C’était d’abord un rêve, une idée. Ce dimanche, pour la troisième étape du Tour de l’Avenir, le comité Auvergne-Rhône-Alpes avait deux ambitions : mettre un coureur dans l’échappée du jour, puis jouer avec les meilleurs dans le final via Jordan Labrosse. Avec deux possibilités pour l’habituel coureur d’AG2R Citroën U23, attaquer sur le circuit final ou jouer le sprint à la pédale dans le dernier faux-plat montant. “Pour une placette, car espérer jouer la gagne est vraiment compliqué face aux machines de guerre en face”, concédait Frédéric Macaudière en début d’étape. Si l’échappée principale de la journée est finalement partie sans aucun coureur au maillot bleu et blanc, la (très) belle surprise est venue de la dernière heure de course, lorsque Jordan Labrosse est parvenu à sortir, en costaud, avec le Danois Adam Holm Jorgensen et le Tchèque Petr Kelemen. Puis à résister jusqu’au bout au retour du peloton malgré un écart qui n’a jamais dépassé 40". Si le Français a été devancé par le Scandinave sur la ligne, il enfile en revanche la tunique de leader du classement général (lire sa réaction d’après-course). Un grand moment pour le comité et son Conseiller Technique Sportif, Frédéric Macaudière, avec qui DirectVelo a partagé cette journée en voiture, à l’arrière du peloton. Entretien d’après-course.

DirectVelo : Jordan Labrosse est le nouveau maillot jaune du Tour de l’Avenir !
Frédéric Macaudière : Pour nous, c’est exceptionnel. On est les petits poucets de la compétition. Aujourd’hui (dimanche), on a les frissons et on est très fiers de « Jo » Labrosse. Demain (lundi), on assumera notre statut et on fera le maximum pour garder notre maillot.

Dans la voiture, tu n’as réalisé qu’à deux kilomètres de l’arrivée qu’il allait jouer la victoire d’étape. Et même une fois le résultat et sa 2e place connue, il n’a pas vraiment été envisagé qu’il puisse prendre le maillot jaune…
On a eu pas mal de coureurs qui ont eu des petits soucis mécaniques ou qui ont simplement sauté. Il a fallu travailler avec ces coureurs-là à l’arrière. C’est vrai que l’on a pris conscience seulement dans les dix dernières minutes que l’échappée irait possiblement au bout (et de façon plus importante lorsqu'un écart de 25" a été annoncé à deux kilomètres de l'arrivée, NDLR). Par contre, on ne savait pas du tout qui pouvait être maillot jaune parmi les trois premiers. Et au final, quand on a appris la nouvelle, on était tous heureux et on a sauté de joie. Encore une fois, les petits poucets en jaune, c’est exceptionnel !

« IL A ÉTÉ TRÈS OPPORTUNISTE »

Jordan Labrosse est sorti à 25 kilomètres de l’arrivée…
C’était clairement là que l’on avait choisi de sortir. L’idée était de mettre un coureur de chez nous dans la première échappée mais ça n’a pas été le cas, ou de jouer la carte de Jordan dans le final en prenant un coup, comme c’est un très bon puncheur. Quand le peloton est rentré sur la première longue échappée de quatre coureurs, il a mis en route. Il a été très opportuniste et physiquement, il avait les watts pour aller jusqu’au bout. Félicitations à lui.

Les coureurs de ton comité, comme d’ailleurs ceux des Pays de la Loire, expliquent depuis le début du Tour de l’Avenir se sentir méprisés par d’autres formations du peloton. Quel pied-de-nez de se retrouver avec le maillot de leader à présent !
C’est plus que symbolique. On nous disait que l’on avait une petite équipe. Nos coureurs sont souvent pris de haut, c’est vrai. Certaines équipes étrangères nous considèrent comme la petite équipe du peloton… On leur a démontré, en prenant le maillot, que l’on n’est peut-être pas une si petite équipe que ça. On est très fiers de nos coureurs et de porter ce maillot. Ce sera une première pour le comité.

« LA COURSE N’EST PAS TERMINÉE »

Maintenant, il va donc falloir défendre ce maillot lors d’une étape qui, sur le papier, convient encore au nouveau maillot jaune…
Oui, mais la difficulté, c’est qu’il faut des coureurs en capacité de rouler pour garder ce maillot. En tout cas, on va faire le maximum. On pourrait peut-être, en effet, garder le maillot jaune une journée supplémentaire. Et si ça peut être encore plus, alors on fera le maximum en ce sens.

C’est aussi un boost énorme pour l’ensemble du groupe, et une responsabilité pour l’étape à venir !
Toute l’équipe réagit positivement, bien sûr. Chacun se dit que l’on vient de faire un exploit et c’est sûr qu’il va falloir en profiter, tout en se disant que la course n’est pas terminée et qu’on peut encore aller chercher d’autres bons moments, voire de grands moments. Qui sait… On a démontré, au bout de quatre jours (en comptant le prélude, NDLR), que c’était possible. J’avais demandé à l’équipe d’être patiente sur les deux premiers jours, pour ensuite mettre en route à partir de cette troisième étape. Il reste encore de belles étapes à faire. Pourquoi pas espérer d’autres belles choses. 


Crédit vidéo : Cédric Congourdeau - DirectVelo