Une médaille au bout du tunnel pour les tricolores

Crédit photo Cloé Colinet - DirectVelo

Crédit photo Cloé Colinet - DirectVelo

Alors que le vaste parking des équipes se vide, les tricolores ne semblent pas pressés de quitter les lieux. Assis sur des chaises de camping, ils affichent tous un large sourire. À une dizaine de mètres de ses coureurs, au moment de revenir sur la journée, Thomas Voeckler est un sélectionneur comblé. “Sur un final avec un coup tactique, on pourrait avoir des regrets. Là on n’en a pas, assure le coach à DirectVelo. Benoît a pété à la pédale. On a fait du vélo comme j’aime. Je pense que les coureurs ont aimé aussi”.

Comme annoncé, les Français ont rendu la course difficile pour épuiser au maximum le favori Sonny Colbrelli. Ils ont mis le feu dès le troisième kilomètre, profitant de… l'obscurité d’un tunnel. “La tactique, c'était cette attaque dans le tunnel pour ne pas qu'on voit nos maillots sombres”, sourit Aurélien Paret-Peintre. Le 15e du dernier Tour de France s’est retrouvé à l’avant en compagnie de Franck Bonnamour. “Le but, c'était d'avoir un costaud avec nous, donc soit Romain (Bardet), soit Warren (Barguil), soit Thibaut (Pinot). On a fait un peu le dos rond devant. On savait qu'ils allaient relancer derrière”. Ils ont vu arriver Thibaut Pinot. “C'était la situation idéale. On a pu joindre nos efforts avec les Espagnols qui avaient fait un gros coup aussi, donc c'était super”. Après une partie en ligne totalement débridée, les spectateurs présents sur le circuit découvrent un peloton totalement explosé. 

« C’EST UN ÉTAT D’ESPRIT »

Les tricolores mettent sur orbite Benoît Cosnefroy dans la bosse, à cinq tours de l’arrivée, alors qu’un coup avec Tadej Pogacar vient de sortir. “500 mètres après avoir eu la consigne, on a eu des Pinot, Madouas et Barguil qui se sont sacrifiés. C’est un état d’esprit. Ça n'a pas l’air grand-chose mais c’est juste énorme, apprécie Thomas Voeckler. Quand on est en équipe de marque toute l’année et qu’une fois dans l’année on est coéquipiers, c’est super d’arriver à cet esprit collectif. Je les remercie pour ça. Je pense que ça a été flagrant pour ceux qui ont regardé la course”.

Une fois contraints à l’abandon, cinq des tricolores - seuls Benoît Cosnefroy, Romain Bardet et Warren Barguil figurent parmi les 31 classés - ont pu eux aussi observer le spectacle à la télévision. Avec le sentiment du devoir accompli et aucune déception de voir leur coéquipier céder à la pédale à treize bornes de l’arrivée face à Sonny Colbrelli et Remco Evenepoel (voir classement). “On a donné le maximum. On n'est pas déçu, assure Valentin Madouas. On est tombé sur plus fort que nous, mais on a tout tenté pour y arriver et pour avoir le titre. C'était une très belle course. On est content, on a fait ce qu'il fallait”.

« SUPER FIER D’EUX »

Proche de Benoît Cosnefroy depuis leur passage au Chambéry CF, Aurélien Paret-Peintre confie être impressionné par son ami. “Il a encore bien couru aujourd'hui (dimanche). Il a fait les bons choix au bon moment. Je l'ai rarement vu comme ça dans le final d'une course, à piocher autant. Je pense qu'il a tout donné. Il ne lui a pas manqué grand-chose mais énormément à la fois. Je pense que la bosse était peut-être un petit peu longue. Il a payé la répétition des efforts, qui a fait que la course correspondait aussi bien à des grimpeurs. Mais bon, pas de regrets. C'est quand même un podium”.

Une médaille de bronze acquise avec la manière. "Quand c’est comme ça c’est encore différent, apprécie Thomas Voeckler. À partir du moment où on a tout fait, bien sûr qu’il faut aller chercher le meilleur résultat possible si après la victoire n’est plus envisageable. On la savoure cette médaille. Je pense que Benoît, dans les derniers kilomètres, pour ne pas se faire reprendre, il a dû penser à ses copains qui se sont sacrifiés. Les gars sont fiers de ce qu’ils ont fait, je suis super fier d’eux”.

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