« Le premier échec » pour la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

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C’était la tête des mauvais jours. Tenantes du titre par l’intermédiaire d’Evita Muzic, la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope est passée à côté, pour la défense de son titre à Cholet (voir classement). Un vrai coup d’arrêt après un début de saison largement réussi. "Depuis le début de la saison on tourne bien que ce soit physiquement ou tactiquement. Aujourd’hui, on a eu quelques défaillances physiques. On a eu quelques bons réflexes collectifs mais on a manqué de sang froid, on a été battu par plus fort que nous. Il y avait vraiment deux athlètes au-dessus du lot même si je pense que Jade Wiel était dans un grand jour", concède Stephen Delcourt, manager de la WorldTeam. Pas étonnant de voir la coureuse en question laisser ses larmes couler après la ligne. "J'avais des bonnes jambes, je ne comprends pas, ça s'est passé trop vite. En un quart de seconde la course a basculé du mauvais côté. Je n'arrive pas à comprendre. Je pense que j'ai besoin de voir ce qu'il s'est passé".

Jade Wiel tente timidement de comprendre. "On voulait trop regarder derrière. Des fois à regarder derrière on court à contretemps, et là ce n'était pas bon. Je ne sais pas quoi dire". Stephen Delcourt note "une défaillance mentale. Je pense que certaines avaient plus envie que nous de remporter le maillot". La faute a des erreurs tactiques. "Il y en a eu tout au long de la course. On a laissé des groupes sortir sans nous, à la fin on a manqué de sang froid. On n’a pas eu l’envie espérée". Jusqu’à ces derniers instants de course, lorsqu’Eugénie Duval a attaqué, laissant Jade Wiel sur place, avant qu’elle ne soit contrée. "On a réussi à tenir, et elles s'amusaient à faire des cassures. Eugénie a attaqué pour aller chercher Gladys, avec Audrey dans la roue, et je n'ai pas réussi à y aller. Elle m'a attaquée et je suis restée sur place. Elle n'a pas vu qu'elle emmenait Audrey. Puis elle a contré et là j'ai su que c'était foutu. Je ne pouvais pas crier « Eugénie, regarde derrière », ce n'était pas discret".

« C’EST DIFFICILE À DIGÉRER »

Stephen Delcourt trouve lui quelques pistes. "Depuis le début de saison, tactiquement, on était bon. On a failli sur un Championnat de France mais nous savons que c’est la course la plus dure. On perd des automatismes car c’est rare que les sept courent ensemble. Il n’y avait pas d'oreillette aussi. Je pensais que le groupe était assez mûr pour ça, finalement ça nous montre qu’on a beaucoup de travail tactique à faire et que nous sommes passés au travers". Et ce même alors que le collectif de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope était redouté sur le papier. "Le talent on l’a, on est les plus forts. On assume notre leadership, c’est juste qu’aujourd’hui on n’était pas dans un bon jour et on a manqué de hargne". Un petit coup d’arrêt pour tout le monde au sein de l’équipe. "On a pris un gros coup derrière la tête, on était sur l’euphorie depuis le début de saison. On a gagné neuf fois et on a peut-être oublié qu’on détestait perdre".

Dans l’aire d’arrivée, en plus de la soupe à la grimace, il y a eu un peu d’électricité dans l’air pour accompagner la forte averse qui a pimenté l’arrivée des coureuses. "On ne peut pas réagir à chaud. Il y a trop de sentiments, de haine, de colère et de honte. On doit laisser passer. L’échec fait partie du sport. Pour savoir gagner, il faut savoir perdre. Pendant la course tout le monde pensait qu’on allait tout dominer et que le titre ne pouvait pas nous échapper". Jade Wiel y a cru aussi. "J'avais dit (à Eugénie Duval, NDLR) « toi tu en regardes une, moi je regarde l'autre ». On pouvait gagner, je pouvais gagner, Eugénie pouvait gagner. C'est une course où on passe par toutes les émotions. Je me dis que ça ne peut pas aller au bout. Les leaders reviennent et je me dis que ça sent vraiment très bon. Et en une décision sur un quart de seconde tout bascule, donc c'est difficile à digérer".

« ON A VU UNE ÉQUIPE QUI ÉTAIT TRÈS LOIN D’ÊTRE UNE GRANDE ÉQUIPE »

Reste maintenant à utiliser cette mauvaise journée pour rebondir. "C’est une frustration mais c’est dans des moments comme ça qu’on consolide le groupe pour aller chercher les prochaines victoires. On avait trois objectifs à venir, le Championnat de France, le Giro et le Tour. On en a raté un donc maintenant on n’a plus le choix", lance Stephen Delcourt. Cette expérience ne devrait pas bouleverser les deux prochains grands rendez-vous évoqués par le manager. "On ne peut pas tirer des conclusions sur une course. Ça peut répondre à quelques points d'interrogation, mais même pas. Notre objectif est de jouer le classement général des deux Grands Tours". La composition et les places de chacune ne seront pas bouleversées après ce raté. "On a notre sélection du Giro qui est faite et celle du Tour qui va se peaufiner. On a notre leader qui est Cecilie Uttrup Ludwig. Marta Cavalli et Evita Muzic seront là pour l'épauler. Grace Brown sera présente en capitaine".

Tout sera oublié jeudi, au départ du Giro. "On aura à cœur de montrer que nous sommes l'une des meilleures formations au monde, car aujourd’hui on a vu une équipe qui était très loin d’être une grande équipe. Ça fait partie du jeu". Stephen Delcourt parvient à conclure sur une note positive. "C’est le premier échec de l’équipe de ce début de saison. C’est un échec collectif sur une course qui nous tient particulièrement à cœur. Elles ne vont pas en rester là, ce sont des gagnantes. Je veux que nous prenions le temps de débriefer et qu’on construise nos prochaines victoires sur des erreurs tactiques qui nous ont coûté cher". Enfermé dans le camion, le groupe a pris le temps de discuter longuement après l’arrivée, pour remettre les choses à plat. "Ça ne change rien pour nous, aujourd'hui on a perdu une bataille mais pas la guerre".

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Portrait de Jade WIEL