Jean Goubert : « On est prêt à souffrir »

Crédit photo Nice Métropole Côte d'Azur

Crédit photo Nice Métropole Côte d'Azur

Il y a deux ans à peine, Jean Goubert s’était fait à l’idée de se retirer du monde du cyclisme, doucement mais sûrement, après une carrière amateur honorable ponctuée de deux succès en Toutes Catégories, sur le GP d’ouverture REVA-Le Sequestre (2018) et la Ronde du Queyran (2020). Depuis, il a vu son équipe passer de la N2 au niveau Continental, cette saison, avec entre temps une saison 2021 très enrichissante qui a servi de transition. Le voilà donc professionnel, à 27 ans, et prêt à en découdre avec certains des meilleurs coureurs mondiaux à partir de ce dimanche, lors du GP La Marseillaise. Pour DirectVelo, l’Ariégeois - béarnais de naissance - fait le point juste avant de se jeter dans le grand bain avec ses coéquipiers de Nice Métropole Côte d’Azur.

DirectVelo : Comment appréhendes-tu ce passage chez les pros ?
Jean Goubert : J’ai envie de voir où je me situe par rapport aux autres. Sans pression. Tout commence dimanche, à Marseille, et ce sera un grand moment pour tout le groupe, avec les copains. On va en profiter et faire la meilleure place possible.

« IL NE FAUDRA PAS AVOIR PEUR »

Le mois de février s’annonce particulièrement exigeant avec des courses très difficiles et des plateaux de grande qualité !
On nous a dit qu’on allait souffrir, ce qui est normal. Mentalement, on est prêt à souffrir. Le niveau, ce sera celui du WorldTour. On sait qu’il y aura des moments difficiles à passer mais on veut être combatif. Il va falloir profiter des premières courses pour se faire une place, pour se faire respecter. Il va falloir jouer des coudes sinon, on va se faire bouffer. On sait que ce n’est pas évident pour les coureurs d’Auber ou de Roubaix, qui sont là depuis des années. Maxime (Urruty) nous a bien briefés. Alors je n’imagine même pas comment on va nous regarder nous, l’équipe qui arrive des rangs amateurs. Mais on va frotter, il ne faudra pas avoir peur. Je suis super positif et serein. Je suis honoré de participer à cette aventure. Je vais être émerveillé sur la ligne de départ du GP La Marseillaise, c’est sûr. Mais une fois que la course sera lancée, je serai là pour performer, et prendre du plaisir dans la souffrance. Ce sera beaucoup de plaisir, d’autant que je connais bien les routes de cette course. J’ai vécu à Bouc-Bel-Air pendant un an, avec la famille Gardella. C’est un joli clin d'œil de commencer là-bas.

T’imaginais-tu pouvoir passer pro un jour ? 
Pas du tout. En tout cas, pas jusqu’à l’an passé. J’avais dit à Frédéric Doutre (directeur sportif dans l’équipe, NDLR) que je terminerais ma carrière dans le club, en mémoire d’un ami en commun, Florent Sentucq (décédé des suites d’une chute sur le Circuit Boussaquin en 2016, NDLR). On voulait honorer sa mémoire. Petit à petit, je me suis lancé dans l’immobilier en tant qu’auto-entrepreneur. J’ai préparé ma reconversion mais je ne voulais pas m’arrêter d’un coup, alors j’ai continué le cyclisme en 2020. J’avais prévenu Frédéric que j’allais faire la bascule et me consacrer à ma carrière professionnelle dans l’immobilier. C’était vraiment prévu comme ça. Puis Frédéric m’a annoncé, l’an passé, le projet fou de passer pro en 2022. Il m’a demandé si j’étais intéressé et m’a assuré que, si c’était le cas, j’aurais une place dans le groupe. Il a tenu parole.

Tu as une histoire forte avec ce club, que tu avais rejoint par l'intermédiaire du VS Hyérois en 2016, avant que l’équipe ne s'associe avec Nice et ne devienne le Team cycliste azuréen. Puis tu y es revenu en 2020…
C’est une aventure humaine que l’on a entamée depuis des années, avec des mecs comme Tristan Delacroix. L’an passé, c’était déjà une très belle étape de franchie, avec la découverte de belles Classe 2 à l’étranger. C’était un premier rêve, une superbe aventure. On a connu un niveau très élevé, en Croatie ou en Pologne. Ça nous a permis de prendre de la caisse mais aussi de passer un cap mental.

« JE CONSIDÈRE AVOIR PROUVÉ QUE J’AVAIS LE NIVEAU »

Comment projettes-tu ton avenir à moyen terme désormais ?
Cette carrière cycliste chez les pros, je ne sais pas du tout combien de temps ça va durer. Un an, deux ans, cinq ans… En tout cas, je suis prêt. Je ne suis pas le gars avec le plus gros des palmarès, d’autres coureurs marchent plus fort que moi. Mais je pense pouvoir apporter des choses à l’équipe, notamment sur la sérénité. À 27 ans, on n’est plus le même qu’à 20 ans. Je vais pleinement profiter de cette chance de passer pro et je compte bien me montrer.

Te sens-tu légitime chez les pros ?
En fin de saison, je considère avoir prouvé que j’avais le niveau et que j’ai passé un cap. Je n’ai pas gagné le Tour de Serbie en claquant des doigts (il s’est aussi imposé sur le Tour du Périgord, en Coupe de France N2, et sur la Route d’Or du Poitou à Civray - voir sa fiche coureur, NDLR). J’ai fait des sacrifices. Ma place, je pense la mériter. Mais le fait de passer pro ne devient pas une finalité, c’est le début d’une nouvelle aventure. J’ai envie d’exister. Prouver aux autres que j’ai ma place, je m’en fous. C’est une démarche vraiment personnelle. Je veux repousser et atteindre mes limites. Si je ne gagne pas, ce n’est pas grave, mais je veux aller au bout de mes idées.

Dans quels domaines penses-tu avoir la plus grosse marge de progression ?
C’est assez général. Je vais forcément progresser sur l’endurance. En faisant des courses de 200 km, on va progresser. L’intensité des premières courses va aussi nous faire franchir un palier. Mais en fait, j’ai déjà passé un gros palier sur la dernière année. Quand je vois les watts que je développe à l’entraînement en ce moment, ça n’a rien à voir avec l’hiver dernier. J’ai progressé, et je progresserai encore. Je ne me fixe pas de limites. Je veux progresser dans tous les domaines, y compris en montagne. Même si ce n’est pas la meilleure période pour enchaîner les cols, j’ai fait le forcing cet hiver. Ce n’était pas toujours agréable avec le froid, dans les descentes, mais je l’ai fait. C’était important. Maintenant, je suis prêt à enchaîner le GP La Marseillaise, le Tour de la Provence, le Tour des Alpes-Maritimes et du Var et le week-end en Drôme/Ardèche. On va souffrir mais on va aussi bien s’amuser. 

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