Mattéo Vercher : « On court après toute la saison »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Lorsqu’il a commencé la saison 2022, Mattéo Vercher n’avait jamais décroché la moindre victoire en deux années chez les Élites. Il faut remonter à ses années Juniors, sous les couleurs du VC Vaulx-en-Velin, pour retrouver des succès. Que de chemin parcouru cette saison, et ses débuts avec le Vendée U. Déjà vainqueur de la mythique Manche-Atlantique, et de la Maggioni Classique Châtillon-Dijon, l’Espoir 3 a franchi un nouveau cap en décrochant le maillot de Champion de France Amateurs, à Cholet (voir classement). Sous la pluie et sur des routes trempées, il y a mis la manière, comme son équipe, avant de remporter son duel avec Mickaël Guichard. Mattéo Vercher a raconté à DirectVelo ce jour qui restera particulier pour lui.

DirectVelo : Que représente ce titre pour toi ?
Mattéo Vercher : C'est une fierté, on court après toute la saison. C'était clairement l'objectif annoncé au briefing. La gagne ou rien. Les conditions étaient vraiment difficiles. Avec la pluie c'était très technique, ça allait être un peu comme un critérium. On avait comme stratégie de décanter la course assez rapidement. Au premier tour on a réussi à se mettre devant et à enchainer, on sort à six sur un groupe de moins de 20, c'était réussi. On en perd deux sur chute (Lucas Grolier et Thomas Bonnet, NDLR) mais on a bien gardé le contrôle. La course s'est un peu plus décantée. Il y avait beaucoup de chutes, ça glissait vraiment, notamment sur les ronds-points. Ça s'est décanté par l'arrière comme ça.

Mickaël Guichard est ensuite ressorti seul, avant que tu ne le rejoignes…
Quand Mickaël est parti, je n'y suis pas allé tout de suite. Je n'étais pas très bien, on est monté très vite. J'ai attendu la descente pour faire le jump. Après je savais que c'était un bon rouleur donc on pouvait aller loin. Malgré tout je pensais que ça allait rentrer derrière. Mais tout le monde était un peu fatigué, ça l'a fait. C'est un maillot que je vais être fier de porter pour l'équipe. On a gagné avec Antoine (Devanne, Champion de France Amateurs de chrono, NDLR) il y a deux jours, on fait le doublé, c'est super.

« ON AVAIT TOUS PLUS OU MOINS LE MÊME RÔLE »

Comment as-tu abordé le final ?
Je me savais plus rapide donc j'ai plus travaillé dans le final. Dans le dernier tour, avec 25 secondes je commençais à y croire. Mais sur un France il ne faut pas commencer à penser au maillot, sinon on réfléchit trop. J'ai pensé que c'était une course ordinaire, sans maillot. Je voulais être derrière Mickaël pour lancer le sprint. On a bien collaboré jusqu'au kilomètre, puis on avait assez d'avance pour se regarder. Mickaël a failli arracher son vélo dans les balustrades, c'était chaud. J'attendais vraiment le panneau des 200 mètres pour lancer, il ne fallait pas que ce soit trop long. Je me suis retourné, c'est impossible de ne pas le faire (sourire). J'ai réussi, c'est top.

Quelle était ta place dans ce collectif du Vendée U ?
On avait tous plus ou moins le même rôle, nous n'avions pas désigné de leader. Sur un Championnat de France, avec les conditions de course, le but était de faire la course à l'avant et voir qui se sentait bien après trois ou quatre tours. À la mi-course, je ne me sentais pas top-top. Je pensais qu'on jouerait pour Emilien (Jeannière). Et au final j'ai bien travaillé pour ne pas que le peloton rentre, ça m'a bien débloqué physiquement, j'ai pris deux ou trois coups et c'est sorti. Je suis un peu surpris.

« J’AI BEAUCOUP DISCUTÉ AVEC SANDY DUJARDIN »

Après cette saison incroyable, Vendée U était très surveillé…
Incroyable, c'est le mot. On était clairement attendu, on a assumé notre rôle de leader. Notre force est d'être en supériorité numérique, c'était le cas. Les équipes nous ont laissé faire et c'est normal, on le savait, on a assumé. On aime tous les conditions de pluie, on est tous habiles donc on se doutait que c'était possible. Après, sortir à six sur une vingtaine, c'est quand même assez rare. On s'est directement mis à rouler. On a toujours gardé cette supériorité numérique. Il n'y a pas de cadeaux sur un Championnat. On était sûrs de nos cartes et ça l'a fait.

Tu montres que même sans être de la région, on peut s’intégrer au Vendée U…
On m'a beaucoup dit en arrivant que l’intégration pouvait être difficile. Je suis rhônalpin et j'ai beaucoup discuté avec Sandy (Dujardin) qui a fait ça avant moi. Et honnêtement non, de l'extérieur ça fait un peu secte (rires), mais de l'intérieur c'est une super équipe, ce n'est pas parce que je suis rhonalpin que je ne suis pas intégré, au contraire. Pour le niveau supérieur, ce n'est pas moi qui décide donc je fais ce qu'on me dit de faire et c'est tout. Ça s'ouvre ou ça ne s'ouvre pas. Il y en a déjà deux qui passent (Emilien Jeannière et Thomas Bonnet - lire ici, NDLR) donc on verra.

« LE JOUR ET LA NUIT »

Tes entraineurs t’ont répété ces derniers jours que tu pouvais être Champion de France, y as-tu cru ?
Au début c'est de l'ironie, puis comme on le dit tous les jours, on se dit que ça va être comme ça alors. On savait que ça serait technique, on a réussi notre coup, le briefing a été respecté donc on est vraiment contents. À force de me faire appeler tous les jours au téléphone pour me dire que j'allais être Champion, que je devais réviser ma Marseillaise... on y croit (sourire). Mais quand on arrive pour un titre, trop penser, c'est se poser trop de questions. Quand on sait que toute l'équipe repose sur un seul coureur, et que c'est moi, ça met une petite pression. Mais j'ai essayé de l'oublier et de me concentrer sur moi.

Avais-tu imaginé prendre un tel virage il y a encore un an ?
Je n'aurais clairement pas imaginé ça l'année dernière. J'ai eu une opportunité, j'ai intégré le Vendée U cette année, ça marche du tonnerre. On se pousse à se dépasser pour les autres. Si on compare ma saison de l'année dernière et cette année, c'est le jour et la nuit. Certes c'est moi qui vais porter le maillot, mais c'est au nom de toute l'équipe.

Où vont tes pensées au moment d’endosser le maillot ?
Il va me falloir deux-trois jours pour comprendre que c'est moi qui vais porter le maillot tricolore. Ma première pensée va vers ma famille qui m'a poussé vers le vélo depuis gamin, qui m'a toujours motivé et suivi. Après c'est beaucoup de personnes au Vendée U, tout le staff. C'est pour eux aussi et tant d'autres.



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