Jason Tesson : « Je ne réalise pas »

Crédit photo Julie DESANLIS / DirectVelo

Crédit photo Julie DESANLIS / DirectVelo

Le 22 août 2020, à l’issue d’un sprint massif au Championnat de France Amateurs, Jason Tesson décrochait la plus belle victoire de sa carrière sous les couleurs de Sojasun espoir-ACNC. Un an et trois jours plus tard, sur le Tour Poitou-Charentes (2.1), celui qui a depuis rejoint les rangs professionnels chez St-Michel-Auber 93 a repoussé le curseur encore un peu plus haut en décrochant son premier succès chez les "grands", dans son exercice de prédilection. À 23 ans, il s’est en effet offert le luxe de sauter Elia Viviani dans les derniers mètres de la deuxième étape, après une étape très animée et au bout d'un exigeant faux-plat montant dans les rues de Ruffec, en Charente (voir classements). Jason Tesson est revenu sur ses émotions de la journée auprès de DirectVelo, quelques instants après cette victoire qui restera assurément gravée à vie dans sa mémoire. 

DirectVelo : Ce final a dû être fou pour toi !
Jason Tesson : Dans l'équipe on ne savait pas qui allait sprinter entre Romain (Cardis) et moi. On a bien parlé dans le final, ni l'un ni l'autre n'avait de bonnes sensations dans les bosses, mais on sentait vraiment que ça pouvait le faire pour chacun de nous deux. Alors on a fait ça au feeling en se disant que celui qui serait devant lancerait le sprint. Aux 600 mètres, je lui ai crié dessus pour qu'il aille chercher l'ouverture. Il a essayé sur la gauche, ça nous a lancés, puis on est revenus au centre. Aux 400 mètres, c'était très, très chaud ! J'ai eu bien peur. L'ouverture s'est faite, je me suis calé dans les roues en quatrième place. Et aux 50 mètres, je me suis dit qu'il fallait tout mettre et qu'on verrait bien... 

Ce premier succès professionnel est d'autant plus savoureux qu'il est acquis devant Elia Viviani ! 
La progression est belle, je ne réalise pas encore ! On verra ça demain à froid. Ce sont mes premiers sprints, c'est plus ou moins mon troisième de l'année, finalement... Je suis ravi pour l'équipe, j'espère qu'on va encore faire parler de nous cette semaine et cette saison. Pour être sprinteur il faut sentir le truc et débrancher le cerveau dans le final. On n'est pas tous capables de le faire. De même que je ne suis, par exemple, pas capable de grimper aussi bien que d'autres. Moi, c'est mon truc, j'adore ça. J'adore la sensation, m'entrainer en sprint... 

« ON VENAIT POUR FAIRE MINIMUM UN TOP 5 »

Avais-tu imaginé dès cette année triompher à ce niveau ?
Absolument pas. Quand j'ai fait l'Etoile de Bessèges, je me suis dit : « Wahou, il y a un niveau de malade ! ». Nous, on ne courait pas beaucoup avec le Covid. On passait quinze jours ou trois semaines sans courses, c'était difficile. J'ai eu le Covid fin mai, ça m'a emmené jusqu'à fin juillet pour retrouver des sensations. Tony Hurel en subit encore des effets (la quasi-totalité de l'équipe francilienne a été touchée par le virus ces derniers mois, NDLR). C'est aussi grâce à lui que je suis là, c'est un pilier pour moi depuis 2018 et mes premiers résultats chez les Amateurs. 

Tu décroches, de loin, le plus grand résultat de ta formation cette saison ! 
Depuis Pérenchies, en Classe 2, on monte en pression tous ensemble. On arrive à se trouver dans les sprints. C'est notre deuxième gros résultat, et donc notre première victoire en Classe 1 (Romain Cardis a remporté Paris-Troyes, en Classe 2, NDLR). Au Tour Poitou-Charentes, on venait pour faire minimum un Top 5. Et aujourd'hui on réussit ça... C'est cool.

« HIER SOIR, J’ÉTAIS VRAIMENT TRÈS FRUSTRÉ »

C’est une belle revanche personnelle après la première étape, où tu disais être "passé à côté" de ton sprint au moment de debriefer, à chaud, avec tes coéquipiers... 
Hier, je me suis complètement loupé. Clairement, j'ai eu une défaillance aux 300 mètres. Je me suis monté la toxine au kilomètre, quand Romain (Cardis) m’a emmené, et j'ai un peu perdu le fil. Un coureur de Cofidis s'est intercalé entre nous, j'ai tapé un peu sa roue et j'ai perdu deux-trois vélos. Dans la tête, c'était fini. Hier soir, j'étais vraiment très frustré, on a bien parlé, on a tout remis à plat, et on a tout remis dans les bonnes cases sur cette étape. 

Que pourrait changer cette victoire quant à la suite de ta carrière ? 
Pour le moment, je ne pense à rien d'autre. Je me sens super bien à St-Michel. Je suis tout jeune dans ce milieu, je sens qu'il me manque encore des petits caps à passer. On va faire ça progressivement et voir où ça peut m'emmener.

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