Team Pro Immo : « On peut être fiers »

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

Ils rêvaient tous de pouvoir rejoindre le monde professionnel en 2022 en même temps que leur Team Pro Immo Nicolas Roux, qui aspirait à l'accession en Conti. Au lieu de ça, les voilà contraints de trouver une nouvelle formation pour l’an prochain. Les rouge-et-noir auvergnats, triple vainqueurs du Challenge BBB-DirectVelo en titre et bien partis pour l’emporter encore une fois cette saison, ne seront plus présents dans le peloton pour la saison à venir. L’annonce a été faite officiellement ce mardi mais les coureurs en ont été avertis fin août. “C’est dommage pour les personnes qui se sont beaucoup impliquées dans ce projet, Nicolas Roux ou Patrick Bulidon. Je suis surtout attristé pour eux. Ce sont des gars qui ont beaucoup donné pour le vélo. C’est la fin d’une histoire… J’avais envie de bien faire pour eux aujourd’hui et j’essaierai de le faire jusqu’en fin de saison. Ils m’ont tendu la main. J’ai fait de super belles choses avec eux. Je suis fier de ce que j’ai fait avec ce groupe. J’ai pu vivre de ma passion et je ne les remercierai jamais assez pour ça”, lâchait Stefan Bennett pour DirectVelo, en hommage à la future défunte formation de N1, en marge du Grand Prix de Fougères, ce mardi après-midi.

« ON A TOUJOURS RÉUSSI À SE TIRER VERS LE HAUT »

En deux ans au sein de la structure auvergnate, Stefan Bennett a gagné à neuf reprises et se félicite de la façon dont chaque coureur du groupe a toujours tiré les autres vers le haut via ses performances. “On était souvent nombreux de l’équipe à jouer devant. C’était déjà le cas l’an passé avec un coureur comme Clément Carisey par exemple. Il était marqué et ça m’a permis de gagner des courses. C’est une façon de courir différente mais ça nous a réussi. Quand un collègue gagnait, on voulait gagner aussi. Il fallait chercher sa sélection pour la course suivante. L’encadrement nous a vraiment apporté cette envie de gagner. Dans cette équipe, gagner, c’est le mot d’ordre. On ne s’est jamais satisfait d’une 2e place. On n’a que de bons coureurs qui pourraient être des leaders dans d’autres N1 et qui peuvent prétendre à une place chez les pros. Quasiment tous les coureurs de l’équipe ont gagné”.

Comme Stefan Bennett, Florent Castellarnau est lui aussi arrivé dans l’équipe en 2020. Et il s’est régalé. On a réuni tous les meilleurs coureurs du grand Sud, en quelque sorte, et on a fait de beaux déplacements, on a marqué beaucoup de points au Challenge BBB-DirectVelo… On sait que c’était toujours une priorité pour Nicolas Roux. Ce n’était pas acquis à chaque fois, mais ça a marché. Chaque année, le groupe changeait un peu et les nouveaux ont toujours bien été intégrés. On a toujours réussi à se tirer vers le haut, les uns pour les autres. Le groupe a été chaque année plus performant. Chacun voulait tirer son épingle du jeu et en même temps, il y avait quand même un vrai sens du collectif. On a pu compter sur des historiques du club qui étaient là depuis longtemps et qui ont laissé une marque importante : Thomas Chassagne, Karl Lauk, Mickaël Guichard et plein d’autres. La mayonnaise a bien pris et on s’est régalé. On l’a encore vu aux 4 Jours des As récemment. On avait un gros collectif mais certains n’ont pas hésité à se mettre totalement à la planche pour d’autres. On s’est souvent retrouvé dans des situations de surnombre et ça nous a permis de jouer l’attaque et de se régaler en course. On a réussi de gros coups de force, c’était plaisant à vivre”, témoigne l’Héraultais à quelques semaines de devoir tourner la page.

« SANS DOUTE QU’AU BOUT DE DIX ANS, C’EST UNE BELLE DATE POUR ARRÊTER »


D’autres coureurs étaient là dès le début de l’aventure et y sont encore aujourd’hui. Boris Orlhac a tout connu avec l’équipe. Alors qu’il était licencié au VC Cournon, il a vécu l’arrivée de Nicolas Roux dans l’équipe fin 2011. Et il a vu le club prendre un peu plus d’épaisseur chaque saison. “Je me souviens avoir marqué des points dans la finale de la Coupe de France DN3 en 2012. On a franchi les paliers un par un. On peut être contents de ce qu’on a fait. On peut être fiers. Après notre saison 2020, on s’était demandé s’il était possible de faire mieux en 2021. Mais on n’a rien lâché et on est encore reparti sur une super dynamique. Je suis content d’avoir fréquenté autant de bons gars et de coureurs si forts. On s’est bien amusé. On avait les moyens, le meilleur matériel possible, un super calendrier, des courses étrangères en Classe 2, un staff au top entre les kinés, le mécano… On tournait comme une petite équipe pro, on ne pouvait pas avoir mieux”.

Mais toute cette belle aventure va donc prendre fin dans peu de temps. “Chaque année, on a toujours réussi à franchir une petite marche supplémentaire. On a toujours eu de super coureurs : Cavagna, Laas, Raim, Carisey, Urruty... On est restés en haut des classements. On se loupait rarement, on a réussi à imposer notre patte sur tous les terrains. Mais sans doute qu’au bout de dix ans, c’est une belle date pour arrêter. Nicolas (Roux) ne voulait pas continuer tout seul. C’était trop lourd à porter”, considère Boris Orlhac. Un sentiment partagé par Florent Castellarnau, qui admet l’arrivée d’une certaine lassitude, malgré cette envie de gagner intacte au sein du collectif. “Je pense que Nicolas Roux avait fait le tour de la question en N1. Au bout de dix ans sur le circuit amateur, je peux comprendre. On gagne beaucoup depuis deux/trois ans. Même pour nous, les coureurs, ce n’est plus forcément évident de repartir avec la même motivation, etc. On a espéré jusqu’au bout pouvoir monter en Conti. Là, ça aurait été un nouveau challenge excitant”

« IL NOUS A DIT QUE L’ON N’AVAIT PLUS RIEN À FAIRE EN N1 »

Mais il n’en sera rien. Pas de quoi démobiliser les troupes pour autant. Pour preuve, les hommes de Jean-Philippe Duracka et de Nicolas Vogondy ont réalisé une nouvelle démonstration de force aux 4 Jours des As-en-Provence, il y a quelques jours. Malgré tout, chacun va désormais être contraint de se trouver un nouveau point de chute. “Aux As, on a échangé sur ce que chacun allait faire. On a tous nos pistes mais ce ne sera pas simple. Certains prétendent passer pro mais on a, pour la plupart, plus ou moins le même profil et déjà un certain âge. Rien n’est encore acté pour aucun d’entre nous… Mais on va tous espérer trouver quelque chose de bien, ajoute Florent Castellarnau. On en a parlé samedi soir. Jean-Philippe Duracka a fait le point avec nous. Il nous a dit que l’on n’avait plus rien à faire en N1, en quelque sorte, et on avait le même ressenti. On était peut-être lassé, nous aussi… Mais on va essayer de finir en beauté”.

Stefan Bennett espère décrocher un contrat pro pour 2022. Mais lui aussi a bien conscience que ce n’est pas gagné et que les places sont (très) chères. Surtout que les hommes forts du Team Pro Immo ont tous entre 24 et 29 ans. Un âge qui n’attire que rarement les managers d’équipes professionnelles. J’ai réussi à gagner pas mal de courses en étant grimpeur, sur des terrains qui ne me correspondaient pas forcément. Mais les équipes pros ne sont pas très curieuses de ce genre de choses. C’est dommage car dans cette équipe, il y a peut-être huit mecs qui mériteraient de passer au-dessus. Ce n’est pas un appel mais à l’avenir, les équipes pros devraient être un peu plus curieuses et s’intéresser à des gars qui ne sont pas forcément passés par l’équipe de France Espoirs etc. Les équipes pros auraient tout intérêt à s’intéresser à des gars comme nous”

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