Steve Chainel : « Ça fait drôle »

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Avec Steve Chainel, l’organisation du cyclo-cross de Troyes avait le meilleur VRP possible auprès du maire de la préfecture auboise. “Ce circuit vaut celui d’une Coupe du Monde”, a glissé samedi, le Vosgien à François Baroin avant la cérémonie protocolaire. Après quelques minutes de discussions, les élus présents ont tenu à faire une photo souvenir avec le coureur du Cross Team Legendre. À Troyes, il a disputé la dernière Coupe de France de sa carrière, 25 ans après sa première participation chez les Cadets. À l’issue du podium final, où il a été mis à l’honneur, et avant de partager un verre avec ceux qui le souhaitaient - soit une bonne cinquantaine de personnes - au parking où étaient garés les véhicules de son équipe, il a pris le temps de se confier à DirectVelo

DirectVelo : Comment s’est déroulée cette dernière manche de Coupe de France de ta carrière ?
Steve Chainel : Honnêtement, je l’ai préparée comme toutes les autres manches, avec simplement l’envie de bien faire. C’est pour ça qu’à la fin, il y a plus de déception que de joie de finir car très honnêtement, j’étais bien aujourd’hui (dimanche), bien mieux qu’hier (samedi) en tout cas, où j’avais été pas mal bousculé et où j’ai eu un problème mécanique qui m’a mis très loin. Cette fois-ci, il y a eu un accrochage avec un autre coureur en début de course. Il n’y a pas de problème, ça fait partie du jeu, mais quand ce n’est pas fair-play…

C’est-à-dire ?
Épaule contre épaule pour se faire une place, d’accord, mais mettre l’épaule pour vraiment dégager l’autre… Bon, je sais que ça se fait à l’étranger mais moi je n’ai jamais utilisé cette méthode-là. C’est comme ça. Je ne suis pas rancunier mais je n’oublie pas pour autant, alors qu’il fasse attention la prochaine fois, quand même. Après, tant pis pour moi. Je n’avais qu’à être en première position si je ne voulais pas être gêné. Mais il faut quand même prendre conscience qu’une course, ça dure une heure. D’ailleurs, il a eu un problème mécanique par la suite… C’est peut-être le karma. De mon côté, je voulais bien finir. Je pense très honnêtement que j’avais les jambes pour faire au moins un Top 10 (voir classement), j’en suis même persuadé mais c’est comme ça.

« SI J'ÉTAIS CONTENT QUE ÇA ARRÊTE… »

Et au niveau collectif ?
On ne rentre pas bredouille, loin de là. Rémi (Lelandais) remporte la Coupe de France Espoirs, Loris (Rouiller) termine 2e de la manche et 2e du général chez les Élites, Noé (Castille) finit aussi sur le podium en Espoirs… La Coupe de France, c’est l’un des fils rouges de la saison. C’était important pour l’équipe et pour moi. Malheureusement, je n’ai pas pu décrocher le moindre podium. J’ai raté le coche plusieurs fois, sans doute à Nommay et peut-être aujourd’hui. C’est la course, c’est le vélo… Mais je suis déçu car je suis un compétiteur. Si j’étais content que ça s’arrête, j’aurais fait une tournée d’adieu sans tout donner mais ce n’est vraiment pas mon but.

Et maintenant ?
Je vais aller à Dublin, sur la prochaine manche de Coupe du Monde, pour tenter de décrocher mon Top 20 (quota pour une sélection au Championnat du Monde, NDLR) et faire du mieux possible. À chaud, je suis déçu, mais je sais que ma copine et mes parents sont heureux que ça se termine. Je vais pouvoir me concentrer à bloc sur d’autres choses. Mais j’aimerais pouvoir finir cette saison en beauté et il me manque encore un podium ou une belle victoire.

« JE N’EN REVIENS MÊME PAS »

Ton fils, Caliste, a participé cette saison à la Coupe de France Cadets. Qu’as-tu ressenti en le voyant disputer les différentes courses ?
Ça fait drôle. Quand j’étais jeune, on me disait de profiter car ça passe vite et, clairement, je me foutais de la gueule des anciens, un peu comme certains doivent se foutre de la mienne maintenant, j’imagine. Mais c’est vrai que les années passent à une vitesse incroyable alors il faut profiter un maximum. Je n’en reviens même pas d’avoir fait 25 années de Coupe de France, 20 Championnats du Monde, avec toujours la même envie de représenter mon pays, de me faire mal à l’entraînement. J’ai certainement été économisé pendant mes années pros car je n’ai pas honte de dire que je n’ai sans doute pas été le plus sérieux au niveau du volume horaire pendant toutes ces années, je le sais très bien. C’est après coup qu’on se rend compte qu’on a fait des erreurs. Et d’un autre côté, c’est peut-être pour ça que je suis encore sur le vélo. Mais c’est fou de me dire que j’ai 39 ans… J’ai toujours la même niaque, la même « pompe »…

Lors du dernier Championnat de France de Francis Mourey, tu avais dit qu’il laisserait une trace énorme dans l’histoire du cross français. Quelle image penses-tu, à ton tour, laisser à la discipline ?
Je ne le sais pas, ce n’est pas à moi d’en juger. Ce qui est certain, c’est que des garçons comme Francis, John (Gadret), Arnaud Labbe, Jean-Yves Plaisance, Christophe Morel, André Dufraisse ou Christophe Mengin ont marqué l’histoire du cross. De mon côté, je n’ai pas un palmarès énorme. Bon, j’ai fait 4e d’un Championnat du Monde, j’ai été médaillé au Championnat d’Europe, j’ai été Champion de France, d’accord, c’est bien mais après… Ce qui est sûr, c’est que j’ai toujours été un passionné et que je ne calcule pas. Je ressens un devoir de transmission vis-à-vis de tous ceux qui m’entourent. 

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