Le Tour des Flandres version Afrique

Qui aurait imaginé qu'un mont pavé, petit cousin africain du Koppenberg, allait piéger les outsiders sur le Tour du Rwanda ? Ca valait bien la peine d'escalader les cols depuis lundi, des ascensions jusqu'à 16 km de long, pour venir buter dans un raidard fatal de 500 mètres tout en pavés, ce samedi, dans le final de l'avant-dernière étape... Un tortillis en forme de S, avec un passage à plus de 15%, des milliers de spectateurs hurlants et, pour appuyer la touche flandrienne, une pluie battante... La pente n'a pas encore de nom précis. Partie intégrante de cette montée de 6 kilomètres en plusieurs morceaux vers le stade régional de Kigali, la capitale. Mais ce déjà « monument » a fait basculer la course de Julien Liponne (Team Haute-Savoie/Rhône-Alpes), passé de la 3e à la 10e place du classement général.

A l'arrivée, l'habituel pensionnaire de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme était en colère. "Je suis venu faire une course cycliste, pas une course à pied !", confiait-il. Car la plupart des concurrents ont dû pousser leur vélo dans les pourcentages les plus abrupts. Comme, justement, à l'ordinaire dans le Koppenberg... L'un des rares à grimper assis, Jean-Bosco Nsengimana, avait attaqué avant les pavés, à plus de cinq kilomètres de l'arrivée. Maillot jaune du Tour du Rwanda, il conforte sa position par une troisième victoire d'étape.

Derrière lui, c'était "le Tour des Flandres", d'après Jérémy Bescond, le coéquipier de Julien Liponne. "Je n'ai jamais vu ça et je dois dire que je n'ai pas trop aimé, dit-il à DirectVelo. Cette montée pavée a faussé la course". Deux véhicules de l'organisation (médecin et dépannage) se sont intercalés entre le maillot jaune échappé et ses poursuivants. Coupant l'effort de ces derniers. L'Afrique du Sud a réclamé l'annulation de l'étape. Le président du jury UCI n'a pas donné suite, estimant notamment que le classement général n'était pas affecté par cet incident.

Les rares à s'en sortir sont des crossmen. Comme le Suisse Lukas Winterberg (Meubles Descartes), désormais 5e. Auteur d'une longue échappée, l'Egyptien Talaat Islam Shawky a ensuite été distancé par le peloton, ce qui lui a permis de franchir les pavés à son rythme "et sur la selle", affirme-t-il.

Cette 6e étape du Tour du Rwanda, partie de la frontière congolaise, à Rubavu, livre un dénouement inattendu, des photos de coureurs maculés d'une boue rouge et animés de rêves brisés. Pour les grimpeurs, c'est un cauchemar qui a pris corps. Et, une fois retombées les controverses, un petit morceau de légende qui s'installe dans l'histoire récente du cyclisme africain.

Crédit photo : Tour du Rwanda
 

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