Yacine Chalel ne conseille pas sa tactique à tout le monde

Crédit photo DR

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Samedi, Yacine Chalel enfilera sa combinaison verte et blanche aux couleurs de l'Algérie pour participer à la deuxième manche de la Ligue des Champions. Le nouveau format de l'UCI fait halte en Lituanie, après une première étape à Palma de Majorque et avant les trois dernières manches à Londres et Tel-Aviv. Le coureur de tout juste 26 ans vole d'avion en avion puisqu'il était encore en début de semaine au Caire pour participer au Championnat arabe sur piste. Il y a conquis de nouveaux titres - notre photo -, en particulier dans l'élimination qui est devenue sa grande spécialité alors que pendant des années c'était la course qui lui réussissait le moins, comme il le raconte à DirectVelo.

DirectVelo : Tu as visité combien de pays depuis plus de deux mois ?
Yacine Chalel : Quatre en tout depuis la Coupe de France à Lyon : la République Tchèque, l'Espagne, l'Egypte et la France. Et vendredi je pars pour la Lituanie. Les déplacements commencent à être difficiles, la saison est longue et les courses s'enchaînent depuis début septembre. Mais c'était nécessaire pour préparer le Championnat du Monde. Ça commence à tirer au niveau physique et psychologique. L'entraînement est plus léger mais je garde la motivation. Le vélo ne sortira pas avant d'arriver en Lituanie.

Tu arrives du Championnat arabe au Caire, où tu as gagné deux titres...
La poursuite par équipes et l'élimination, et je termine 2e de l'Américaine avec Lotfi Tchambaz. En poursuite par équipes, c'est la première fois que l'Algérie remporte l'épreuve dans ce Championnat. Le dernier Championnat d'Afrique a été l'élément déclencheur. En finale face à l'Afrique du Sud, on n'était pas passé loin mais il nous avait manqué la cohésion. C'est compliqué de nous entraîner ensemble mais avec Lotfi, on est à Paris. Les autres ont des bases de contre-la-montre par équipes. On travaille beaucoup avec la vidéo pour la technique. On reste loin des standards internationaux mais nos chronos ont connu une progression fulgurante, de 4'50" à 4'25".

« J'AI EU UN DÉCLIC IL Y A UN AN ET DEMI »

L'élimination est devenue ta spécialité. Qu'est-ce que tu aimes dans cette discipline ?
Pourtant, pendant longtemps, j'ai été très mauvais en élimination. J'ai commencé le vélo en 2004 et je fais vraiment de la piste depuis 2006, et je n'y arrivais pas. Mais j'ai eu un déclic il y a un an et demi. C'était à la Coupe du Monde à Milton (Canada), dans l'Omnium. J'avais fait une élimination solide tactiquement et physiquement. Je l'ai revue plusieurs fois pour bien l'analyser.

Pourtant, tu as une tactique très personnelle...
Oui, je ne la conseillerais pas à tout le monde. C'est une tactique risquée. Je reste à la corde, où on peut être enfermé, mais j'ai la capacité de frotter. En restant à la corde, je parcours moins de distance. Je dépense le moins d'énergie possible pour aller le plus loin possible. J'ai passé beaucoup de temps à visionner les courses des autres. Viviani à Roubaix, c'est une leçon à regarder.

Comment s'est passé ton Championnat du Monde ?
J'ai eu une saison particulière avec des problèmes respiratoires après avoir attrapé le Covid. Au scratch, je n'étais pas bien et je me fais éliminer de l'Omnium. L'élimination était ma dernière course et j'étais N°1 mondial. Depuis le Championnat du Monde de Berlin, je rêvais d'un Top 10 et j'y suis arrivé (il se classe 10e, NDLR). En revoyant la course, je constate qu'il y a des points d'amélioration. J'ai mieux couru à Majorque par exemple. Au niveau du braquet j'aurais dû mettre une dent de mieux, j'en ai senti les bienfaits à la première manche de la Ligue des Champions. Après ces résultats, je sens que le regard change autour de moi. Maintenant, je pense pouvoir viser plus haut, on est sur la bonne voie.

« ON RIGOLE PLUS ENTRE COUREURS »

Comment as-tu été invité à la Ligue des Champions ?
Il fallait se pré-inscrire et ils m'ont contacté en septembre quand j'étais au Grand Prix de Brno. J'étais N°1 mondial de l'élimination. C'est un vrai coup de boost pour moi. On sent qu'il y a de vraies attentes autour de l'événement. C'est gratifiant d'en faire partie et c'est bien aussi pour l'Algérie et même pour l'Afrique d'avoir un représentant en endurance. Tout ce qu'on a fait depuis cinq ans a servi.

Comment es-tu encadré sur place ? As-tu un mécano par exemple ?
L'organisation prend en charge les coureurs mais pas l'encadrement. Des mécanos sont mis à disposition mais certains pays viennent avec du staff en plus. Les coureurs ont une prime à la signature qui permet de couvrir les frais de transport pour se rendre au lieu des compétitions. Mais une fois sur place, nous sommes pris en charge pour le transport, la logistique. Il y a aussi de l'entraide entre coureurs et le besoin en staff est moins important que pour un Championnat.

Où situerais-tu l'intensité de la compétition par rapport à un Championnat ?
C'est plus détendu, on rigole plus entre coureurs mais on fait la course. Pour donner un exemple, la veille de la course à Majorque, on avait des simulations de course. Je m'étais dit que c'était pour essayer les lumières et les caméras mais dès qu'on était sur la piste, c'était la course. Ce n'est pas seulement un spectacle.

TROP PETIT POUR LE SCRATCH

Pour la première course, le scratch, tu as été surpris par la vitesse...
Je suis arrivé avec le même braquet qu'au Championnat du Monde, 55x14. Les autres étaient à 10 tr/min de moins que moi. Le scratch sur 20 tours, c'est très rapide alors que je suis plus diesel. Pour la Lituanie, j'envisage de mettre 57x14.

Où vas-tu courir après la finale du 11 décembre ?
Je vais courir jusqu'au Challenge de Granges les 16 et 17 décembre. Je coupe après, je partirai dix jours en vacances. Mais d'ici là, je chercherai à faire du jus et le maintenir. Ça peut m'arriver d'aller rouler 30 minutes à Saint-Quentin. Il faut générer le moins de fatigue possible.

Et l'an prochain, dans quelle équipe seras-tu ?
Je quitte la DN et je vais au Team Allcycles Val d'Europe qui a compris l'intérêt d'avoir des pistards. Je me suis aussi mis d'accord avec la Fédération algérienne pour participer à des Classe 2 avec l'équipe nationale. Ils ont un programme en Afrique mais aussi en Turquie et en Europe de l'Est. Pour moi, c'est un pas en avant et plus de libertés.

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