Ardèche : Des équipes décimées, mais pourquoi ?

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Sur les 19 formations alignées au départ du Tour de l’Ardèche (2.1), mardi, plus de la moitié - dix, précisément - n’ont pas été en mesure de se rendre au départ de la course avec un effectif complet de six éléments. Ajoutez à cela un nombre d’équipes invitées légèrement inférieur à celui des années précédentes, et voilà un peloton de seulement 100 éléments au départ de la première journée. Retirez, enfin, les hors-délais de cette première journée et ce ne sont que 92 féminines qui repartiront du Lac de Champos à Saint-Donat (Drôme), pour la deuxième étape.

LA PROBLÉMATIQUE DU DOUBLE FRONT

Du côté des formations tricolores, aucune n’a été en mesure d’aligner un effectif au complet pour l’épreuve ardéchoise. La FDJ-Suez-Futuroscope n’a tout bonnement pas fait le déplacement, comme l’an passé. “Le calendrier ne nous permet pas de venir ici. Avec le SIMAC Tour et la Vuelta en même temps, comment pourrait-on faire ? Si c’est pour venir avec quatre filles dont deux stagiaires, sur sept jours, je ne vois pas l’intérêt. Il faut une certaine cohérence”, regrettait Stephen Delcourt, le manager de la WorldTeam, auprès de DirectVelo, en marge de la fin du Tour de France, au cœur de l’été. Les équipes Arkéa, Stade Rochelais-Charente Maritime et St-Michel Auber 93 sont, pour leur part, bien présentes - à l'inverse de la Cofidis - mais respectivement avec quatre filles pour la première citée et cinq pour les deux autres structures Continentales. “Notre problème, c’est surtout que l’infirmerie est pleine. On a dû appeler Natalie (Grinczer), elle avait envie d’être présente. Comme Maëva (Squiban) mais on ne voulait pas prendre de risques. Sur sept jours de course… Imaginons qu’elle tombe sur la première étape… On a préféré jouer la sécurité”, explique Jonas Dupuis, le directeur sportif du Stade Rochelais.

Si les Conti françaises ne sont pas concernées par le SIMAC Tour, pas plus que par le Tour d’Espagne, elles ont en revanche rendez-vous dans le Nord de la France pour À travers les Hauts-de-France et la Choralis Fourmies. “On a cinq filles aux Hauts-de-France et quatre ici. Avec onze filles en tout dans l’effectif dont deux cyclocrosswomen qui font leur coupure maintenant, ce n’est pas simple. Fourmies, c’était obligatoire en tant que Coupe de France. On tenait à venir ici car l’Ardèche est une course importante, qui existe depuis longtemps. Sept étapes, c’est rare chez les filles. Il n’y a que le Tour de France qui est plus long. Même si le niveau est moins relevé cette année, on peut y apprendre beaucoup de choses et jouer les premiers rôles pendant toute une semaine, ça permet de progresser”, explique Grégoire Le Calvé, le directeur sportif du Team Arkéa, qui n’a plus que trois filles en course ce mercredi après l’arrivée hors-délais de Lucie Jounier à Villeneuve-de-Berg.

UN CALENDRIER À REVOIR ?

L’équipe St-Michel-Auber 93 tente aussi de jongler au mieux entre les différents rendez-vous du calendrier. “C’est important pour nous d’être à la fois en Coupe de France et en Ardèche. C’est notre première année, on a besoin de courir pour apprendre et refaire des bases. C’est difficile de mettre une équipe complète mais on est arrivées ici avec cinq filles motivées”, synthétise Charlotte Bravard, la technicienne des orange-et-noir. “On a tout mis sur l’Ardèche, on ne sera pas sur les courses dans le nord de la France. Malheureusement, on laisse quelques sprinteuses à la maison. C’est dommage mais c’est comme ça… Si on enlève Maëva (Squiban), on n’a que sept filles dispo à l’instant-T. On ne pouvait pas être partout”, regrette Jonas Dupuis, pour le Stade Rochelais.

Alors, faut-il revoir la date du Tour de l’Ardèche à terme ? “C’est bien qu’il y ait beaucoup de courses. Je pense que c’est une bonne chose avec toutes les équipes qui se créent. Ça va permettre à tout le monde de courir”, considère le même Jonas Dupuis. “Le cyclisme féminin évolue très vite. Beaucoup d’équipes et de courses se créent, sans harmonisation. Là, avec le SIMAC Tour, la Vuelta, le GP de Fourmies et l’Ardèche en même temps, c’est compliqué, analyse pour sa part Grégoire Le Calvé. Il va falloir que tout le monde se mette d’accord car ça ne peut pas continuer de la sorte. Le Tour de l’Ardèche existe depuis 20 ans et malheureusement, l’organisation se fait bouffer par les deux épreuves WorldTour qui sont autour. Les effectifs ne sont pas aussi larges que chez les garçons. Quand tu as deux ou trois blessées, c’est vite dur d’aligner deux fronts. Et quand tu n’as que quatre ou cinq filles de dispo, il vaut mieux aller sur des courses d’un jour que sur une épreuve d’une semaine…”.

UNE COURSE OUVERTE ET DES OPPORTUNITÉS DE BRILLER

Toujours est-il qu’avec un plateau moins dense que ces dernières années et une seule WorldTeam au départ, la Movistar, les équipes françaises savent qu’elles ont de jolis coups à jouer tout au long de la semaine. “Le plateau est inférieur et les étapes sont moins dures. Le Tour de l’Ardèche, je l’ai fait cinq fois (dont une dernière participation en 2019, NDLR), je connais la course. Ça reste ouvert. On est satisfait de notre première année mais il nous manque une victoire en UCI et c’est ce que l’on vient chercher”, précise Charlotte Bravard, qui a vu sa jeune protégée Simone Boilard prendre la 2e place de la première étape, ce mardi (voir classement).

Chez Arkéa aussi, on a joué placé dès la première journée avec deux filles dans le Top 10. Encourageant. “L’an passé, il y avait Trek, BikeExchange… Cette fois-ci, hormis la Movistar, il n’y a pas de grosse équipe et pour contrôler, ça va être compliqué. Des échappées peuvent aller au bout. On avait connu la même chose au Tour des Pyrénées, mais c’était encore plus dur là-bas. Ici, il y a deux étapes vraiment difficiles, au Mont Lozère et la dernière. Les autres étapes sont abordables pour pas mal de filles. C’est plus ouvert, on peut avoir une belle course de mouvement”. Enfin, au Stade Rochelais, on mise sur l’homogénéité du groupe et la force collective. “On veut notamment jouer le classement par équipes et se faire plaisir toute la semaine”.

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