Comme dans un rêve ! Ce dimanche, Niels Michotte a remporté Paris-Roubaix Juniors, sept mois et demi après sa lourde chute sur les routes du Grand Prix de Rüebliland, en Suisse. Il avait alors manqué tous ses plus grands rendez-vous de la fin de saison 2021 mais s’était promis de revenir au top pour ce Paris-Roubaix dont il a finalement soulevé le plus beau des pavés, lors du podium protocolaire, au terme d’un joli numéro en solitaire (voir classement). DirectVelo a recueilli la réaction du Luxembourgeois du collectif d’AG2R Citroën U19 au cœur du vélodrome roubaisien.

DirectVelo : Tu as réalisé une course pleine !
Niels Michotte : Je suis d’abord parti avec Jan Christen sur le pavé. Matys Grisel avait attaqué seul. On a bien géré avec l'équipe. Le but était que je garde des cartouches en cas de sprint. Je n’avais pas du tout imaginé jouer ma carte comme ça, en solitaire. Mais c’est Paris-Roubaix, il y a beaucoup d’imprévus sur cette course. Une fois dans Mons-en-Pévèle, je n’ai pas voulu insister car il y avait trop de gars frais dans le peloton avec notamment les Danois et des Norvégiens. J'ai assuré le coup. Joshua Tarling et Artem Schmidt étaient encore dans le peloton, ce sont des gros rouleurs capables de ramener le groupe.

Puis tu as été victime d’une chute…
Oui, ça m'a bloqué la jambe gauche. J'ai un ami du Luxembourg, Mil Morang, qui m'a ramené dans le premier groupe. J'ai quand même mis une vingtaine de minutes pour rentrer. J'ai demandé à mon équipe de rouler pour ne pas cramper. J’ai pris le temps de faire le vide, de me calmer et de bien me ravitailler. Mes coéquipiers ont été formidables.

Tu as ensuite retrouvé la force physique et mentale pour attaquer une nouvelle fois !
Je voulais éviter les à-coups. Je sais que j'ai des capacités de rouleur. Passer une heure en échappée, ça me plait. Sur cette course-là, avec les pavés, on sait que ça peut aller loin en ayant un coup d’avance. Cette fois-ci, je me suis retrouvé avec un Français et un Danois à l’avant (Victor Dattin et Henrik Breiner Pedersen, NDLR). Le Danois n'avait aucune raison de rouler et avait une grosse équipe derrière lui. Je savais que ça ne marcherait pas comme ça alors j’ai décidé d’en remettre une couche à la faveur d’un secteur pavé. C’était le moment ou jamais. J’ai vite pris quinze mètres, alors j’ai insisté. Je me sentais bien, j’avais de bonnes jambes.

« IL Y A QUELQUES ANNÉES, J'ÉTAIS DANS LE PUBLIC »

Qu’as-tu ressenti pendant ces vingt derniers kilomètres passés seul en tête ?
L'ambiance dans le Carrefour de l'Arbre, c'était indescriptible ! Pourtant, à chaque coup de pédale, ça brûlait. J’ai repensé à la 2e place d’Hugo Toumire ici-même il y a quelques années, c’était une motivation supplémentaire (en 2019 derrière le Néerlandais Hidde van Veenendaal, NDLR). Puis sur le vélodrome, c’était vraiment intense au niveau des émotions ! C’est le plus beau jour de ma vie. Je n’y crois toujours pas. La 3e place de mon coéquipier Léandre Lozouet est la cerise sur le gâteau. Il y a quelques années, j’étais dans le public, dans ce même vélodrome, à crier sur les coureurs pour les encourager et cette fois-ci, c’est moi qui suis entré en tête. Ce que j’ai ressenti aujourd’hui (dimanche), je ne l’oublierai jamais. En plus, mes parents étaient là, notamment au ravito. Ils m’ont porté chance.

Tu vas maintenant disputer le reste de la saison dans la peau du vainqueur de Paris-Roubaix… Rien que ça !
L’an dernier, j’aurais sans doute été trop jeune et trop immature pour gérer ce type d’émotions. Je m’étais cassé le radius lors du GP Rüebliland en fin de saison. J’ai loupé les Championnats d’Europe et du Monde. Mais aussi Paris-Roubaix, justement ! Mentalement, ça m’avait fait mal. Dès le moment où je suis remonté sur mon vélo, j’ai eu ce Paris-Roubaix 2022 en tête.

Comment te sens-tu au sein de la formation AG2R Citroën ?
C'était un vrai délire de rejoindre cette équipe ! Je me suis porté candidat comme tant d'autres et ça a marché. J'ai parlé avec Alexandre Chenivesse et Alexandre Pacot. Mon profil leur a plu, il y avait une place pour un J2… Je leur ai fait part de mes objectifs et ils étaient à fond derrière moi. C'est fou de faire partie de cette équipe.