Églantine Rayer : « C’était mon rêve »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

C’est un titre mémorable qui a des airs de suite logique pour Églantine Rayer. L’an passé déjà, la Normande avait fait forte impression pour ses débuts dans la catégorie Juniors en étant sacrée double Championne de France (chrono et route), après une 3e place au Trophée Alfredo Binda (Italie) dès sa toute première manche de Coupe des Nations. Puis elle avait décroché la médaille de bronze lors du Championnat d’Europe sur route, dans le Trentin, après avoir pris la 6e place de l’épreuve chronométrée. Le tout avant deux nouveaux Top 10 sur les Mondiaux (voir sa fiche DV). En 2022, elle comptait confirmer et l’a parfaitement réalisé avec, entre autres, sa victoire finale sur le Tour du Gévaudan (Coupe des Nations) puis une 2e place sur l’Alpes Grésivaudan Classic face aux Élites et devant des filles telles que Clara Koppenburg (Cofidis). Rien que ça !

Alors, forcément, elle arrivait au Portugal, pour son second Championnat d’Europe Juniors, avec des ambitions. “J’ai eu un gros coup de fatigue hier (vendredi). Sûrement à cause de la chaleur. Mais ce matin, je me suis levée avec l’envie de me faire plaisir”. Églantine Rayer a abordé la course en ligne avec, déjà, une médaille d’argent dans ses bagages grâce à sa performance contre-la-montre, jeudi. “On peut dire que je tournais un peu autour jusqu’ici sur les grands Championnats. Et là, je termine la semaine en étant vice-Championne d’Europe du chrono puis Championne d’Europe sur route. C’est une belle finalité. Même si la saison n’est pas encore finie, je pense pouvoir déjà dire que cette saison est déjà réussie, après la victoire au Gévaudan”.

Sur les 83 km du parcours d’Anadia, les Françaises ont parfaitement respecté le plan qui avait été imaginé en amont de l’épreuve. “On avait prévu de rendre la course difficile. Julie (Bégo) et moi devions bouger dans le dernier tour. Il était prévu qu’elle passe à l’action dans la grande bosse et c’est ce qu’elle a fait. Elle a vraiment tout donné, ça s’est écarté de partout. Les Italiennes ont fait le boulot derrière. Puis j’avais prévu d’y aller à mon tour dans la bosse suivante, la dernière, la plus raide. Je me suis d’abord retrouvée toute seule puis les deux Italiennes sont rentrées. L’Italie est une équipe très forte, on le savait. Mais chacune a joué son rôle chez nous aussi, y compris avec les moyens du bord. On avait toutes les cartes qu’il nous fallait pour décrocher le titre”.

COMME UN AIR DE “DÉJÀ VU” DANS LA DERNIÈRE LIGNE DROITE


Restait tout de même le plus dur : conclure ce scénario de rêve qui semblait se dessiner petit à petit. “C’était à moi de conclure. Je n’y croyais pas trop mais finalement, ça s’est bien passé”. Pourtant, sur le papier, la situation de course dans laquelle elle s’est retrouvée sur la fin du dernier tour, face à deux Italiennes, ne semblait pas idéale. “Au début, je me suis dit que c’était parfait car elles allaient sûrement jouer la carte du sprint. Puis elles ont commencé à me demander des relais. Je me suis dit que j’allais en passer deux”. Avant de prendre l’option de ne plus passer au panneau des 500 derniers mètres. “Je leur ai dit que je ne passais plus, comme j’avais Lise (Ménage) derrière et que c’est une bonne sprinteuse. Au début, elles ne comprenaient pas trop. Pourtant, en étant seule contre deux, je n’avais pas trop à rouler (sourire). Je me sentais vraiment bien mais j’ai quand même eu le temps de stresser un peu car je savais que tout le poids de l’équipe reposait sur moi”.

Finalement, au moment de déclencher son sprint, elle a vite pris le dessus sur ses deux adversaires (voir classement). “Je manque encore de confiance en moi mais j’ai vraiment voulu y croire. L’arrivée ressemblait vraiment à celle de Lorrez-le-Bocage-Préaux, l’an dernier au Championnat de France. Pendant le sprint, j’avais l’impression d’y être ! Ça me convenait plutôt bien. Quand je suis passée devant, j’ai compris que j’allais gagner. C’était un sentiment énorme”, raconte-t-elle à chaud pour DirectVelo, au pied du podium protocolaire. “Je trouvais que la bosse longue était trop loin de l’arrivée, et que la bosse courte n’était pas assez près non plus. Mais finalement, il était pas mal ce circuit”, sourit-elle.

Peu après l’arrivée, les coéquipières d’Églantine Rayer s’amusaient de ne pas voir de larmes couler sur les joues de la Normande. “C’est que je ne réalise pas ! Honnêtement, je suis perdue (sourire). C’est la joie des filles qui me fait réaliser… Je suis vraiment super contente de cette semaine. Je ne m’attendais pas à un tel résultat. Pouvoir chanter La Marseillaise sur le podium protocolaire, c’était mon rêve”, lâche-t-elle avec émotion, presque au bord de l'extinction de voix. “J’avais déjà mal à la gorge mais alors là… Je ne suis pas hyper émotive mais ce soir, je risque d’avoir du mal à dormir, ajoute-t-elle avant une ultime boutade : Pour ce qui est des larmes, je crois que j’ai peut-être trop transpiré pendant la course, je n’ai plus d’eau ! (rires)”.




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