Léa Curinier : « Je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Sa saison 2022 s’est arrêtée subitement et violemment sur un bord de route, en pleine descente et à très haute vitesse, au nord de Valladolid, en plein cœur de l’Espagne. Victime d’une lourde chute lors de la Vuelta, seule, sans qu’elle n’ait jamais véritablement pu comprendre ce qu’il lui était arrivé, l’Ardéchoise de 21 ans a, depuis, dû faire preuve de beaucoup de patience pendant sa convalescence. DirectVelo a pris des nouvelles de la sociétaire du Team DSM, qui vient tout juste de reprendre la pratique du cyclisme, huit semaines après sa chute. Entretien.

DirectVelo : Tu es lourdement tombée sur les routes du Tour d’Espagne le 10 septembre dernier. Comment vas-tu depuis ?
Léa Curinier : Ça a fait huit semaines samedi dernier. J’ai passé sept semaines à ne pas pouvoir faire grand-chose car il fallait attendre que tout se remette en place. Au début, j’avais pas mal de contusions, un peu partout. J’ai d’ailleurs encore une plaie à l’épaule qui a eu du mal à cicatriser. Sur le coup, il était même question qu’il faille passer par une greffe de peau. C’était envisagé mais ce risque a ensuite été écarté. Mon corps a bien réagi, il y avait juste besoin de temps. J’ai passé les deux-trois premières semaines en béquilles, c’était compliqué. Ensuite, j’ai pu commencer à marcher, tout doucement et en faisant attention à l’endroit où je posais le pied, une fois qu’on m’a retiré l’attelle. Maintenant, je peux enfin reprendre sérieusement les séances de kiné et commencer à me remuscler la cheville et la cuisse. L’idée est évidemment de pouvoir rééquilibrer les deux côtés. Surtout, je viens enfin de remonter sur mon vélo à l'entraînement ! Pouvoir bouger me fait, en tout cas, beaucoup de bien car rester dans le canapé à ne rien faire, ce n’est pas vraiment mon truc (sourire).

Revenons à cette chute : que s’est-il passé ce jour-là ?
On venait de commencer l’étape, après un long fictif. Il y a tout de suite eu une petite montée de deux kilomètres et une fille m’est rentrée dedans. J’ai dû changer de vélo et je me suis retrouvée à chasser dans les voitures. J’étais en pleine ligne droite, à près de 80 km/h, quand tout d’un coup, alors que j’étais à cinquante mètres de rentrer sur la queue du peloton, j’ai été projetée par-dessus le vélo. Je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé… J’ai sûrement dû prendre un trou, je ne vois pas d’autre explication.

« JE ME SUIS SACRIFIÉE À 100% »

Et cette chute a été violente avec cette fracture du péroné…
J’ai tapé la tête, ce qui m’a fait peur au début. J’ai quand même eu un traumatisme crânien et une entorse au niveau des cervicales. J’ai tout de suite senti une grosse douleur au niveau de la cheville. On connaît la suite… Il a fallu faire preuve de patience mais le plus dur est passé.

Tu as donc mis fin à ta première saison au niveau WorldTour, avec l’équipe DSM, sur cet incident…
Ça a été un gros coup derrière la tête car j’étais sélectionnée pour le Championnat du Monde en Australie avec les Élites. On n’a pas ce genre d’occasion tous les ans et j’aurais adoré y aller. Mais j’ai vite relativisé car ça aurait pu être plus embêtant. Tout le monde m’a dit que ça allait me rendre plus forte pour les années à venir.

Que retiendras-tu de cette année 2022, au-delà de cette malheureuse chute ?
C’était quand même une belle saison. Au niveau des résultats, bien sûr, je n’ai pas fait grand-chose et les gens pourront toujours dire que j’ai été moins bonne que l’année passée (chez Arkéa, NDLR). Mais les attentes étaient différentes et plus importantes. J’avais un rôle d’équipière auprès de Juliette (Labous) notamment et j’ai énormément appris sur le fonctionnement de l’équipe, l’aspect tactique en course etc. J’ai passé toute l’année à me mettre à bloc pour le collectif, je me suis sacrifiée à 100%.

« LE TOUR, J'ESPÈRE VRAIMENT POUVOIR Y ÊTRE »

Penses-tu pouvoir retrouver la compétition dès le début de saison 2023 ?
Pour le moment, il est encore trop tôt pour le dire. Je ne me suis pas fixé d’objectif de date de retour. Je compte profiter du mois de novembre pour reprendre mes automatismes sur le vélo. Le but n’est pas d’aller trop vite et de faire une rechute dans deux semaines. C’est encore frais, je dois faire attention avec ma cheville et y aller petit à petit. Mais une fois que je reprendrai, je serai ambitieuse. J’espère avoir ma chance sur certaines courses désormais. Je me considère d’abord comme une grimpeuse et j’aimerais, maintenant, pouvoir accompagner Juliette sur les plus belles courses du calendrier.

Y compris le Tour de France ?
C’est le but. Y participer est un objectif. Le Tour, j’espère vraiment pouvoir y être, je vais travailler pour. Quand on voit qu’il y aura une arrivée au Tourmalet, ça donne envie.

Outre Juliette Labous, tu vas désormais côtoyer une autre Française dans l’équipe en la personne d’Eglantine Rayer !
C’est vrai qu’on est maintenant cinq Français chez DSM, avec aussi les deux Romain (Bardet et Combaud, NDLR). C’est cool, ça fait plaisir. Je sais qu’Eglantine est un sacré talent, notamment en montagne, elle encore. Vu ce qu’elle a montré lors de ses deux saisons chez les Juniors, ça promet. À moi de revenir désormais, doucement mais sûrement.

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