Féminines : Un maillot tricolore pour les Amateurs avant une séparation ?

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

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Samedi dernier, Victoire Berteau est devenue Championne de France sur le circuit de Cassel. Pour la première fois depuis 2014, l’épreuve féminine était longue de moins de 100 kilomètres. Certaines des principales concurrentes pouvaient le regretter, mais toutes comprenaient la nécessité de s’adapter à leurs homologues amateurs (lire ici). Interrogé par DirectVelo, Michel Callot, président de la Fédération Française de Cyclisme, a évoqué une éventuelle séparation entre les deux niveaux. "Il y a une réflexion en cours, effectivement. On a adopté une réforme qui va durcir, professionnaliser, le niveau Continental féminin. On va regarder ce que ça va donner sur les effectifs avant de prendre la décision de faire deux courses".

Avant d’organiser deux courses différentes, 2024 pourrait bien être la première année à sacrer une Championne de France Amateur, si la proposition est bien votée. Car pour avoir deux courses distinctes, il y a besoin de davantage de temps. "Il faudra avoir suffisamment de densité, on a besoin de plus de visibilité. Ça amènera aussi à bousculer le programme du Championnat de France. Il faut que ce soit compatible avec l'organisation locale". Car avec les épreuves amateur hommes et féminine du samedi, et la course Elite le dimanche, il faut trouver une place pour, potentiellement, une course amateurs femmes. Et certaines conséquences ne serviraient pas la cause, selon Michel Callot. "Il ne faut pas se précipiter. Il ne faut pas qu'on se retrouve avec un Championnat de France qui dévaloriserait le vélo féminin avec des petits effectifs. La limite est là".

« TROUVER UN COMPROMIS QUI CONVIENT À TOUT LE MONDE »

Néanmoins, le président de la FFC admet qu’il y a davantage de demandes des amateurs pour avoir leur course, que de l’échelon professionnel pour rallonger les distances entre coureuses de l’élite. "C’est mon sentiment, mais je peux me tromper. Les équipes amateurs ne se sentent pas suffisamment valorisées en raison de la difficulté de se battre avec les pros. Quant à la distance, c'est un sujet qu'on doit considérer si c'est une demande des équipes professionnelles. Maintenant qu'on a une commission déléguée, il faut étudier leur demande et trouver un compromis qui convienne à tout le monde". Si la patience est encore le maître-mot, c’est parce que le peloton féminin français est en pleine réforme pour la saison 2024. Puisque les Continentales femmes devront réhausser leur budget pour mettre sous contrat leurs coureuses et leur staff.

Ainsi, certaines Continentales pourraient suffoquer, et vider le potentiel peloton pro. "Je suis conscient des difficultés à mobiliser les budgets qui vont avec. Mais à un moment donné, si on veut parler de cyclisme professionnel, vraiment, alors on doit protéger les athlètes. Et dans cette protection il y a le statut, avoir un vrai contrat de travail, avec le niveau de rémunération, si on veut que ces filles puissent se consacrer pleinement, sans soucis, à leur sport". Avant de parler d’un Championnat de France séparé, Michel Callot préfère mettre le cap sur la professionnalisation. "Peut-être vaut-il mieux avoir moins d'équipes, dans un premier temps, capables de franchir le seuil. Mais le franchir qualitativement. Et petit à petit ça créera une aspiration pour d'autres". Alors si les amateurs ont de fortes chances d’avoir leur maillot tricolore l’année prochaine, il faudra encore patienter pour voir deux courses féminines distinctes.

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