Ronde de l'Isard : Un sale coup pour les grimpeurs

Moment de panique jeudi sur la première étape de la Ronde de l'Isard : le peloton, qui était censé se déchirer sur les rampes finales vers Goulier-Neige, a volé en éclats après tout juste 40 km de course, sous l'action d'un vent puissant et très froid. Le scénario est très rare pour cette épreuve de référence en montagne, et c'est peu dire que les grimpeurs ont été surpris.
 
"Nous attendions surtout des bordures sur la 3e étape [entre Auterive et Boulogne-sur-Gesse, NDLR]. Donc nos jeunes ont souffert aujourd'hui !", raconte Jean-Denis Vandenbroucke, le directeur sportif de Color Code-Aquality Protect.
 
"Quand j'ai vu les Vendée U remonter tout d'un coup sur la droite, j'ai compris qu'il fallait y aller de suite !", témoigne Lucien Capot (Entente Sud Gascogne).
 
Il restait 100 km de course lorsque les Vendéens ont choisi une route plane et dégagée pour embrayer avec cinq coureurs (sur un effectif de six) : elle avait mis à l'ouvrage Loïc Bouchereau, Lucas Destang, Charles Herbert, Antoine Leplingeard et Paul Ourselin. Par cette offensive, l'équipe piégeait tous les favoris pour le classement général, sauf son montagnard maison, Bouchereau, ainsi que Guillaume Martin (CC Etupes).
 
« UN MOMENT TRES DIFFICILE »
 
Partout ailleurs, le vent violent était celui de l'inquiétude, notamment du côté des Lotto-Soudal U23, tenants du titre depuis le succès de Louis Vervaeke, et pourtant rompus à l'exercice des bordures. "On s'est fait surprendre et j'ai bien cru que la course était définitivement perdue, admet Walt De Winter, le directeur sportif. Dans le groupe de poursuite, tout le monde nous a laissé prendre nos responsabilités. C'était un moment très difficile...".
 
L'échappée, composée de 21 coureurs, a finalement été revue après 50 km de joute, moins sous l'action des Lotto-Soudal U23 qu'à cause d'une désunion à l'avant. Et la victoire d'étape s'est jouée à la pédale dans la dernière montée, avec un Simone Petilli (Unieuro Wilier) dominateur... et libéré, puisqu'il n'avait “pas du tout aimé ce passage de la course dans les bordures”.
 
Du côté du Vendée U, on rigole encore de ce coup tactique. "Nous avions lancé le même genre de manœuvre sur la dernière étape du Tour de Bretagne, quand personne ne s'y attendait, rappelle Damien Pommereau, le directeur sportif. Les bordures sont une spécialité maison et forment un terrain d'apprentissage pour des jeunes, en vue du futur métier de coureur cycliste que certains vont exercer".
 
LE PLAN ETAIT PROGRAMME
 
"Tout était prévu depuis le briefing du matin, raconte Lucas Destang, le routier-pistard qui s'est régalé à prendre les relais, venu sur la Ronde de l'Isard pour préparer le Tour de Gironde. Nous voulions obliger les autres équipes à user leurs grimpeurs. Alors nous sommes restés à l'arrière du peloton, puis nous sommes remontés de façon très coordonnée. Le plan a été parfaitement exécuté."
 
La première bordure a creusé jusqu'à une minute d'écart sur une cohorte emmenée par certains favoris, notamment Laurens De Plus (Lotto-Soudal U23) ou Jérémy Maison (CC Etupes).
 
Le regroupement général ne signifie pas pour autant l'échec de la mission, selon Damien Pommereau : "Nous étions venus pour mettre la pagaille. Mieux vaut se comporter en acteur qu'attendre la dernière montée et voir nos coureurs sauter les uns après les autres - à l'exception de Loïc [Bouchereau]."
 
La deuxième étape, qui s'achèvera vendredi par une autre montée sèche, en direction du Plateau de Beille, ne devrait pas être propice aux bordures. Ce sont les coureurs de la région qui l'estiment, connaissant la météo et la topographie. Mais la méfiance règne. "Nous allons faire attention la prochaine fois !", espère le directeur des Lotto-Soudal U23. "C'est sûr qu'on sera surveillés dorénavant, observe son collègue à la tête du Vendée U. Est-ce que nous allons recommencer ? Peut-être. Mais nous n'allons pas vous le dire, ça reste notre secret...".

Crédit photo : Pierre Carrey - www.directvelo.com
 

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