Jolien d'Hoore : « Une préparation hivernale de routière »

Crédit photo Paul Hinninck

Crédit photo Paul Hinninck

Ce samedi, Jolien d'Hoore va tenter d'aller chercher un succès qui manque à son palmarès : l'Omloop Het Nieuwsblad. La sociétaire de SD Worx sera d'autant plus motivée qu'il s'agira de sa dernière participation à la classique belge d'ouverture. A la fin de la saison, la sportive de 30 ans va arrêter la compétition. Vu l'absence d'épreuves sur piste durant l'hiver à cause de la pandémie de coronavirus, elle sera dans une forme jamais connue au départ à Gand. "Pour la première fois, j'ai eu une préparation hivernale d'une routière. Mes watts à l'entraînement sont meilleurs que jamais. Je suis curieuse de voir ce que cela va donner en course'', s'impatiente-t-elle auprès de DirectVelo. Au Nieuwsblad, la femme aux 32 succès UCI sur la route pourra compter sur une autre future retraitée, la Championne du Monde Anna Van der Breggen. "Lors du dernier camp d'entraînement, j'étais en chambre avec elle. Normalement, elle n'était pas sur la liste des engagées pour la course de samedi. Je lui ai dit qu'une Championne du Monde ne pouvait pas manquer ce rendez-vous. Et donc la voilà au départ.'' Pour compléter l'équipe, SD Worx alignera Amy Pieters, Chantal Blaak-Van den Broek, Demi Vollering et Christine Majerus. "On peut s'adapter à chaque scénario et moi je peux conclure si cela se termine au sprint. Il n'y a pas de véritable hiérarchie. On se connaît par cœur, on s'apprécie, comme une belle bande de potes."

La Belge va disputer toutes les classiques jusqu'à Paris-Roubaix qui lui tient à cœur.. "Je suis ravie de pouvoir y participer. Ce sera spécial. Tout le monde attend ce rendez-vous. Beaucoup de filles ne se rendent pas encore compte de la difficulté de l'épreuve. Nous avons déjà reconnu plusieurs fois le parcours et c'est vraiment l'enfer". Si cela ne tenait qu'à elle, la lauréate de Gand-Wevelgem 2020 arriverait dans le vélodrome de Roubaix avec celle qui doit lui succéder au sommet du cyclisme belge, à savoir Lotte Kopecky (Liv Racing). "Ce serait tellement beau. En plus, nous sommes deux spécialistes de la piste. Ce serait symbolique. Lotte et moi avons la technique et la puissance pour digérer les secteurs pavés."

LA PISTE, DIRECTEMENT APRÈS LA ROUTE

Après les Classiques, pas question de se reposer. La quadruple Championne de Belgique sur route enchaînera avec les premiers rendez-vous sur piste, avec la réunion de classe 1 à Gand, du 18 au 20 avril et la première manche de la nouvelle Coupe des Nations à Newport (Pays de Galles) prévue du 22 au 25 avril. ''Ce n'est pas l'idéal d'enchainer avec la piste, mais je n'ai pas d'autre choix car les réunions sur piste ne seront pas légions." La médaillée de bronze de l'Omnium à Rio commencera sa préparation pour les Jeux Olympiques avec notamment un stage à la Bakala Academy à Louvain, où elle dormira dans une tente hypoxique. "Je l'avais déjà fait pour Rio 2016 et cela m'a très bien réussi. Donc, on reprend les mêmes et on recommence." Sa coéquipière de la Madison, Lotte Kopecky, aura une autre approche. "Je pense qu'elle va opter pour un stage à l'étranger, elle n'est pas très fan de ces tentes. Chacun son truc, l'important c'est qu'on soit au top de nos capacités".

Normalement, elle devrait combiner cette préparation avec plusieurs courses sur route, mais pour le moment rien n'est établi à cause des annulations et reports. "Le Tour de Grande-Bretagne, prévu en juin, est déjà reporté. En principe, il y a le Tour de Thuringe. Il faudra voir comment on pourra compenser. Durant cette période, il n'y a pas de réunion sur piste". En juin, il y aura la dernière répétition, avant les Jeux, au Championnat d'Europe à Minsk du 23 au 27 juin. Ensuite, elle devrait se rendre au Japon, début juillet, pour un stage de préparation avant les Jeux Olympiques. Ce programme doit encore être validé à cause de l'incertitude de l'évolution de la pandémie de coronavirus. Après les Jeux Olympiques, elle visera une bonne prestation au Championnat du Monde en Flandre. "A moins d'une médaille d'or à la Madison à Tokyo qui pourrait être une belle conclusion", souligne-t-elle. Cependant, elle n'a pas encore choisi le moment où elle raccrochera, même si les Six Jours de Gand sont dans un coin de sa tête. "Cela mérite réflexion. Une fête au Kuipke, cela en jetterait. De plus, mes plus beaux résultats ont été obtenus sur la piste. Donc, ce serait une belle manière de boucler la boucle".

FUTURE SÉLECTIONNEUSE DE L'ÉQUIPE NATIONALE ?

La Gantoise a le sentiment d'avoir fait le tour de la question. "Je pense que j'ai retiré le maximum, à une Classique du printemps et une Madison olympique avec Lotte Kopecky près. Je peux arrêter avec le sentiment du devoir accompli. Je n'ai aucun regret. J'ai toujours fait les bons choix d'équipe. J'ai commencé chez Topsport Vlaanderen et Lotto-Soudal. Ensuite, j'ai eu des expériences internationales et maintenant, je termine avec un sponsor belge mais dans une équipe internationale'.' Durant cette dernière année, la triple lauréate d'étape au Tour d'Italie veut faire figure d'exemple pour la relève. "Je compte être à un excellent niveau pour faire monter le niveau du cyclisme belge. Ce n'est pas un devoir, mais une mission. Lotte est sur la bonne voie. J'espère que la jeunesse éclatera, à condition qu'elle soit bien guidée". Le but est d'éviter un vide après Jolien d'Hoore et Lotte Kopecky. "Nous ne sommes pas les Pays-Bas. Il y a une différence. Je suis convaincue qu'il y a du talent, comme Julie De Wilde, Shari Bossuyt et Marith Vanhove. La détection est en cours, quand je pense à la campagne #Zijaanjij’ de Cycling Vlaanderen et la recherche de talents ‘Koers zoekt Vrouw’ de la formation Star Casino Cycling Team, ce sont de magnifiques initiatives auxquelles il manque l'étape la plus importante : la post-détection. Il faut ensuite que les filles aient le mental pour travailler d'arrache-pied et rouler deux-trois heures calmement à l'entraînement n'est pas suffisant. Je remarque la différence entre SD Worx et l'équipe nationale. Ici, personne ne râle et roule. Quand c'est trop dur, beaucoup de cyclistes belges abandonnent. C'est peut-être un peu dur, mais c'est ainsi." Un discours fort de celle qui ne serait pas contre un poste de sélectionneuse dans le futur. "C'est quelque chose qui me tente. La fédération n'a pas encore abordé le sujet, mais je suis toute ouïe."

OUVERTURE D'UN CENTRE D'ENTRAINEMENT APRES SA CARRIÈRE

Avant de devenir éventuellement sélectionneuse, elle compte ouvrir un centre d'entraînement. "Mon petit ami Pieter est bikefitter. Cette ambition va se réaliser, à court terme. Le but est de commencer dès que ma carrière se termine. Ce sera un projet gigantesque". En attendant, elle continue de se former pour sa reconversion. "J'avais déjà un diplôme de kiné. Durant le confinement en 2020, j'ai suivi une formation d'entraîneur personnel. Pour le moment, je suis un cours sur l'alimentation et une formation d'entraîneur à l'école flamande des coachs sportifs". A côté des ambitions professionnelles, Jolien d'Hoore a également des aspirations personnelles. "Mon horloge biologique tourne. J'aimerais avoir des enfants".

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