Andrea Mifsud : « Ça aurait pu être grandiose »

Crédit photo Giro d'Italia U23

Crédit photo Giro d'Italia U23

C’était l’affaire de quelques kilomètres ! Andrea Mifsud est passé près d’un succès de marque, et avec la manière, sur les routes du Tour d'Italie Espoirs (exceptionnellement ouvert aux coureurs dans l’année de leurs 23 ans). Après une grosse bataille pour constituer l’échappée du jour, celle-ci s’est faite en plusieurs étapes. Quelques coureurs sortent, mais pas le coureur de Swiss Racing Academy. Qui attend finalement le sommet de la montée de Polenta pour faire le jump. "On avait à cœur de prendre l’échappée. J’ai vu qu’il y avait Luca Colnaghi qui a gagné deux étapes l’an passé. Je savais que c’était un solide et que ça pouvait être un bon coup à jouer". Le Français ne se fait pas rouler dans la farine et accroche ainsi le bon wagon. "On s’est retrouvé à huit. Ça ne sentait pas très bon, on n’a jamais eu plus d’une minute d’avance. Finalement on a bien insisté et au deuxième GPM on a géré pour basculer avec 3 minutes".

Dès lors, tout change dans la tête du coureur de 22 ans. "On s’est bien entendu, là ça sentait bon. La météo prévoyait vent de dos, et je sentais que j’étais bien". La guerre prend un nouveau tournant dans la Ciola, après la mi-course. Une fois le sommet franchi, Andrea Mifsud décide de maintenir la pression dans la descente. "On est monté très vite. J'ai fait la descente en tête, on avait reconnu en début de semaine. Je savais qu'elle était technique. Je ne me retourne pas et en bas je me retrouve avec 1'30" d'avance". Alors que Sylvain Blanquefort, son directeur sportif, attendait de lui que la sélection s’opère dans la dernière montée, l’occasion était trop belle. Plus question alors de lever le pied. "J'ai fait all-in. Pour gagner gros, il faut risquer gros. J'avais à cœur d'essayer de faire quelque chose, donc pourquoi pas le coup double. Il fallait prendre le risque".

« FIER D'AVOIR BRILLÉ SUR LES ROUTES DE MARCO PANTANI »

Dans la montée de Barbotto, Andrea Mifsud engage le bras de fer, avec 1’45’’ sur le contre et 3’30’’ sur le peloton. "Mais finalement le vent était de face, rigole-t-il. Ça a changé la donne après 50 kilomètres seul, les efforts se font sentir". Repris à 7 kilomètres du terme, l’ancien Roannais termine finalement dernier du groupe de tête (voir classement). "Ça aurait pu être mieux mais sans regrets. Je suis fier d'avoir brillé sur les terres de Marco Pantani. Le dernier GPM était sa bosse préférée donc ça motive encore plus ! L’Italie est un plaisir aussi, le vélo fait partie de la culture". Finalement sur le podium pour recevoir le maillot bleu du classement de l'Intergiro, il s’est vu y monter pour d’autres raisons. "Je me suis vu gagner. J’ai pensé au rose aussi, je mentirais si je disais le contraire. Je m'imaginais sans trop m'imaginer. Il faut mettre les émotions de côté et garder son sang froid. C'était jouable, j'aurais pu faire quelque chose de grand, mais c'est partie remise".

Andrea Mifsud est conscient d’être passé à côté d’une victoire mémorable en Italie. "Si ça passait c'était fantastique, c’était un gros numéro… mais j'ai la consolation avec le maillot distinctif. Mais c’est vrai que ça aurait pu être grandiose", reprend-il en souriant. Avec un coureur comme Luca Colnaghi dans le groupe de tête, il fallait de toute façon prendre tous les risques. "Au sprint, il y avait peu de chances de le battre, mais c’était difficile avec les quatre montées. Dans les bosses, ça montait fort. Notamment Unai Iribar, il était très costaud". Les rêves de remonter sur le podium protocolaire persistent dans la tête d’Andrea Mifsud. "Il ne faut jamais dire jamais. Je me suis préparé pour être performant sur dix jours. D'ordinaire l’équipe est très bien organisée, mais là c'est encore un cran au-dessus. Les conditions sont optimales, l’entente est top, et la dynamique lancée pour ne pas repartir bredouille. Ça tourne autour, ça va payer". Il faut donc s’attendre à de nouveaux coups de poker.

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