L'équipe de France mise sur la chaleur humaine

Crédit photo DirectVelo

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La température commence à monter au vélodrome national à une semaine du début du Championnat du Monde sur piste. Les liserés arc-en-ciel font déjà le tour des banderoles qui encerclent la piste de Saint-Quentin-en-Yvelines. Il n'y a pas que la décoration qui prend les couleurs du Championnat du Monde. Du côté de l'équipe de France, la préparation est centrée sur le plus grand objectif de l'année, avec dans un coin de la tête les Jeux olympiques qui auront lieu dans le même lieu dans deux ans.

« L'AVANTAGE DU TERRAIN »

"Pour les athlètes et pour le staff, ça nous permet de vivre ce qui va nous attendre au moment des Jeux, ça passe aussi par la conférence de presse, on sent que quelque chose d'important va arriver après ces Championnats du monde", note Florian Rousseau, le directeur du programme olympique de la FFC. Cette répétition générale touche tous les domaines. "Beaucoup d'athlètes n'ont pas vécu de grand Championnat du monde avec une telle intensité. Il y a eu Roubaix l'an dernier mais post-JO, là on revient dans un contexte plus classique, après le covid, il y a eu plus de compétitions, de confrontations au niveau international".

Pour l'ancien Champion olympique du kilomètre, la mise dans l'ambiance fait partie de la préparation de 2024. "Comme au football, quand on joue à domicile, on dit qu'on a l'avantage du terrain. Ça peut aussi créer davantage de pression ou de tension. Mais j'y vois des opportunités pour les athlètes de vivre un événement d'une telle intensité dans le futur vélodrome des Jeux. On se souvient tous des Championnats du Monde de 2015, c'était un succès dans tous les sens du terme, avec la ferveur du public". Valentin Tabellion ne fait pas partie des vétérans de 2015 mais il était présent l'an dernier à Roubaix. Il a pu déjà goûter à l'ambiance à domicile. "Il y avait moins de spectateurs mais il y avait du public pour nous pousser, là ça sera plus grand".

Un Championnat du Monde réussi pour l'équipe de France "passe par des podiums, indique Florian Rousseau, mais l'enjeu global de la fédération en matière d'organisation est de remplir les tribunes". À une semaine de l'ouverture, "nous serons quasiment à guichets fermés le week-end et en moyenne à 70% de remplissage sur tout le Championnat", précise Nicolas André, directeur des activités sportives à la FFC. Le "douzième homme" du football peut aussi aider les pistards. "J'aimerais que ce soit une vraie communion avec le public. Sur un vélodrome, le public, ça pousse quand même et ça aide dans la dernière ligne droite", admet Florian Rousseau. Cette poussée, Thomas Denis, Champion d'Europe de poursuite par équipes dans ce lieu en 2016, l'a ressentie. "C'est un très gros avantage, ça nous pousse dans nos derniers retranchements, c'est ce qui va nous faire décrocher de belles médailles, je l'espère".

« ON NE S'EMBALLE PAS NON PLUS »

Les médailles, les maillots, l'équipe de France en a décroché une bonne moisson à Munich cet été au Championnat d'Europe. "Il faut les replacer dans le contexte sans dévaloriser les performances des athlètes. Le Championnat du Monde est une étape plus élevée, l'objectif de toutes les nations", modère Florian Rousseau. Et en vue de 2024, l'objectif sera même double. "À moins de 700 jours des Jeux, les nations viennent aussi prendre de l'information, les derniers repères avant de préparer les Jeux". Rayan Helal y voit une conséquence sportive. "Les étrangers voudront aller le plus loin possible dans les tournois en vitesse et en keirin. Ici il y a de longs virages, ça peut doubler plus vite, plus tôt, la piste est plus large".

Florian Rousseau ne veut pas se tromper de ligne d'arrivée. Les résultats de Paris 2024 effaceront vite les médailles ou les échecs de Saint-Quentin-en-Yvelines 2022. "Le bilan quantitatif et qualitatif, on le fera à l'issue des Championnats du monde, voir où se situent nos athlètes par rapport aux meilleurs mondiaux en 2022, ce qui donnera du sens pour faire bouger nos projets de performance et accompagner nos athlètes jusqu'en 2024. Pour ceux qui ne feront pas de médaille, ce sera le moyen de se situer par rapport à la concurrence internationale, l'écart à la médaille, ce qui a fait défaut dans ce moment de compétition, pour s'interroger, retravailler et se fixer des caps un peu différents pour certains athlètes". Rayan Helal, lui aussi, garde son sang-froid. "On ne s'emballe pas non plus. On prend comme un plus que ce soit à la maison mais il ne faut pas que ça se transforme en pression négative. La préparation ne se termine pas après le Championnat du monde de "SQY". Il faut utiliser cet engouement à bon escient, avec plus de journalistes et les spectateurs français, comme expérience pour les Jeux olympiques".

Le Championnat du Monde, comme toute compétition, reste indécis et Florian Rousseau en est bien conscient. "Le sport, ça gagne, ça gagne pas, ça reste des émotions très, très fortes, de joie mais aussi de déception, ça fait partie du sport. On travaille pour avoir le maximum de joie. Le sport doit rester joyeux, même si on a des déceptions, on a beaucoup de chance de travailler dans le sport". Le plus difficile reste pour ceux qui ne participent pas comme Florian Grengbo, médaillé de bronze à Tokyo en vitesse par équipes et blessé au genou. "J'ai une grosse pensée pour Florian, il va le vivre des tribunes, ça ne sera pas facile pour lui". Là aussi, la chaleur humaine sera importante.

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