prends un entraîneur. J’aurais pu continuer tout seul mais ça aurait été moins carré. Je voulais me décharger de la gestion de mes entraînements, que ce soit lui qui me fasse le planning et que je n’ai qu’à embrayer derrière. Quand il ne fait pas très beau, c’est plus facile de faire cinq heures quand on te le demande plutôt que de te le dire soi-même. C’est mieux comme ça… J’ai entièrement confiance en lui, ça se passe bien. J’ai posé de bonnes bases avant la saison…

Quelles sont tes ambitions pour cette saison ? 
C’est peut-être un peu idéaliste mais pourquoi pas essayer d’en gagner une dès cette année, même en Classe 1. Sinon, je ne serais pas là. Faire des Top 10, ça serait sympa aussi bien sûr et c’est un objectif peut-être plus réaliste. 

« JE ME DONNE DEUX ANS »

Tu as un discours très ambitieux !
Si moi je n’y crois pas, personne ne le fera à ma place. Je mets tout en œuvre pour y arriver.

Où faudra-t-il t’attendre ?
J’avais coché la Provence car il y avait chaque année une arrivée au sommet mais ça ne sera pas le cas cette fois-ci. Ça sera donc plus compliqué pour moi car ça se fera moins à la patte, il faudra sans doute plus réfléchir. Ça devrait quand même être pas mal pour moi. Tout le début de saison est intéressant. Je devrais enchaîner Marseillaise, Provence, Var, Alpes-Maritimes, Ardèche et Drôme. Ensuite, il y aura l’Alpes Isère Tour, la Mercan’Tour et j’espère qu’ils vont maintenir une étape de montagne à la Route d’Occitanie. C’est sur mes terres…

L’objectif est de monter plus haut dès la fin de saison ?
Je me donne deux ans, comme en Amateur. C’est compliqué de faire le jump en un an. Il faut réussir à encaisser les kilomètres. Je ne serais pas choqué si je n’atteins pas mes objectifs en fin d’année.

Le CIC Nantes n’est pas la réserve d’une équipe pro…
Il n’y a pas de passerelle ProTeam ou WorldTour mais le programme de courses est très intéressant. Je serai dans le très grand bain dès cette année. Nantes a envoyé des coureurs plus haut, c’est une équipe très formatrice. Si ça se passe bien, ce n’est donc pas un problème.

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