GP de Lillers : Les amateurs dans la bordure

Crédit photo Hugo Barthélémy / DirectVelo

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Les épreuves de Classe 2 sont l’occasion de voir se mêler dans un même peloton des coureurs amateurs et professionnels. C’était donc le cas dimanche à l’occasion du Grand Prix de Lillers (1.2). Et si les meilleurs amateurs parviennent régulièrement à rivaliser avec leurs homologues professionnels, la différence s’est clairement fait sentir cette fois-ci sur les routes du Pas-de-Calais. Lorsque la formation Bingoal-Pauwels Sauce-WB a décidé de provoquer un coup de bordure pour faire la sélection à deux tours de l’arrivée, le peloton a explosé. Seule une trentaine de concurrents est parvenue à se maintenir aux avant-postes et parmi eux, aucun membre d’une équipe amateur. Il faut dire que la plupart des meilleurs éléments de ces différentes équipes étaient présents sur un autre front. En parallèle du Grand Prix de Lillers se tenait en effet, notamment, la Vienne Classic, deuxième manche de la Coupe de France N1.

PRIORITÉ QUASI ABSOLUE À LA VIENNE CLASSIC

Alors que certaines structures bretonnes ont fait le choix de privilégier Manche-Atlantique plutôt que la Vienne Classic, les Nordistes de Dunkerque Grand Littoral ont mis leur équipe A en Coupe de France plutôt qu’à Lillers. Un choix assumé.Avant même le début de saison, lors des stages d’intersaison, j’avais décidé que la Coupe de France serait la grande priorité de l’équipe et le fil rouge de notre saison. C’est l’objectif du club. On veut terminer sur le podium de la Coupe de France. De fait, toutes les manches sont importantes”, explique Thomas Bodo pour DirectVelo. Bien que le Grand Prix de Lillers était une épreuve de Classe 2 disputée dans le département voisin du Pas-de-Calais, il n’était pas question de couper la poire en deux. “Autant faire les choses bien ! Si on commence à se diviser sur des objectifs, ça devient compliqué. Il y a besoin d’avoir un groupe constant, avec un noyau dur qui ne bouge pas à 80% sur chaque manche de la Coupe de France. Notre résultat du week-end conforte cette option. On ne fait pas de grosses étincelles mais on est présents et réguliers”, se félicite le directeur sportif. Avec la 3e place de Kévin Le Cunff et le nouvel accessit d’Axel Huens (voir classement), le choix du technicien s’est avéré payant. Sans surprise en revanche, son autre groupe n’a pas pu faire de miracle. “Nous avions à Lillers des coureurs en pleine progression comme Émilien Vandermeersch ou Célestin Leyman, qui revient petit à petit, et des jeunes en devenir, mais ça restait forcément compliqué”.

Des coureurs qui n’ont pas pu garder les roues du premier groupe au moment décisif de la course. Mais la structure dunkerquoise n’est donc pas la seule à avoir souffert face aux pros. Du côté des Picards de Nogent-sur-Oise, autre club qui évoluait non loin de la maison à Lillers, la stratégie était la même. On avait des jeunes en apprentissage sur la course car la Coupe de France était la priorité absolue. On avait mis notre deuxième front à Lillers, clairement. J’attendais quand même un résultat personnel. J’étais protégé, avec Nicolas Marthe. On était ambitieux mais le placement nous coûte un bon résultat”, relate Killyan Houcke. Le grimpeur Baptiste Huyet, 6e au sommet du Plateau de Beille lors de la dernière Ronde de l’Isard, tient sensiblement le même discours pour le CC Étupes. “La Coupe de France était l’objectif principal même si ça n’a pas super bien marché. Notre front de Lillers avait pour but de prendre de l’expérience sur un type de course qui ne nous convient pas forcément très bien. Il faut se faire violence pour devenir des coureurs complets mais sur le papier, ça allait forcément être dur de performer même si on y croit toujours”.

Pour les Nordistes de l’ESEG Douai, ce Grand Prix de Lillers était évidemment un grand moment de ce début de saison. Léandre Huck a amorcé la première échappée de la journée, histoire de bien lancer son équipe. Mais la suite a rapidement été moins réjouissante. “On était motivé pour notre première course UCI de la saison, qui plus est dans la région. Malheureusement, juste après que le groupe est sorti, on a été surpris dans un virage, ça a freiné fort et je me suis retrouvé par terre… L’échappée s’est arrêtée pour moi au bout de deux bornes alors que j’étais devant. J’étais super frustré tout le reste de la course. J’étais déçu d’un point de vue personnel mais aussi pour l’équipe car il était important pour nous de mettre un mec devant. On aurait pu montrer le maillot et aller chercher des prix”.

LES FORCES COLLECTIVES FONT LA DIFFÉRENCE 

Car par la suite, malgré la longue échappée de Théo Jacquemin (VC Rouen 76), aucune équipe de National n’est parvenue à peser sur le final. La totalité des coureurs de ces formations a été piégée par les bordures de fin de course. “Quand le peloton s’est cassé, on était deux-trois de l’équipe juste au début du deuxième groupe. Ça a cassé devant nous mais je n’ai pas pu faire le jump. Je suis un peu déçu mais ils ont vraiment mis un gros coup de force et il faut avouer qu'on n’était pas forcément capables de suivre. Le peloton a explosé”, relate Corentin Bautrait. Le sociétaire du VC Rouen 76 concède que “le placement joue beaucoup dans ces cas-là, mais la patte aussi. Les mecs les plus forts se retrouvent devant. Je suis quand même content de faire un Top 50 en Classe 2. Je me suis fait plaisir”, assure-t-il.

Tel était aussi le but sur ce Grand Prix de Lillers. Les équipes de N1 présentes sur place se doutaient qu’il serait difficile de rivaliser avec les pros, mais il fallait permettre aux jeunes présents d'emmagasiner un maximum d’expérience. “Sur les bordures, on voit que le niveau est élevé. Les mecs sont très bien regroupés à l’avant et pour nous, c’est dur de se faire une place. On voit au classement qu’aucun mec de N1 n’a réussi à être devant mais pour moi, ce n’est pas qu’une question de niveau”, analyse Léandre Huck. “Les pros ont leurs automatismes et arrivent à mieux se placer, c’est surtout ça. Il fallait avoir une certaine lucidité pour sentir le coup se faire mais après 150 bornes, ce n’est pas simple pour nous. Quand tu disputes une course de 180 kilomètres, tu passes un certain palier. Mais au moins, ça nous fait prendre de la caisse. J’étais quand même très content d’être là”.

Killyan Houcke a eu le même ressenti, tout en étant persuadé qu’il y avait possibilité de faire mieux. “Je pense qu’à la patte, il était possible de suivre. Franchement, j’aurais pu être là. Mais c’est un problème de placement. Frotter avec eux, dans l’absolu, ce n’est pas si difficile de le faire, mais il faut l’équipe pour…”. Baptiste Huyet, venu préparer son premier gros bloc d’objectifs des prochaines semaines, pense lui aussi à l’échelle collective. “On peut jouer des coudes mais il faudrait y aller en équipe. Seul ou à deux, c’est trop compliqué”. Tous ont eu le sentiment qu’il n’en a pas manqué tant que ça pour être dans le premier paquet. Mais tous admettent aussi que collectivement, St-Michel-Auber 93, Go Sport-Roubaix Lille Métropole ou plus encore Bingoal-Pauwels Sauces-WB étaient un gros cran au-dessus.

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Portrait de Corentin BAUTRAIT
Portrait de Killyan HOUCKE
Portrait de Léandre HUCK
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