Le Stade Rochelais se serre les coudes

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Le discours du manager Jean-Christophe Barbotin n’a jamais changé. Depuis le début de saison, il a toujours imaginé que sa formation serait en grande souffrance sur les routes du Tour de France. Parce que son équipe est composée d’athlètes qui, pour la plupart, n’ont pas la même caisse que la majorité de leurs adversaires. Parce que le groupe n’a pas eu un calendrier aussi riche - tant quantitativement que qualitativement - que la grande partie des autres formations de ce peloton. Parce que, enfin, les jaune-et-noir sont ni plus ni moins que les petits poucets de l’épreuve. Pas sûr pour autant que les Charentaises imaginaient vivre un tel cauchemar. Mardi, lors de la troisième étape de l’épreuve, la Conti a perdu pas moins de quatre de ses six éléments.

« ON LUI A DIT DE FILER »

Durement touchée la veille après une chute dans le final, Maëva Squiban est courageusement repartie dans les rues de Reims mais, sans surprise, elle n’a pas pu aller au bout de l’étape, "c'était impossible, elle a bâché au bout de 10 kilomètres", regrette le manager au départ de Troyes, auprès de DirectVelo. Pas plus que la Britannique Natalie Grinczer, qui souffrait pour sa part du coude et de la hanche et qui n’a pas non plus rallié l’arrivée. Enfin, très loin derrière le peloton, la Sud-Africaine Frances Janse van Rensburg et la Française Noémie Abgrall - déjà tout près de la sentence la veille - sont arrivées hors-délais à Epernay.

"Est-ce qu'on a fait une erreur ?, s'interroge après coup Jean-Christophe Barbotin. On a demandé à Frances de récupérer Noémie (Abgrall) et rouler  ensemble pour qu'elles rentrent toutes les deux dans les délais. Frances  avait un moment donné deux minutes d'avance sur Noémie, elle l'a réattendue. À la fin on lui a dit de filer, elle aurait pu finir dans les délais mais dans la côte de Mutigny (à 16 km de l'arrivée, NDLR), elle déraille et met son dérailleur dans les rayons, alors que son vélo de rechange était derrière le peloton". Le calice jusqu'à la lie au pays du Champagne. "Au retour dans la voiture, l'ambiance n'était pas comme d'habitude", avoue Séverine Eraud.

« NOUS SOMMES MOINS RESPECTÉES »

Ne restent donc en course au départ de la quatrième étape à Troyes plus que deux représentantes du collectif : Séverine Eraud et India Grangier. Cette dernière y voit une source de motivation supplémentaire. "On va se serrer les coudes et donner le maximum. On a toute une équipe derrière nous. On n'a plus le droit à l'erreur, il faut qu'on aille jusqu'au bout". Séverine Eraud est sur la même longueur d'ondes. "On veut continuer le combat pour les filles qui nous ont quittées. On va tout faire pour terminer le mieux classées possible à la fin". Et quand on lui parle des critiques émises par certaines grosses formations et par la presse étrangère contre les petites équipes, comme le Stade Rochelais, qui seraient à l'origine des chutes dans le peloton, Séverine Eraud riposte. "Nous sommes moins respectées, c'est plus difficile de faire sa place mais le danger ne vient pas que des petites équipes. Les grosses équipes prennent de plus en plus de risques, il y a de plus en plus de budget dans les équipes. Depuis que je cours en UCI, les risques pris par les filles sont de plus en plus importants".

Des risques, il faudra encore en prendre sur les chemins crayeux de cette quatrième étape. Mais Jean-Christophe Barbotin y voit une raison d'espérer. "On a la chance que notre leader, c'est Séverine (Eraud) et elle a coché cette étape. India et elle ont bien reconnu les chemins, elles connaissent les virages, les montées". En effet, l'ancienne Championne du Monde Junior de contre-la-montre a terminé à Epernay avec Evita Muzic ou Ellen van Dijk, preuve de sa bonne forme (voir classement). "Je vais la garder au chaud, je vais l'accompagner dans un rôle d'équipière, promet India Grangier. C'est une grosse journée aujourd'hui mais j'ai hâte d'y être". Pour que la roue tourne enfin. "Je ne veux pas de chat noir", espère Jean-Christophe Barbotin.

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Portrait de Séverine ERAUD
Portrait de India GRANGIER