Clément Venturini : « Celui-là a une grosse valeur »

Crédit photo Clémence Ondet

Crédit photo Clémence Ondet

Le maillot est de retour sur ses épaules, pour la cinquième fois. Si le titre de Champion de France était revenu à Joshua Dubau l’année passée, Clément Venturini a retrouvé les trois couleurs (voir classement). Cette fois, ce n’était pas avec Joshua Dubau qu’il fallait lutter, mais c’est Fabien Doubey qui a donné du fil à retordre au coureur d’AG2R Citroën Team. Même si la décision a pris du temps à se faire, il s’en est sorti, et c’est bien l’essentiel. Clément Venturini est revenu avec DirectVelo sur ce nouveau sacre, et plus globalement son retour petit à petit dans les sous-bois, lui qui n’avait pas autant couru en cyclo-cross depuis l’hiver 2016-2017.

DirectVelo : Le maillot est de retour sur tes épaules, pour la cinquième fois, comme Dominique Arnould…
Clément Venturini : Il ne m'appartient pas (sourire) ! Il a été fièrement porté l'année dernière mais je suis fier de le reporter cette année. Je ne me bats pas pour les stats, mais c'est toujours bon à prendre. Je suis fier d'égaler Dominique Arnould qui est parfois derrière moi en directeur sportif, même si on n'est pas dans la même équipe, mais il est toujours présent dans le milieu.

Tu as mis du temps à t’assurer ce titre…
Un peu à l'image de 2016 où j'avais du mal à distancer Francis Mourey, et ça s'était fait dans le dernier tour (il avait alors été finalement battu par le Franc-Comtois, NDLR). Le parcours était plus technique qu'en 2016, j'ai pu voir qu'il y avait un gros enchainement et je n'étais pas trop rassuré à ce niveau-là. J'ai vu que la ligne d'arrivée était dure à atteindre donc c'est ce qui me motivait, il ne fallait rien lâcher jusqu'au bout. Fabien m'a malmené dans ces parties mais je n'ai rien lâché. La course dure une heure donc il faut se battre jusqu'au bout. Je ne classe pas les cinq titres, mais celui-là a une grosse valeur quand même !

Pourquoi ?
Ce n'est pas tous les jours facile, je n'ai peut-être pas gagné avec 45 secondes comme j'ai pu faire à Flamanville... mais il y a les adversaires, tout ce qu'il y a en amont et plein d'autres raisons. Je suis bien content de rajouter des couleurs à mon maillot blanc d'AG2R Citroën.

« LA ROUTE ME FAIT PROGRESSER MAIS AUSSI PERDRE MES QUALITÉS »

Tu n’as pas attendu le sprint, malgré ton avantage dans ce domaine…
Physiquement j'ai vu que j'avais un peu d'avance sur lui. Mais je n'arrivais pas à le distancer. Autant sur la route j'aime bien attendre le sprint, autant en cyclo-cross j'ai horreur de ça. Si je peux faire la différence dès le premier tour je ne me gêne pas. Là j'ai vu que c'était compliqué, je me suis battu. J'ai vu qu'il baissait un peu de régime donc j'ai gardé un bon tempo. La route me fait progresser mais aussi perdre mes qualités. Encore aujourd'hui je vois que je n'aurais pas été dérangé s'il y avait plus de tours, mais par contre je n'arrivais pas à finir à fond comme je pouvais faire avant. Je fais du cross aussi pour retrouver cette tonicité, ce niveau d'intensité qu'on a du mal à travailler sur route.

Avais-tu des repères sur tes adversaires ?
Je ne savais pas où me situer par rapport à la concurrence française. Je me suis simplement battu avec David Menut et Mickaël Crispin à Zonhoven. Mais je n'ai pas été confronté à Joshua pendant l'année, je ne connaissais pas son niveau, ni celui des autres. Il y avait beaucoup d'excitation, j'avais hâte d'y être.

Ce maillot est aussi un moyen de rendre la pareille à AG2R Citroën ?
Vincent (Lavenu) était encore avec nous ce matin, c'est une petite pression. J'ai un mécano, un assistant, un camping-car, pendant un mois et demi. C'est un investissement financier donc c'est un beau retour que je peux faire à travers ce maillot. Mais j'essaye de faire abstraction de ça au départ, c'est une course de vélo, ce n'est pas gagné d'avance. Je suis heureux de revêtir ce maillot pour toutes ces raisons.

« CE N’EST PAS LA FACILITÉ »

C’est un bon moyen de regagner des courses, sachant que sur route tu n’as plus gagné depuis 2018…
Je me suis un petit peu perdu ces derniers temps, j'arrivais à gagner des courses auparavant, cette année un peu moins. Mais on peut voir que le niveau est très, très haut et il ne reste qu'une minorité de coureurs capables de gagner, on a des rôles à jouer. Il y a des leaders comme Benoit (Cosnefroy) ou autre, donc je prends plaisir à me sacrifier pour quelqu'un sur la route. Mais je préfère être dans le camping car à manger des pâtes que faire un brunch un dimanche à la maison. Ce n'est pas la facilité, mais c'est comme ça que je vois les choses.

Quel rôle joue le cyclo-cross ?
À l’entrainement, on ne pourra jamais simuler tous les cyclo-cross que j'ai faits en Belgique. Sur la route je retrouve un coup de pédale assez sympa. Le cyclo-cross, ça porte, mais ça en fait perdre aussi, c'est la route qui donne de la force, tout est complémentaire.

Un coureur amateur s’est montré critique envers les professionnels qui viennent disputer le Championnat de France. Comprends-tu ces remarques ?
D'accord... Il faudra s'adresser à la FFC pour créer un Championnat pro où on sera trois au départ et un Championnat amateurs. Pour ma part, ça ne me concerne pas.

AVEC L’ÉQUIPE DE FRANCE, « JE M’ÉTAIS RETROUVÉ »

Le Championnat du Monde approche…
Il reste trois semaines, demain je prends l'avion pour l'Espagne pour une semaine avec l'équipe. Puis après il y a une semaine avec les Bleus où ça va être un peu à l'image des années Juniors, on se retrouve avec l'équipe de France. Je m'étais vraiment épanoui toute la semaine en Amérique l'année dernière, je m'étais retrouvé, j'ai passé du bon temps. J'avais un peu perdu ça. Joshua peut confirmer, on avait passé une bonne semaine. Je suis impatient de les retrouver, avant Besançon et le Mondial si je suis sélectionné.

Tu évoques ce temps passé en équipe de France. Les jeunes, justement, te donnent aussi souvent en modèle…
L'année dernière j'étais à la même hauteur que les Juniors, je pense. C'était même moi qui me trouvais petit Junior qui découvre l'équipe de France. Donc c'est plaisant pour tout le monde, je ne suis pas de nature à me mettre en avant, je suis un peu réservé, un peu timide. Certains diront peut-être que j'ai la grosse tête, mais ceux qui me connaissent savent que je suis du genre réservé. Je suis hyper ouvert pour donner des conseils à qui que ce soit.

Que penses-tu du site de Hoogerheide ?
Hoogerheide est un très beau circuit, les conditions météo feront le parcours car ça peut changer du tout au tout. C'est un rituel, tous les crossmen connaissent ce parcours par cœur. Il peut faire -10°C et c'est une autoroute, comme ça peut être très lourd. J'avais fait 4e sur une Coupe du Monde, mais j'avais moins réussi un Championnat du Monde Espoirs.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Clément VENTURINI