Mondial - Espoirs : Dubois a dû faire un choix

Lundi matin, Jean-Pierre Dubois a fait connaître l'identité du sixième coureur sélectionné pour participer à la course en ligne des Championnats du Monde disputée le vendredi 26 septembre prochain à Ponferrada. En plus de Jasper De Buyst (Topsport Vlaanderen-Baloise), Loïc Vliegen, Dylan Teuns (BMC Development Team), Tiesj Benoot (Lotto-Belisol U23) et Floris De Tier (EFC-Omega Pharma-Quick Step), Kenneth Van Rooy (Lotto-Belisol U23), le vainqueur de la Top Compétition, sera également du voyage en Espagne. Le sélectionneur national a fait le point sur sa sélection avec DirectVelo.be.

MEURISSE ET WALLAYS EN CONVALESCENCE

« J'ai choisi de donner le sixième nom plus tard car j'hésitais encore suite au retour de blessure de Xandro Meurisse et Jens Wallays. J'avais même pensé ne donner que quatre noms la semaine passée, mais j'ai préféré ne pas mettre de pression à Floris De Tier. Le choix a été très difficile. Finalement, ni Meurisse, ni Wallays ne fait partie du groupe. Aucun des deux n'est assez en forme que pour participer. Wallays manque de confiance et a reconnu ne pas être à la hauteur d'une sélection. Il a été honnête avec moi, et d'ailleurs, il ne fera pas non plus le GP de Wallonie.

Xandro Meurisse est lui aussi un peu trop court. Il n'est pas certain de sa condition, et je ne peux pas me permettre de pendre un gars dans l'incertitude. Benjamin Declercq aussi fait de bons résultats depuis le Championnat de Belgique. Mais il n'a jamais été sélectionné en équipe nationale, ce qui n'est pas idéal pour aller aux Mondiaux.

NI CHAMPION DE BELGIQUE, NI BOUVRY

J'estimais que le parcours ne convenait pas à Jef Van Meirhaeghe. Sur des épreuves comme Liège-Bastogne-Liège U23, la Flèche Ardennaise, il n'était pas là. Il a réalisé une belle deuxième place au Tour de Moselle, mais ça ne vaut pas encore une prestation en Coupe des Nations ou au Championnat d'Europe. Les Mondiaux, c'est un autre niveau. En plus, il n'a jamais été en équipe nationale. Il n'avait pas vraiment d'argument pour être sélectionné. C'est fini l'époque où le Champion de Belgique est sélectionné d'office. Ça avait déjà été le cas il y a quelques années, quand Dimitri Claeys était devenu deux années d'affilée Champion de Belgique. C'était presque son seul résultat de l'année, et il n'a donc jamais été sélectionné.

Beaucoup s'attendaient à la présence de Dieter Bouvry qui a déjà deux mondiaux à son actif. Le choix a été difficile, car je sais ce que j'aurais pu attendre de lui. Mais il n'est pas assez régulier dans ses résultats ! Du jour au lendemain, il peut avoir un changement net dans sa course. Sur les deux derniers mois, il faut reconnaître qu'il a fait de très bons résultats, à part quand il était malade peu avant le Tour de l'Avenir. Ce qui a peut-être fait pencher la balance en faveur de Van Rooy, c'est qu'il est plus rapide à se mettre en marche. Bouvry est plutôt un diesel qui n'est pas toujours présent quand l'échappée part tôt.

VAN ROOY ET DE TIER EN EQUIPIERS

Kenneth Van Rooy sait lui se mettre en route dès le départ pour se glisser dans la première échappée. Il a aussi vécu une expérience positive aux Championnats d'Europe (il avait pris l'échappée matinale, NDLR). Il connaît sa mission et est assez fort pour la mener à bien. Il a bien géré sa saison en s'octroyant des phases de récupération. Je sais que je pourrai l'utiliser comme équipier.

Floris De Tier adoptera, comme Kenneth Van Rooy, un rôle d'équipier. Il l'avait déjà fait au Tour de l'Avenir de façon exemplaire. Il est prêt à rouler pour les autres sans compter. J'ai hésité à le mettre en balance, mais je lui avais dit qu'il n'y avait pas de souci pour sa sélection après le Tour de l'Avenir et ai donc préféré lui ôter la pression.

DE BUYST, EN FINISSEUR

Je prends presque chaque année des professionnels. L'an passé, j'avais Zico Waeytens, il y a deux ans, c'était Tom Van Asbroeck,... Au début de chaque saison, j'analyse quels Espoirs professionnels en dehors du WorldTour sont potentiellement sélectionnables. A vrai dire, Jasper De Buyst n'entrait pas dans mes plans au vu du parcours. Mais cette saison, il a fort progressé et arrive à un niveau où il pourrait peut-être être l'arme pour contrer Thomas Boudat et Caleb Ewan. C'est lui qui m'a demandé si c'était envisageable d'être sélectionné. Après le Tour de l'Avenir, j'ai eu l'occasion de discuter longuement avec lui, Walter Planckaert et son entraîneur. Il sait ce qu'il attend et est prêt à suivre le plan le bataille pour avoir un belge sur le podium.

TROIS PUNCHEURS POUR UN SEUL MAILLOT

Concernant les trois autres, Vliegen, Teuns et Benoot, ils rêvent tous du maillot ! Dylan a prouvé au Tour de Grande-Bretagne que sa victoire au Tour de l'Avenir n'était pas un accident. Ces trois gars ont vécu une expérience chez les professionnels qui les ont rendu plus costauds. Mais on ne doit pas se retrouver avec quatre gars qui ont un rôle libre dans la finale. Il faudra arriver à fatiguer les sprinters. Sur place, après avoir reconnu le parcours, on aura une discussion collective où chacun jouera carte sur table. Ensuite, ce sera à moi de goupiller tout ça pour que ça marche. Il faudra former un groupe, rester soudés. Si chacun joue sa propre carte et se tire dans les pattes, on fera Top 5 au mieux.

PAS DE SPRINT MASSIF

Sur ce parcours, c'est très compliqué d'arriver en peloton groupé. Je rejoins en ce sens mon collègue Carlo Bomans (lire ici). Chez les jeunes, avec six coureurs au départ, 10 tours à couvrir pour les Espoirs, ça se jouera à l'usure. La course sera très nerveuse et va faire des dégâts. Pour nous, le scénario idéal serait que ça bataille pour se débarrasser des sprinters. Il ne faudra pas se retrouver avec une échappée qui part tôt, puis que la course soit lancée à deux tours de l'arrivée. Mais ce n'est jamais évident de durcir la course quand on a que six coureurs au départ. Il faudra voir comment Vliegen, Teuns et Benoot, les puncheurs de l'équipe, trouvent la bosse et s'ils pensent que ce sera suffisant pour faire la différence. Puis si un groupe d'une quinzaine d'hommes sort dans la finale, il faudra au moins avoir deux ou trois gars avec, sinon on peut oublier le titre.

Pour moi, les équipes favorites seront l'Australie, avec Ewan, l'Italie qui a toujours de bons coureurs, et la France qui a un bon collectif avec notamment Boudat. Mais je pense que nous pouvons aussi nous inclure parmi les favoris si on a tous les gars au top le jour-J. Malheureusement, ça, on ne peut pas le calculer à l'avance. »

Crédit photo : Alexanne Bonnier
 

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