VC La Pomme Marseille : « C'est vraiment compliqué »

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

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Le VC La Pomme Marseille n’aura plus d’équipe Élites en 2022 (lire ici). Structure historique au niveau national - pilier du cyclisme provençal dans les années 2000 -, elle avait du mal à exister et à décrocher de bons résultats ces dernières saisons. Le vice-président du club, Jean-Pierre Carminati, homme fort du club depuis des décennies, explique ce choix pour DirectVelo et évoque l’avenir du club.

DirectVelo : Pourquoi le VC La Pomme Marseille ne figurera-t-il plus dans la liste des équipes de division nationale la saison prochaine ?
Jean-Pierre Carminati : Notre DN ne nous apporte plus rien. Le niveau n’est pas assez homogène. Freddy (Lecarpentier, directeur sportif de l’équipe jusqu’en 2020, NDLR) a fait tout ce qu’il a pu mais on a senti que c’était très dur depuis un moment, notamment pour avoir une équipe compétitive. Rien que pour avoir six coureurs de première catégorie, la limite réglementaire, ça devenait compliqué… Actuellement, on termine la saison sur les rotules, il ne nous reste plus grand-monde. Aux 4 Jours des As-en-Provence, il a fallu monter une équipe hybride avec deux coureurs du VS Hyérois, pour prendre le départ. Quel est l’intérêt, à terme ? Christophe (Gouyon) a fait ce qu’il a pu cette année, lui aussi. C’est un homme de valeurs qui a bien travaillé. Mais il nous faudrait des budgets beaucoup plus importants. On ne peut pas faire à la fois une équipe Juniors telle qu’on la souhaite, dans un projet plus global, et en même temps avoir une N2 ou une N3 compétitive. En tout cas, pas dans ces conditions car le cahier des charges est trop important pour nos finances… Nous n’avons pas les moyens d’être ambitieux sur les deux fronts, tout simplement.

Le club va donc se concentrer sur son effectif Juniors !
Exactement ! On aurait pu faire l’effort de garder les deux équipes, si on acceptait de partir sur quelque chose de “petit-petit” chez les Juniors. Mais on veut faire ça bien. On veut récupérer les meilleurs Juniors de la grande région. On a donc décidé de mettre le paquet sur la section Juniors, pour faire une équipe compétitive au niveau national. Jean-Michel Boggianti continuera de s’occuper de cette équipe Juniors, que l’on voudra ambitieuse. La première année sera peut-être plus compliquée car il faudra tout mettre en place. Mais l’idée, à terme, est de voir les meilleurs éléments de la région passer par le club, chez les Juniors, pour ensuite rejoindre les meilleures N1, voire des Conti. On aimerait retrouver au meilleur niveau mondial des coureurs passés par nos rangs chez les Juniors. C’est tout le sens de la labellisation de notre Pôle excellence avec la FFC, et de la convention signée avec le Lycée Nelson Mandela, à Marseille. On veut faire quelque chose de cohérent, avec des gamins qui visent le haut niveau et qui auraient des horaires aménagés à l’école. On le fait déjà depuis trois ans, en fait, mais là, ce serait encore plus poussé. On veut cibler les talents et les faire courir partout en France mais aussi à l’étranger. Le club mise sur la formation. Je pense que c’est d’autant plus cohérent que nous sommes le seul club, dans la région, à avoir des groupes de toutes les catégories d’âge.

« QUAND ON VOIT LE NOMBRE DE PROS QUI SONT SORTIS DE L'ÉQUIPE, C’EST DINGUE »

Avec la fin de l’équipe Élites, c’est une grande page du cyclisme provençal qui se tourne…
C’est vrai qu’on a fait de belles choses avec ce club. On a connu un grand VC La Pomme Marseille parce qu’il y avait Frédéric Rostaing. C’est moi qui l’avais embauché à l’époque, c’était mon premier salarié. Je l’ai recruté en 1996, en même temps que l’arrivée des premiers contrats aidés. Il a travaillé comme personne ne travaille plus… Il s’est énormément investi. On a travaillé avec le monde politique etc. Personne ne fait plus ça dans ces proportions. Il a tout sacrifié pour le club. Pour moi aussi, c’était le club avant tout. Pas de samedi, pas de dimanche… On a bossé dur pour faire monter le club tout en haut de la hiérarchie nationale (le VCLPM a remporté la Coupe de France des clubs en 2007, NDLR).

On imagine que c’est une fierté !
Bien sûr. Quand on pense au nombre de pros qui sont sortis de l’équipe, c’est dingue. Fred avait un coup d'œil exceptionnel. Il me disait qu’il allait faire venir un mec mais qu’il n’allait pas rester longtemps (sourire). Sous-entendu que le gars était très fort et qu’il allait vite passer au niveau supérieur. Aujourd’hui, on les revoit sur le Tour de France. La liste est longue, mais je pense par exemple à un garçon comme Dan Martin, qui vient d’ailleurs d’annoncer sa retraite. Le temps passe… Quand il était arrivé dans l’équipe, il ne mettait pas une pédale devant l’autre. Au début, sur les courses de la région, en 2e catégorie, il était largué... Puis il s’est très vite amélioré et il est devenu le champion que l’on connait. Des parcours comme celui-là, on en a eu quelques-uns. Ce sont de grands souvenirs.

« ÇA N’ALLAIT PAS »

Ces générations successives très talentueuses des années 2000 ont ensuite emmené la création de l'équipe Delko. La reconstruction de la structure amateure, en N3 puis tout récemment en N2, n’a elle plus jamais permis d’avoir de grands résultats au niveau national.
Le départ de Mathieu (Delarozière) avait fait beaucoup de mal. S’il était resté, je crois qu’il aurait pu faire progresser beaucoup de gens. C’était un directeur sportif de grande valeur, avec beaucoup de qualités. Son absence a fait du mal, pendant les mois qui ont suivi. Ensuite, une fois qu’on a loupé un train, il a été dur de combler notre retard et de repartir sur une bonne dynamique.

Peut-on imaginer revoir le VC La Pomme Marseille en division nationale à plus long terme ?
La porte n’est pas fermée. Si l’argent arrive, on le fera. Mais c’est vraiment compliqué. Le cyclisme provençal ne va pas bien. On le répète depuis des années mais on voit bien que la situation n’est réellement pas bonne. Il y a 40 Juniors dans la région… Et sur les 40, il y en a quinze chez nous… Il n’y a plus personne. Il faut payer les salariés. On ne va pas hypothéquer les emplois pour repartir absolument en DN… Ces dernières années, notre Espagnol (Marc Brustenga, NDLR) était l’arbre qui cachait la forêt, et la misère de notre équipe DN…. Mais en réalité, ça n’allait pas. Si c’est pour repartir dans ces conditions, et monter une équipe bancale, ce n’est pas la peine. Concentrons-nous sur nos Juniors et montons un projet crédible.

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