Sans le Stab', Oscar Caron ne serait pas là

Crédit photo Philippe Pradier

Crédit photo Philippe Pradier

La détection marche encore. Oscar Caron, six titres de Champion de France sur piste à 19 ans, en est un bon exemple. "J'ai été détecté par le Comité Nord à Grande-Synthe en Cadet 2. Il y avait des tests chronométrés en sprint et en contre-la-montre", rappelle-t-il à DirectVelo. Celui qui va participer au Championnat de France à Roubaix dans le vélodrome du Stab' à partir de mercredi  n'aurait jamais pensé en être rendu là quand il commençait à accompagner son père dans ses sorties dominicales à vélo. Oscar Caron ne vient pas d'une famille de sportifs. Mais le vélo lui plait plus que les sports qu'il pratiquait le mercredi, l'athlétisme et le tennis.

LE TEST DE DÉTECTION DU COMITÉ DU NORD

Pour trouver un club en Minimes 1, il va au plus près, au VC Roubaix. "Mais la compétition ne m'intéressait pas trop. Rouler le mercredi et le dimanche me suffisait". Et chez les Cadets, il veut bien courir mais pas trop loin. "J'étais placé, je terminais dans le Top 10 mais je ne savais pas courir, j'en faisais trop". Mais après les tests de détection du comité du Nord de 2019, il va falloir pousser jusqu'en Seine-et-Marne pour disputer la Coupe de France Cadets à Montdauphin. "Je termine 5e du contre-la-montre et dans les derniers de la course en ligne (74e sur 99, NDLR)". Pour la manche piste de l'interrégion, en revanche, il court à domicile, à trois kilomètres de chez lui au Stab'. "J'en faisais déjà en parallèle de la route, je roulais dans les créneaux publics car c'était sympa de rouler au chaud". C'est sa première compétition sur piste et le poulain de Jordan Alves, son entraîneur, va faire chauffer les chronos. Il signe le meilleur temps du 250 mètres et avec ses camarades nordistes, il remporte la vitesse et la poursuite.

Suite logique, il est sélectionné par le comité des Hauts-de-France pour participer au Championnat de France à Saint-Quentin, sa deuxième compétition sur piste. Oscar Caron devient double Champion de France de vitesse, individuelle et par équipes. Et contre le chrono sur 500 m, seul Matthieu Gourguechon, un autre pistard des Hauts-de-France, le devance. L'année suivante, en 2020, il revient à Saint-Quentin mais d'abord pour l'école. "J'ai déménagé pour les études. Je suis rentré  dans une école d'ingénieurs à Montigny-le-Bretonneux juste à côté du vélodrome. Je m'entraînais pendant les créneaux du grand public". Mais le coronavirus ferme les portes du vélodrome national. "Le Covid m'a gêné, tout était fermé mais à la fin de l'année la forme est revenue". Et en 2021, ce ne sont plus deux mais quatre titres de Champion de France qu'il empoche à Bourges dans toutes les disciplines du sprint.

« MA PRIORITÉ RESTE LES ÉTUDES »

En 2022, le coureur de 1,85 m a fait ses débuts chez les Espoirs. Il intègre aussi le pôle France olympique de Saint-Quentin grâce à un aménagement de son emploi du temps scolaire. "Après mes deux années de prépa intégrée, je vais pouvoir faire ma troisième année sur deux ans". Le Nordiste ne perd pas la boussole et ne veut pas lâcher la proie pour l'ombre. "Ma priorité reste les études", affirme-t-il. Et au moment du Championnat d'Europe Espoirs à Anadia à la mi-juillet, il avait encore dans les pattes ses partiels qui lui ont bouffé de l'influx. "Je pouvais faire des watts sur 10-15 secondes mais je n'avais pas d'explosivité". Au Portugal, Oscar Caron a pu mesurer ce qui lui manquait par rapport à ses adversaires de son âge. "Le physique me manque. Je vois qu'il me manque de l'entraînement". En revanche, il n'est plus le Cadet qui n'avait aucune science de la course. "Tactiquement, je sais courir. La preuve, en quart de finale, j'ai sorti un Anglais qui était plus rapide que moi au 200 mètres, au forceps, en deux manches et une belle". Au final, il se classe 4e du tournoi de vitesse individuelle et par équipes.

Au Pôle France de Saint-Quentin, l'athlète de 19 ans empile d'abord les briques. "Depuis la rentrée, j'ai fait de la musculation, de la PMA sur route pour poser les bases. Au pôle, ils veulent d'abord poser les fondations". Il se définit lui-même comme "polyvalent. Au Championnat d'Europe, en vitesse par équipes j'étais en 3 mais avec plus de jus pour être explosif, je peux être démarreur".

« UN BÂTIMENT TRÈS LUMINEUX »

Le Nordiste aborde le Championnat de France sur la lancée de deux Grands Prix disputés en décembre, encore une fois, à Anadia, alors que son objectif principal de 2023 sera le Championnat d'Europe Espoirs au mois de juillet... dans le vélodrome portugais. "À Anadia, il y avait un tournoi de vitesse et un de keirin chaque journée. Ils m'ont permis de relancer la machine et prendre des marques avec le braquet. J'arrive avec une forme correcte, ça sera toujours des indications pour la suite".

Au Championnat de France, le sociétaire du VC Roubaix sera donc en terrain connu. "C'est un bâtiment très lumineux, on ne se sent pas oppressé, apprécie-t-il. La piste est belle mais particulière. C'est une piste amusante. J'ai toujours du mal au passage entre le virage et la ligne droite, c'est assez serré".  Oscar Caron sait ce qu'il doit à cette piste couverte. "Sans le Stab', sans le comité du Nord, sans celui des Hauts-de-France, je serais encore à rouler le dimanche matin". Dimanche prochain, il luttera pour le titre du keirin avec deux dossards dans le dos.

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