Anthony Ravard : « Prêt à former pour n’importe quelle équipe »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Deuxième saison professionnelle pour le Team CIC U Nantes Atlantique, qui n’a pas réussi à décrocher un succès pour la première année en Continental. Mais malgré tout, les protégés d’Anthony Ravard ont été loin d’être ridicules. Souvent placés, il n’aura manqué que quelques détails pour lever les bras. La tâche est alors toute trouvée pour cette deuxième année. Mais il faudra composer avec un effectif largement renouvelé, avec pas moins de neuf recrues. Certains seront même suivis de près par des structures WorldTour, Nantes aura ainsi la lourde tâche de les propulser vers le niveau supérieur, comme la Continentale l’a fait avec Louis Barré, parti chez Arkéa-Samsic, et Axel Mariault, envoyé du côté de Cofidis. Anthony Ravard est revenu avec DirectVelo sur l’hiver et les nouveaux éléments qui ont intégré l’équipe, ainsi que la saison qui attend le Team CIC U Nantes Atlantique.

DirectVelo : Quel bilan fais-tu de cette première année chez les pros ?
Anthony Ravard : Le bilan est plus que correct, pour une première année on a su tenir notre rang. Certes on n’a pas gagné, mais quand on est en troisième division c’est plus difficile en Classe 1 et ProSeries face aux WorldTeams. Il y avait un gros niveau dès le début de saison, il y avait à chaque fois des plateaux très relevés. Parfois on a quand même joué les premiers rôles comme Axel Mariault au Tour du Doubs, où ils sont onze avec deux de chez nous. Il y a les échappées de Maël Guégan et Léo Danès, Manu Morin a été régulier en CDF, on finit d’ailleurs première Conti. Donc il y a beaucoup de satisfaction, l’objectif est de faire passer les coureurs au dessus et on l'a fait avec Louis Barré et Axel Mariault, donc le bilan est positif.

« AMENER UN CÔTÉ INTERNATIONAL »

Quel a été le projet du recrutement cet hiver ?
Toujours dans cette idée d’académie du cyclisme, former les futurs athlètes à devenir des futurs champions. Je pense à Noa Isidore, Hubert Grygowski, Enzo Briand, Enzo Boulet, Nolann Mahoudo... Ils fondent nos espoirs et font partie de cette philosophie de double projet. Puis il faut de l'expérience. L'année dernière, on avait un budget limité à un petit million, on a trouvé 1,4 million cette fois donc on monte à quatorze coureurs pour passer de 70 à 100 jours de courses, avec les courses U23 et Classe 2 pour le développement. Il faut quand même assurer derrière le calendrier Classe 1 et ProSeries. Pierre (Barbier) n'avait rien, il a 25 ans et est là pour rebondir, donc on est là pour servir de tremplin, il doit faire un aller-retour. Il m'avait contacté dès l'arrêt de B&B Hôtels, il nous manquait le côté financier donc on a été chercher des partenaires chacun de notre côté pour payer son salaire, et ça a été fait pour le payer en intégralité.

Nouveauté cette année, plusieurs coureurs étrangers sont arrivés dans l’équipe…
C'était une volonté de notre part d'amener un côté international. Ce sont des méthodes et une culture différentes. C’est enrichissant pour le staff comme pour les coureurs. L'académie est aussi un mélange de cultures, de langages. On parle plus anglais, ils apprennent le français etc. Donc c'est toujours important d'avoir cette expérience-là en plus, mais ce n'est pas que pour ça. Hubert Grygowski était l'un des meilleurs Juniors, il a excellé malgré une grosse chute en début de saison. Rasmus Pedersen est Champion U23 au Danemark, Lucas Bourgoyne est passé par Locminé, on connait ses valeurs au sprint et il a prouvé sa résistance dans le grand Ouest. Et Robin Plamondon sort des Espoirs, c'est un clin d'œil à notre partenaire Premier Tech qui est canadien, il manquait un grimpeur donc ça rentrait dans les cases, il est solide aussi.

« C’EST GAGNANT-GAGNANT »

Certains coureurs sont malgré tout suivis par des équipes du niveau supérieur. Quel est le but de la manœuvre ?
C'est notre objectif de former les champions de demain donc on travaille en collaboration avec les équipes, à leur service. J'avais été voir des managers pour proposer ce service. C'est une sécurité pour eux aussi, ils voient leur coureur avoir un vrai programme, montrer leurs capacités. Et nous, on les fait grandir doucement. La recette est de travailler en intelligence. Qu’est-ce qui est le mieux ? Est-ce que c'est d'avoir une réserve qui coûte 1,5 ou deux millions, ou est ce qu'il vaut mieux avoir des coureurs distillés dans des équipes et les former pour eux ? C'est la question. Mais nous, ça nous va bien comme ça (sourire).

Qui est concerné par cet accord ?
Il y a Hubert Grygowski avec Arkéa, la logique est qu'il y aille après. Il y a Noa Isidore avec AG2R Citroën, Nolann Mahoudo devait être suivi par B&B Hôtels mais ça s'est arrêté… Donc on le dit clairement, on est prêt à former pour n'importe quelle équipe. L'idée est d’avoir tous types de coureurs, les voir performer, surtout qu’il y a des coureurs talentueux qui sortent des Juniors et qui s'adaptent très vite au niveau Classe 2, à nous de bien les former, les polir. C'est gagnant-gagnant, on a un deal avec les équipes, et derrière il y aura un échange de bons procédés.

Les équipes qui les suivent ont des exigences ?
On est libre du calendrier de l'athlète. On est là pour les former, en général ils ont un entraineur à côté, mais pas forcément. Mais on garde cette liberté sur la proposition du calendrier, sur les stages. Ils sont salariés de Nantes avant tout donc on les forme et on verra pour la suite.

« SI MANU ET PIERRE TRAVAILLENT EN INTELLIGENCE… »

Puisque tu évoques le calendrier, tu parles des jours de courses qui passent de 70 à 100, quelles épreuves vont être ajoutées ?
À l'étranger, on va faire Gand-Wevelgem Espoirs seulement. On a un calendrier Classe 2 et U23 dense. On va aller aux Plages Vendéennes le premier week-end, histoire de faire rentrer nos jeunes sur une Elite, ils en feront aussi en individuel. Selon leur évolution et la maturité, on verra sur un calendrier Classe 2 et U23 mais aussi en Classe 1 et ProSeries selon leurs capacités. Dans les ajouts, il y a le Tour de Bretagne, ça nous tient à cœur avec une étape en Loire-Atlantique. Il y a Paris-Roubaix U23, le Tour d’Eure-et-Loir, on va retourner au Kreiz Breizh aussi, ou encore Paris-Tours U23 où on veut mettre une équipe en plus de la course pro. On va faire aussi le Tour des 100 Communes en plus de Lillers.

L’objectif de la saison sera à nouveau d’aller chercher une victoire ?
L'objectif est de consolider le projet, faire passer des coureurs, et donc décrocher ce premier succès chez les pros. Si Manu (Morin) et Pierre (Barbier) travaillent en intelligence… Ils ont un profil différent. Manu est plus puncheur et sprinteur, et Pierre pur sprinteur. Donc quand ce sera difficile Manu sera à son avantage et quand le final sera plus plat sans bosses, ce sera plus pour Pierre. Ce sont eux qui sont sur le vélo, donc c’est à eux de bien travailler pour que ça puisse tourner et lever les bras. Et puis il y a des coureurs comme Jordan (Jegat) qui, vu la progression, pourront jouer les premiers rôles.

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