Evaldas Siskevicius : « J’y croyais »

Crédit photo Michaël Gilson / DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson / DirectVelo

Evaldas Siskevicius n’est peut-être plus dans ses meilleures années, mais le Lituanien a du caractère et un gros mental. Le week-end dernier, il a fait preuve de bravoure et de malice pour se retrouver en tête du classement général des 4 Jours de Dunkerque après quatre jours de course (2.Pro). Avant de céder sa tunique rose, le lendemain, dans les pentes du Mont Cassel. L’athlète de 33 ans - qui a tout de même permis à sa nouvelle formation Go Sport-Roubaix Lille Métropole de se mettre en évidence sur une course primordiale pour la Conti nordiste - revient sur cette semaine intense pour DirectVelo. Entretien avec le Balte.

DirectVelo : Tu as vécu une semaine très riche sur les routes nordistes !
Evaldas Siskevicius : Je suis content d’être rentré à la maison (entretien réalisé ce mardi, NDLR). Je suis rincé, physiquement et mentalement (sourire). La fin de semaine a été difficile mais ça fait du bien d’évoluer à ce niveau. J’ai connu un début de saison compliqué. Quand on change d’équipe, il faut le temps de s’adapter. Je ne suis plus tout jeune, ça me prend plus de temps que ce que j’aurais pensé, notamment pour le changement de vélo. C’est de l’adaptation, ça compte. Tout est à prendre en compte. Mais ça commence à bien revenir maintenant.

Tu as été acteur des 4 Jours de Dunkerque et tu as fini par porter le maillot de leader…
C’était notre objectif. On voulait être présent dans les échappées sur cette course. Initialement, mon plan était de prendre des bonifs sur la première ou la deuxième étape, avant de m’économiser les jours suivants pour ensuite essayer de tout mettre sur l’étape reine, celle de Cassel, avec l’envie de faire une bonne place au classement général. Les circonstances de course ont fait que je me suis retrouvé devant sur la deuxième journée. J’ai pu me replacer au général, une première fois, à ce moment-là (4e, NDLR). Mais j’ai fini vraiment cramé après cette étape. Je suis allé au-delà de mes limites. Le quatrième jour, j’ai remis ça. On avait prévu le coup : on voulait essayer de récupérer le maillot avec Samuel Leroux ou moi. Ce n’était pas gagné d’avance mais j’ai réussi à prendre les secondes de bonifications suffisantes pour récupérer le maillot rose. La couleur ne m’a pas trop changé (sourire) mais c’était un moment sympa.

« JE N’AI PAS DE REGRETS »

T’es-tu imaginé pouvoir conserver ce maillot rose jusqu’au bout ?
Sur le moment, après avoir pris le maillot, ça allait plutôt bien. J’étais assez confiant mais j’ai senti que j’avais quand même laissé pas mal de cartouches sur les premières journées. Et d’un autre côté, j’avais le sentiment qu’il n’y avait personne au-dessus du lot sur cette course, aucun coureur ou aucune équipe. Tout le monde avait sa chance. Je me suis dit que c’était donc peut-être possible. Sur l’étape de Cassel, à trois tours de l’arrivée, je me sentais encore bien. Je n’étais sûr de rien mais j’y croyais. Mais à un tour et demi de l’arrivée, je ne pouvais plus suivre les attaques sévères… Avec mon expérience, j’ai vite compris que ça n’allait pas le faire même si j’ai tout donné. Je me suis battu. Garder le maillot aurait été un exploit et quelque chose d’exceptionnel, il faut être honnête. Je n’ai pas de regrets, ce n’était déjà pas si mal cette semaine à Dunkerque avec les échappées et le port du maillot de leader.

Porter le maillot de leader sur les 4 Jours de Dunkerque était un grand moment pour toi comme pour l’équipe !
Je ne voulais pas que tout tourne autour de moi. Samuel Leroux pouvait jouer le général, lui aussi. J’arrive à un stade de ma carrière où je ne cherche pas nécessairement les résultats mais plutôt à aider les jeunes, dans le rôle d’un capitaine de route. Mais c’est vrai que pour l’équipe, c’était LA course où il fallait faire un truc et on l’a fait avec le port du maillot rose, je ne dis pas le contraire (sourire).

« C’EST LE MAILLOT QU'IL MANQUE À MA COLLECTION »

En remportant le général, Philippe Gilbert a prouvé qu’il était encore compétitif. En quelque sorte, tu en as fait de même, toi qui tenais à prouver en cette saison 2022 que tu n’étais “pas fini” ?
Je n’avais plus porté un maillot de leader depuis dix ans à ce niveau, c’était au Tour du Limousin. J’ai dit à ma femme qu’il allait falloir faire encore un peu plus de place dans la commode réservée pour la collection des maillots ! C’est sûr que ce sera un bon souvenir. Je ne me mets plus de pression mais je prends toujours du plaisir à courir. Physiquement, je sens que je suis sans doute un peu moins fort qu’avant mais j’essaie de compenser tactiquement. Je calcule beaucoup plus mes efforts que par le passé. Dans l'échappée, par exemple, j’ai arrêté de rouler à l’avant lorsque nous n’avions plus qu’une minute d’avance. Je ne voulais pas insister pour rien. Je m’adapte même si l’orgueil en prend parfois un coup.

Et maintenant ?
Je vais faire le Tro Bro Leon, une course qui peut me convenir (11e en 2013, 13e en 2017, NDLR). Mais le plateau y est de plus en plus relevé. Ce ne sera pas simple ! Puis il y aura le Tour du Finistère, les Boucles de l’Aulne, la Ronde de l’Oise, le Ventoux, la Route d’Occitanie… et le Championnat de Lituanie ! J’aimerais vraiment décrocher le titre sur la route, après mes deux victoires sur le chrono. C’est le maillot qu'il manque à ma collection ! Je voudrais le rajouter dans mon armoire, celui-là. 

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