Thibaut Madorre : « La marque de fabrique »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

L’audace a été récompensée, ce dimanche sur la Gainsbarre. Parti dans le circuit final, à environ dix kilomètres du terme, Thibaut Madorre a fait cavalier seul. Plus personne ne l’a jamais revu. Le coureur du Paris Cycliste Olympique avait pourtant un groupe de presque vingt coureurs lancé à ses trousses. Mais il a réussi son coup. Et s’offre ainsi son premier succès Élite, à 26 ans (voir classement). Après le podium protocolaire, Thibaut Madorre est revenu sur cette première au micro de DirectVelo.

DirectVelo : Pour une première victoire, tu as mis la manière !
Thibaut Madorre : Oui c’est la première en Élite. Et même en 1ère Caté, je n’avais jamais gagné donc ça fait du bien. Quant à la manière, c’est un peu la marque de fabrique des mecs de Paris Cycliste Olympique. On est dans ce style-là. On ne va pas très vite au sprint donc j’ai tenté comme ça, j’ai profité du marquage qu’il y avait entre Sojasun et Rouen, ça m’a souri.

« TOUS LES COÉQUIPIERS ÉTAIENT SUR LE BORD DE LA ROUTE »

Comment t’es-tu retrouvé dans ce groupe de vingt, et surtout unique représentant parisien ?
Pour moi c’était assez simple, je voulais absolument être devant, quitte à faire trop d’efforts et peut-être bâcher en pensant à demain (dimanche). J’ai attaqué au pied de la bosse pour arriver à sortir et prendre un petit coup d’avance. Je savais que souvent sur le haut, ça faisait un groupe et ça arrivait à revenir. Je me méfiais pas mal de Kévin Le Cunff quand même, que je connais bien. Et du coup c’est sorti une fois où on était une vingtaine devant. Du coup j’ai refait la même chose quelques tours après et on s’est retrouvé à une vingtaine, et puis ça a commencé à bien tourner. On a rapidement creusé et on s’est retrouvé avec deux minutes, donc c’était un matelas assez confortable. Ça a bagarré un tout petit peu sur la fin mais sinon ça a vraiment bien collaboré. Du coup moi je savais que j’avais juste à bien calculer et que ça allait être vraiment plus technique sur la fin, un peu plus stratégique, donc je me suis calé sur les mecs de Rouen et Sojasun. J’ai profité du marquage qu’ils avaient entre eux deux.

Souvent les groupes explosaient sur le haut de la bosse, sur le replat…
Souvent sur les 200 derniers mètres de la bosse aussi, oui. C’était quand même des bosses courtes mais dures. Du coup, souvent, il y a eu quelques mecs qui se couchaient sur le haut alors que c’était toujours là qu’il fallait en remettre un peu pour pouvoir partir. Les différences se faisaient vraiment là-haut.

Qu’as-tu pensé au moment où tu es parti seul à l’aventure ?
Sur le moment, ça attaquait un peu avant et du coup sur la partie vent de dos, on savait très bien que ce soit un groupe ou un homme seul, on roule à la même vitesse, donc j’en ai profité. Je savais qu’il ne restait pas énormément de kilomètres, que ça allait se marquer, que tout le monde allait se poser la question de qui ferait l’effort. Et puis une fois que je suis parti, il n’y avait plus qu’à tout donner et j’essayais de ne pas me retourner. Je n’écoutais pas ce qui se disait sur le bord de la route, j’appuyais et puis je suis arrivé sur le petit port à 500 mètres, et j’ai compris que c’était fait. C’était un beau moment, il y avait tous les coéquipiers qui étaient sur le bord de la route. C’était top ! J’ai pu profiter, c’était court, seulement les 500 derniers mètres, mais ça fait du bien.

« J’ARRIVE ENCORE À PROGRESSER »

Tu décroches ton premier succès à 26 ans…
Oui, j’ai eu mes premières années au niveau Élite au Team Peltrax et j’ai toujours plutôt été un coéquipier, je n’ai jamais été un champion ou quelque chose comme ça. Cette place me convenait bien et puis l’année dernière, la victoire en N2 avec Paris (en Coupe de France, NDLR), ça nous a tous mis dans une spirale où on s’est senti investi au niveau du club. Cette année, c’est le cran N1. Moi je l’ai connu dans mes dernières années Peltrax, du coup je savais à quoi m’attendre, et c’est pour ça que j’ai fait tout ce qu’il fallait pour être au niveau. Je suis vraiment content que dans ma 26e année, j’arrive encore à progresser, c’est peut-être la force de l’âge aussi.

Tu t’investis davantage sur le vélo ?
Non, pas forcément. Même moins qu’avant car maintenant je travaille dans un magasin de vélo sur Paris. Et donc je travaille un peu plus de 30h par semaine. Ça fait des grosses semaines, donc ça ne laisse pas le temps de s’ennuyer, pas le temps de se poser des questions. C’est une organisation et ça roule vraiment mieux comme ça je trouve. J’ai fait un an et demi où je n’ai fait que du vélo et je trouve que même mentalement ça se passait moins bien. J’ai trouvé mon équilibre et ça me va mieux.

Cette victoire en Élite t’ouvre des idées ?
Depuis cet hiver, j’avoue que j’y pense beaucoup parce que je me suis vraiment dit que cette année serait ma dernière année de vélo à ce niveau-là. Après je me consacrerai plus à ma vie personnelle et professionnelle. Donc je m’étais dit que je n’avais pas envie de partir avec des regrets, et une victoire en Élite serait vraiment belle. J'aime bien le chrono donc je vais essayer de préparer le Championnat de France de chrono au mieux, et puis on verra, je ne me mets pas de pression. Le plaisir avant tout.

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