Bruno Armirail : « J'ai vu ma vie défiler »

Bruno Armirail (Armée de Terre) a été percuté par une voiture, le 5 janvier dernier, alors qu'il s’entraînait près de Liévin (Pas-de-Calais). Il a été opéré une semaine plus tard d'une triple fracture de la rotule. "Je passerai une radio dans deux semaines. Si ça a bien consolidé, le plâtre sera enlevé", dit-il. Le néo-pro, Champion de France Espoir du contre-la-montre, a donné de ses nouvelles à DirectVelo.com.

DirectVelo.com : Comment se sont passées les retrouvailles avec tes coéquipiers mardi ?
Bruno Armirail : Ce n'était pas facile. Nous avons fait les photos officielles à la Tour Eiffel. Ça m'a fait plaisir de revoir l'équipe. Mais c'était pénible pour me déplacer. J'avais mes béquilles, j'étais déplacé en voiture alors que les autres étaient à pieds. Il y a eu la présentation de l'équipe le soir. Nous étions appelés sur scène dans l'ordre alphabétique, coureur par coureur. Je suis redescendu aussitôt car en m'appelant Armirail, s'il avait fallu attendre tout le monde... (sourires) Je ne pouvais pas rester debout trop longtemps.

« J'ESPERE RECOURIR FIN-MAI OU DEBUT JUIN »

Comment va ton moral ?
Le moral est moyen mais je n'ai pas le choix. Nous venons de recevoir les nouveaux vélos. Mes coéquipiers ont pu déjà rouler avec, pas moi... J'ai hâte de l’essayer, mais j'en ai encore pour un bon moment. J'espère ne pas perdre énormément ! J'avais fait mes classes militaires les trois derniers mois de l’année. Je reprenais à peine l'entraînement au moment de l'accident. Je vais donc rester environ six mois sans faire de vélo !

Quand penses-tu remonter sur le vélo ?
Le chirurgien ne me l'a pas dit. Mais si tout se passe bien, j'enlève donc le plâtre le 9 février, avant de débuter la rééducation le 15 ou 16. Elle devrait durer jusqu'à mi-mars. Ce qui me permettrait de remonter sur le vélo début avril. J'espère reprendre la compétition fin mai ou début juin. Mais j'ai conscience que ces dates correspondent au meilleur des scénarios.

« DE LA CHANCE DANS MON MALHEUR »

Malgré tout, arrives-tu à relativiser ?
Je me dis quand même avoir eu de la chance dans mon malheur. J'ai "juste" ça. J'aurais pu avoir les jambes broyées, une entorse des cervicales, être handicapé à vie ou même mourir... Je me rappelle de tout l'accident, je n'ai jamais perdu connaissance. Je vois encore la voiture arriver vite. Entre le choc et le moment où je tape le sol, j'ai pensé à beaucoup de choses.

C'est à dire ?
J'ai un ami qui a eu ce genre d'accident. Il m'avait dit avoir vu sa vie défiler. Il m'est arrivé la même chose. Ce n'est pas qu'une expression ! En quatre-cinq secondes, le temps que je vole, j'ai revu beaucoup de moments de ma vie. Je me suis aussi dit : "Si tu as encore les yeux ouverts après l'impact, ça voudra dire que tu es encore en vie." Et j'avais les yeux ouverts après avoir touché le sol...

Crédit photo : Mathilde L'Azou
 

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