Jasper Stuyven : « Je veux gagner Paris-Roubaix »

Il vient à peine de souffler ses 22 bougies mais s'est déjà montré à son avantage au sein de peloton professionnel. Jasper Stuyven, néo-professionnel au sein de l'équipe Trek Factory Racing, a réalisé une belle campagne sur les classiques flandriennes avec en point d'orge : la victoire de Fabian Cancellara au Tour des Flandres. Il revient pour www.directvelo.be sur ses premiers pas dans le monde professionnel.

"Je ne peux être que satisfait de mon début de saison", explique le Champion du Monde Juniors 2009. "Rouler le Grand Prix de l'E3, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix en tant que néo-professionnel, ce n'est déjà pas mal. Mais le faire en plus dans l'équipe d'un grand champion comme Fabian Cancellara, c'est une réelle chance. Je pense m'être bien débrouillé. J'étais aussi très heureux d'emmener Danny Van Poppel vers la victoire d’étape aux Trois Jours de Flandre-Occidentale. J'espère que la suite de la saison sera aussi positive pour moi et pour l'équipe."

Pas avare dans ses efforts, notamment sur le dernier Paris-Roubaix, le Louvaniste reconnaît que la pression était présente au départ des grands rendez-vous. "Je pense que c'est normal de ressentir du stress au début de ses premiers Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Ces rendez-vous étaient très importants pour Fabian. Nous ne pouvions donc pas nous louper. Mais cela m'amène aussi à me surpasser, c'est très motivant de savoir que l'équipe peut remporter ce genre de course. Quand il a gagné le Tour des Flandres, j'étais vraiment très fier d'avoir travaillé pour lui et d'avoir en quelque sorte participer à ce succès. Il nous a d'ailleurs remercié pour le boulot accompli. C'est une grande fierté !"

« ARRIVER AU VELODROME, C'EST TELLEMENT SPECIAL »

Dans l'Enfer dur Nord, Jasper Stuyven était satisfait de pouvoir accompagner les meilleurs aussi loin dans la course. "Je me suis dit que je devais au moins passer la Trouée d'Aremberg avec le premier groupe. Après, quand Tom Boonen est parti, Fabian m'a demandé de rouler pour ne pas que l'écart soit trop important. J'ai vraiment fait un gros effort, surtout que Stijn Devolder n'était pas présent et que Ryder Houlston a été victime d'ennuis mécaniques. J'ai été surpris d'être encore présent à l'avant au passage à Cysoing mais quand la bagarre a commencé, c'était impossible de suivre. A mon arrivée dans le Vélodrome, j'étais fatigué mais tellement heureux d'y arriver. C'est quelque chose de spécial ce vélodrome. Le public qui vous acclame, la cloche du dernier tour...C'est motivant et cela donne des idées pour le futur."

Et pourquoi ne pas imaginer le pavé du vainqueur sur la cheminée de Jasper Stuyven dans les prochaines années ? "C'est vrai que je l'ai déjà gagné mais c'était chez les Juniors ! Je sais qu'un jour, je reviendrai pour la gagne. Mais pour l'instant, je suis là pour épauler Fabian et pour apprendre. Et avec un tel staff et de tels coéquipiers, on en apprend tous les jours. Fabian est vraiment un gars simple et quelqu'un de très gentil. Après les courses, il n'hésite pas une seconde à nous féliciter et à nous remercier. Je peux emmagasiner de l'expérience en roulant à ses côtés. Quand manger, comment ne pas rouler dans le vent, c'est un très bon exemple pour les jeunes comme moi."

« TREK, UNE OPPORTUNITE QUI NE SE REFUSE PAS »

Quand l'opportunité de signer dans cette nouvelle équipe Trek Factory Racing s'est présentée à lui, Stuyven ne l'a pas laissé passer. Dirk Demol, son directeur sportif et ancien vainqueur de Paris-Roubaix, n'est pas étranger à ce transfert : "J'avais déjà côtoyé Dirk dans le passé. Le projet était intéressant et le programme sur mesure pour un jeune comme moi, pas trop chargé mais assez conséquent pour que j'évolue. En plus, je roulais déjà sur des vélos Trek sous les ordres d'Axel Merckx chez les espoirs et le matériel est très important pour moi. Je ne pouvais pas refuser cette offre."

Constamment en progrès et ce, après des années riches et prometteuses chez les jeunes, Jasper Stuyven ne veut cependant pas brûler les étapes. "C'est normal qu'il y ait une certaine attente autour de vous lorsque vous gagnez Paris-Roubaix chez les Juniors et en plus avec le maillot de Champion du Monde sur les épaules. Mais je ne fais pas trop attention à ça. Je veux prendre mon temps et progresser à mon rythme. Je passe un cap chaque année et je ne compte pas changer mes habitudes."

« IL FAUT POUVOIR SE DIRE QUE BOONEN ET CANCELLARA SONT DES COUREURS COMME LES AUTRES »

Le cap à passer entre le monde professionnel et le peloton Espoir est assez grand. "Le plus grand changement, c'est au niveau de la distance. En général, chez les Espoirs, au bout de deux cents kilomètres de courses, c'est l'arrivée ou celle-ci est déjà loin derrière. Chez les pros, sur certaines courses, il y a encore 50 à 60 bornes à rouler. Mais cette distance supplémentaire est peut-être compensée par un rythme plus régulier. Chez les pros, les équipes contrôlent plus la course alors que chez les Espoirs, cela peut flinguer tout au long de l'épreuve. Il faut aussi pouvoir se dire que des coureurs comme Boonen, Cancellara, Gilbert, que l'on regardait avant à la télévision, ne sont pas si différents que nous. Il ne faut pas en avoir peur. Même si ce sont des idoles pour certains, il faut se dire que ce sont des coureurs comme le reste du peloton, sauf qu'ils ont un palmarès plus riche", raconte-t-il en rigolant.

De ses années Espoirs, il en ressort beaucoup de satisfaction mais également quelques regrets : "J'aurais vraiment voulu remporter Roubaix et une étape sur le Tour de l'Avenir", confie-t-il. "Le Tour de l'Avenir, c'est la plus grande course à étapes pour les jeunes et gagner une étape était vraiment un objectif pour moi. C'est du passé maintenant et, si un jour j'ai la chance de remporter une étape sur une grande épreuve comme le Tour de France, cette déception sera sans doute effacée."

« JE VEUX ETRE AU TOP CHAQUE ANNEE SUR LES FLANDRIENNES »

Aussi bien à l'aise sur les pavés que dans les côtes, en témoigne sa troisième place sur Liège-Bastogne-Liège Espoirs l'an dernier, Stuyven consacrera les prochaines années aux courses Flandriennes. "C'est sur ce terrain que je me sens le plus à l'aise. En plus, je pense que c'est impossible de pouvoir viser à la fois les ardennaises et les flandriennes. Il faut savoir faire un choix. Je changerai peut-être mes objectifs un peu plus tard mais, pour l'instant, je veux être au top sur les courses flamandes."

Après quelques jours de coupure, Jasper traversera l'Atlantique pour participer à une épreuve qu'il connait bien, le Tour de Californie. "C'est vrai, je m'y suis montré lors des dernières éditions. Cette année, j'y serai pour épauler les leaders. Ensuite, je roulerai le Bayern Rundfahrt et là, j'aurai une seconde coupure bien plus longue. Je ne connais pas encore mon programme pour la deuxième partie de saison. Le Tour d'Espagne ? Je ne sais pas. Normalement, ce n'est pas prévu mais on va en discuter avec le staff."

Pour finir, c'est plein de détermination dans la voix que le jeune louvaniste nous livre son rêve de cycliste. "Je veux un jour gagner Paris-Roubaix. C'est la course qui me fait rêver et je vais m'entraîner dur pour un jour réaliser ce rêve !"

Crédit Photo : Marc Van Hecke - www.sportfoto.be
 

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