Axel Chatelus : « On se crée des souvenirs tous les week-ends »

Crédit photo Patrick Berjot

Crédit photo Patrick Berjot

Roanne et Villefranche. Deux doigts suffisent à compter les maillots qu’a portés Axel Chatelus durant ses sept années dans le peloton amateur. Après avoir connu la grande époque roannaise, durant la saison 2018, le coureur de 25 ans a rejoint « les Loups » à l’aube de la saison 2020… soit juste avant la pandémie de coronavirus qui a décimé le calendrier. Un an après le premier confinement, l’ancien vainqueur du Circuit des Monts du Livradois va embarquer pour la Suisse, ce dimanche, afin de participer au Grand Prix l’Échappée à Martigny. Il en profite pour revenir avec DirectVelo sur ses deux premières années perturbées avec le VC Villefranche Beaujolais, son départ de Roanne et ses ambitions alors qu’il est désormais l’un des coureurs expérimentés du peloton.

DirectVelo : Tu attaques ta deuxième saison avec Villefranche. Deux années perturbées par la crise sanitaire…
Axel Chatelus : C’est franchement frustrant parce que je fais partie de ces coureurs qui ont passé un palier avec le confinement l'an dernier. Entre la fin de saison l'an dernier où ça s'enchainait sans vraiment s'enchainer et là le début de saison où on court sans pouvoir se mettre un calendrier en tête... Sur ce début de saison, je pense que même si on marche il faut de la réussite. On a l'impression que tous les week-ends les mecs jouent un contrat pro donc il y a plus de tension, il faut courir juste. J'avais mes premiers objectifs à Vougy car je reste Roannais (sourire). J'étais en forme à Touchay, puis je suis tombé malade à cause d'une bronchite, la veille de Saint-Etienne, donc je l'ai fait en mode survie. Je ne m'étais pas projeté mais en consultant DirectVelo et l’article sur le calendrier (lire ici), on se rend compte que si on ne fait pas le Saône-et-Loire, on ne court pas. C'est une des courses que j'ai en tête, on va passer à 30 kilomètres de chez moi.

Quelle est ta place dans cette équipe de Villefranche ?
Quand je suis arrivé, ils comptaient sur moi pour un rôle de capitaine de route à 100%. Sept ans que je cours en DN1, donc je commence à faire partie des coureurs expérimentés du peloton. Je prends un vrai plaisir à donner des conseils aux jeunes. Pierre-Baptiste Duverger, c'est mon poulain. C'est plaisant, j'essaye de lui donner des conseils, des clés, qu'on met trois-quatre ans à connaitre en Elite. Et quand ces mecs font mal à la gueule (rires)… ça me fait sourire, je me dis qu'au final c'est peut-être grâce aux entrainements et conseils que j'ai pu lui donner. C’est déjà cette partie qu'on me confie à Villefranche.

« LES ANNÉES DE ROANNE SONT DERRIÈRE »

Tu les as rejoints l'année dernière après cinq années à Roanne. Comment s’est passé ce changement d’univers ?
Franchement au CR4C on a vécu des années de fou. On a gagné la Coupe de France, on était une bande de potes. On vivait tous à Roanne. Et en un an tout a explosé. On s'est retrouvé dispatché dans huit équipes différentes. Ça m'a permis vraiment de me relancer. On rentrait dans une zone de confort où on n’avait plus cette motivation de refaire ses preuves. Maintenant c'est le cas, il faut se réintégrer dans un groupe et j'ai retrouvé l'état d'esprit. Durant mes premiers mois à Villefranche j’avais l’impression d’être passé dans une Conti. Niveau organisation, état d'esprit des DS, d'Anthony (Barle)… on nous met dans les meilleures dispositions, ça m'a relancé au niveau de la motivation. On s'entraine plus, on y met plus d'envie.

Et finalement tu as quitté Roanne au moment où le club a connu la descente en N2…
J'étais au CR4C en 2018 où on a tout gagné avec Geoffrey Bouchard. On a encore fait une superbe année en 2019. Villefranche venait de gagner la Coupe de France. Donc j'ai rejoint le vainqueur sortant après l’avoir gagné l’année précédente. Pour moi c'était un peu une reconnaissance. Ça veut dire qu'on me faisait confiance. Je quittais la plus grande équipe de France pour rejoindre la nouvelle meilleure équipe. C’est vrai qu’au début c’est un peu bizarre, on regarde nos manches jaunes pendant plusieurs années, et d'un coup elles deviennent rouges (sourire). Les années de Roanne sont derrière. Maintenant ma famille et mon club c'est Villefranche, j'ai retrouvé cette ambiance avec les coureurs.

« JE ME SOUVIENDRAI DE TOUT ÇA QUAND J’AURAI 50 ANS »

Qu'est-ce que le club attend de toi ?
Physiquement j'ai passé un gros palier à l'entrainement, le club s'en est rendu compte. Sur certaines courses on me fait un peu plus confiance. Je fais partie de ces mecs qui en font beaucoup, qui font les Champions sur Strava (rires), mais je n’ai pas le retour en course que j'espère. En N1 on attend toujours des résultats, on n’a pas de gros leaders comme chez les pros donc on doit faire des résultats. Mais avec mon expérience d'avoir fait pas mal de grandes courses avec Roanne, je dois apporter aux jeunes, sur les stages, donner des conseils… Au niveau de la cohésion aussi, je me qualifie de jovial, j'arrive à mettre l'ambiance et rigoler. Par rapport à cet état d'esprit, ils voulaient m'avoir je pense. Dans mon idée, si je devais quitter Roanne c'était pour Villefranche. Anthony m'appelait chaque été depuis deux ans. Quand ça a été le moment de changer, je n’ai pas réfléchi, c'était une évidence.

Qu'est-ce qui te motive toujours ?
Quand dans sa tête on n'a pas que le but de passer pro… Contrairement à d’autres ce n’est pas une fin en soi. Je suis passionné par le vélo. Quand je me lève, je connais le tracé de mon entrainement dès la veille. Je sais pourquoi je m'entraine, on a envie de se faire plaisir. Quand je me lèverai le matin et que je me dirai que ça me gonfle, que je préférerais faire le con avec mes potes etc, je me poserai des questions. Tant que je me fais plaisir sans contraintes je n’ai aucune raison d'arrêter. J'ai pris cet état d'esprit avec le confinement. Je me rendais compte que le vélo me manquait. Même si tu fais tes deux heures sur Zwift. Des fois tu te dis « je vais peut-être arrêter ». Mais tu fais ce que tu aimes, donc tu arrêteras plus tard quand tu en auras envie. On se crée des souvenirs tous les weekends sur les courses, je me souviendrai de tout ça quand j’aurai 50 ans.

Tu seras en Suisse ce dimanche, à Martigny. Devoir aller à l'étranger en plein mois d’avril doit être original pour toi…
J'ai la chance de pouvoir courir en Suisse, d’abord. On va courir avec des mecs qu'on n’a pas l'habitude de croiser. On sait qu'on ne va pas beaucoup courir après. Donc il faut d’abord se faire plaisir sur le vélo. C'est le problème depuis le début de l'année, on court tous les week-ends comme si c'était le dernier. Je crois que c'est la deuxième ou troisième fois que je vais à l'étranger. J'avais dû aller en Belgique pour Liège-Bastogne-Liège Espoirs (en 2016, NDLR) et passer en Suisse au Tour du Chablais. Courir à l'étranger, c'est rare. À part Aix en Espagne par exemple. Mais que nous, Villefranche, avec un calendrier 100% français, on aille en Suisse en pleine saison, ça montre la densité du calendrier en France qui n'est plus le même. Un week-end comme ça, les autres années, je cours trois fois dans le weekend. Et là on fait cinq heures de bagnole pour aller en Suisse (rires). Mais tant mieux, c'est une course que je n’ai jamais faite !

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