Pierre Gautherat-Romain Grégoire. Romain Grégoire-Pierre-Gautherat. Une fois de plus, les deux Franc-Comtois ne se sont pas quittés ce samedi à l’occasion de la première étape du Tour du Bocage et de l’Ernée 53 (Mayenne), deuxième manche de la Coupe de France Juniors. Ils sont arrivés main dans la main après un nouveau numéro qui aura duré pratiquement toute l’étape longue de 124 kilomètres (voir classements).

« IL N’Y AVAIT PLUS QU'À Y ALLER À BLOC »

Pour s’imposer, Pierre Gautherat n’a pas respecté le plan initial. “Je devais attendre le circuit final parce que la première partie de l'étape était assez dure. Le but était plutôt de me préserver pour un sprint. Finalement, on a bien senti la course avec Romain. On a vu que le parcours sur la partie en ligne se faisait sur des routes assez étroites. Ça roulait vite et ça n'arrivait pas à remonter”. Dans un pétard, après treize kilomètres de course, il choisit de sortir en contre, derrière l’échappée de six coureurs où se trouvait son coéquipier Corentin Devoutre. “Je me suis dit que j'allais essayer de revenir tout seul sur le groupe. Après, il n'y avait plus qu'à y aller à bloc”. En se retournant, il aperçoit… Romain Grégoire rentrer seul. Le contre compte finalement six éléments dont un autre ogre de la catégorie Juniors, Eddy Le Huitouze (Bretagne). “On a dû prendre la course à notre compte vers le kilomètre 30 parce que les autres DS ne voulaient pas rouler avec nous, dans le contre. On n'était que deux à rouler avec Romain, donc on a lâché pas mal de cartouches mais on a réussi à rentrer”.

Entre les douze fuyards, l’entente est loin d’être excellente avec un quart de Francs-Comtois dont les épouvantails Gautherat-Grégoire. Le duo veut éviter un sprint et se concerte pour passer à l’attaque sur le circuit final. “Dans l'échappée, on sentait qu'on était les plus costauds et qu'on perdait du temps à cause de certains qui ne voulaient pas passer de relais, rapporte Romain Grégoire. On a aussi remarqué qu'on avait la plus grosse giclette, donc on s'est mis d'accord. On savait à quel moment on allait attaquer. On avait déjà essayé de partir dans le long faux-plat montant où on avait vent de face, mais les autres ont tenu”. Ils ont choisi un raidard à un kilomètre de la ligne pour partir. Il reste alors 18 bornes. “Tout le monde était un peu dans le rouge dans l'échappée et il y avait un contre à seulement 20 secondes de nous. À ce moment-là, on n'était pas certain de gagner la course. Faire 110 bornes d'échappée pour se faire reprendre dans le dernier tour, ce n'était pas ce qu'on voulait”, sourit Pierre Gautherat.

« L’IMPRESSION DE JOUER À PRO CYCLING MANAGER »

Personne ne les reverra. “On n'avait vraiment aucune question à se poser. Ça nous a permis d'aller au bout ensemble”, dit Romain Grégoire. Les deux coureurs d’AG2R Citroën U19, licenciés au VC Dolois et à l’AC Bisontine, passent la ligne main dans la main. “C'était ce qu'il y avait de plus normal, estime Pierre Gautherat. Avec la course qu'on a fait, on est les deux vainqueurs aujourd'hui (samedi). C'est ce qu'il faut retenir. Il n'y en a pas un qui soit au-dessus de l'autre. On a fait la course parfaite. Deux vainqueurs, c'est top”. Romain Grégoire tient un discours similaire. “Faire ça avec Pierre, je pense que c'est quelque chose qu'on a rêvé, qu'on a pensé mais dont on se dit que c'est rarement possible. Aujourd'hui, on a vraiment fait la course parfaite tactiquement. On avait un peu l'impression de jouer à Pro Cycling Manager. En début de course, il attaquait, je revenais tout seul en contre. Dans le final, c'était l'inverse, lui qui attaquait et moi qui rentrais tout seul”.

Il reste deux étapes ce dimanche pour conclure en beauté. “Pour le chrono, ce sera cette fois un effort individuel sur un circuit assez compliqué. Ce sera le plus fort qui gagnera, c'est sûr. Avec la course qu'on a fait, ce sera difficile, mais on ne va rien lâcher. Comme d'habitude, on se donnera à 100% et on essaiera de faire encore briller ce maillot du Comité de Bourgogne-Franche-Comté”, promet Pierre Gautherat, classé 3e l’an passé du Championnat de France Juniors du contre-la-montre. “Il va falloir gérer son effort comme il faut et tout donner. On fera ensuite le point après le contre-la-montre pour voir comment on gère la course en ligne de demain après-midi”, conclut Romain Grégoire.