Nicolas Debeaumarché : « Maintenant, advienne que pourra »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

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Nicolas Debeaumarché n’a pas 50 occasions - ni 1000 options - pour briller dans l’année alors à la moindre possibilité, il tâche de ne pas la louper. Le puissant gaillard de la formation St-Michel-Mavic-Auber 93 a réalisé une performance solide, ce dimanche, en terminant à la 11e place d’un Championnat de France Élites qui restera dans les mémoires. Trois mois après son gros numéro sur la Route Adélie de Vitré, l’athlète de 25 ans - ancien sociétaire du SCO Dijon - espère que cette performance tapera dans l’oeil d’une équipe de premier plan, lui qui ne cesse de répéter qu’il rêve de jouer l'équipiers modèle dans une grande structure à l’avenir (lire ici). Entretien avec un garçon qui a clairement montré ce qu’il avait dans le ventre et dans les pattes sur le circuit de Cassel.

DirectVelo : Tu es l’un des 23 survivants du Championnat de France et tu termines même aux portes du Top 10 !
Nicolas Debeaumarché : Je suis content, si on m’avait dit ça ce matin, j’aurais signé. S’il faut chipoter, je dirais que je suis quand même déçu de ne pas être dans les 10 car c’est symbolique et ça se joue pour une place. Mais il ne faut pas oublier le contexte, comme à chaque fois. On ne court pas avec les mêmes armes que d’autres équipes. J’ai vite été isolé et le contexte fait que terminer 11e, c’est déjà pas mal.

« J’AI MÊME CRU QUE MA COURSE ÉTAIT TERMINÉE LÀ, AU BOUT DE DEUX TOURS »

Comment as-tu vécu cette folle journée ?
J’avais vraiment l’objectif d’aller dans l’échappée. Une fois devant, je sais que je peux faire ce que j’aime et m’exprimer. Mais la montée était hyper étroite et quand c’est sorti, je n’ai pas pu y aller. Je suis ressorti à contre-temps et en plus, j’ai déraillé au pied de la bosse. Je suis reparti derrière le peloton… J’ai même cru que ma course était terminée là, au bout de deux tours. Mais je me sentais vraiment bien sur les 120-130 premiers kilomètres, alors qu’on perdait rapidement beaucoup de mecs. Quand les AG2R ont mis en route dans la bosse raide, j’ai senti mes limites. À partir de là, j’ai essayé de bien gérer mon placement. Je m’attendais à un chantier mais de là à ce qu’il y ait 23 mecs à l’arrivée, sur un Championnat de France, l’un des pays où le niveau est le plus dense et homogène… Mais il n’y a jamais eu de temps mort. C’était du full gaz du début à la fin.

Avais-tu la moindre idée de la place que tu étais en train de jouer dans les derniers tours ?
Je le savais, oui, car on me l’a dit sur le bord de la route. Je voyais bien que l’on reprenait des mecs qui étaient morts au fur et à mesure et qu’on ne devait pas être très loin des meilleurs. On a bien collaboré, on a toujours continué à notre rythme. C’était pas mal du tout. Au début, on devait même arriver pour la septième place mais Thibaut Pinot et Matis Louvel nous ont attaqué dans la montée raide. On a continué à quatre (avec Maxime Jarnet, Paul Ourselin et Anthony Perez, NDLR). Faire 10 ou 11, finalement… Vu le mec que je suis, mon gabarit etc, sur plus de 4000 mètres de dénivelé… Ce résultat prouve simplement que j’étais costaud, sans prétention aucune. Pourtant, j’ai passé une semaine compliquée au niveau personnel mais j’ai réussi à bien switcher.

« C'ÉTAIT UN BON RÉVÉLATEUR »

C’est l’occasion de prouver que tu peux avoir ta place au-dessus, toi qui espères rejoindre une WorldTeam ou une ProTeam pour jouer le rôle de solide équipier !
Je prends chaque course avec cette idée en tête, cette motivation de prouver que je peux avoir ma place au-dessus. Je ne cache pas cette envie de découvrir le plus haut niveau en 2024. C’est mon ambition mais aussi celle de l’équipe St-Michel-Mavic-Auber 93, qui espère bien me propulser au-dessus du niveau Conti. Je savais que ce Championnat de France serait difficile et usant toute la journée. Et ça correspond à mes qualités, celles de ne jamais rien lâcher, d’être solide sur la durée, à l’usure. J’avais quand même de l’ambition sur ce Championnat même si peu de monde était au courant (rire). Pourtant, j’avoue que lorsque j’ai reconnu le parcours, je me suis dit que ça allait être vraiment dur pour moi. Mais j’ai répondu présent. J’espère que certains vont voir que je peux être utile dans certaines équipes, que je suis capable d’aider des mecs plus forts que moi. Aujourd’hui, c’était un bon révélateur du niveau et de la caisse de certains coureurs. Maintenant, advienne que pourra.

Il ne te reste plus qu’à espérer avoir été remarqué, et attendre un éventuel coup de fil…
J’espère que ma performance a été vue. Il faut rappeler qu’on ne fait pas la même course que les mecs qui sont devant. Quand tu es toujours dans le dernier tiers du paquet, c’est beaucoup plus dur… Et souvent c’est verrouillé, alors ce n’est pas facile de se montrer. Je peux m’exprimer sur des courses comme celle-ci, quand c’est râpeux, qu’il faut être besogneux, ne jamais lâcher le morceau. Des courses comme celle-là, il y en a assez peu. C’était le cas ce dimanche. Avec le mental et la bonne condition, ça l’a fait, c’est cool.

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