Corticoïdes : Ce qui sera interdit en 2022

Crédit photo Pauline Ballet - ASO

Crédit photo Pauline Ballet - ASO

Au mois de décembre dernier, l'Agence mondiale antidopage a décidé d'interdire les gluco-corticoïdes en compétition à partir du 1er janvier 2022. Cette avancée était réclamée par le Mouvement pour un cyclisme crédible (MPCC) depuis sa création. Pierre Lebreton, médecin du MPCC, explique à DirectVelo ce qui va changer avec ce nouveau règlement.

DirectVelo : Qu'est-ce qui va changer à partir du 1er janvier 2022 ?
Pierre Lebreton : Les corticoïdes seront interdits en compétition quelque soit leur forme d'administration. Ils étaient déjà interdits par voie orale, intraveineuse et intramusculaire. On considère que si le corticoïde est détectable le jour de la course, alors le coureur est sous l'emprise de ce corticoïde donc il doit suivre une période de repos. Il n'y aura pas d'AUT valable pour le jour de la compétition.

Est-ce que les corticoïdes seront totalement interdits ?
Hors compétition, ils ne sont pas interdits. Il est difficile de les interdire totalement car un coureur peut avoir besoin ponctuellement de se soigner et cette prise peut coïncider avec un contrôle inopiné. C'est différent d'une prise continue qui est dangereuse pour la santé et qui dépasse l'usage médical habituel. Chez les pros, il n'y a qu'un petit nombre de cas de prises de corticoïdes qui ne pourraient se soigner sans eux.

« EN 2020, TOUS LES COUREURS CONTRÔLÉS DU MPCC ÉTAIENT DANS LES CLOUS »

Est-ce une bonne nouvelle ?
C'est un bon pas de le faire rentrer dans le code de l'AMA. Déjà pour la santé des coureurs. L'utilisation au long cours et en dehors de l'usage médical des corticoïdes provoque des problèmes métaboliques et d'anxiété. C'est une avancée mais il faut restreindre d'autres molécules comme le Tramadol (interdit par l'UCI mais pas par l'AMA, NDLR) et les cétones pour lesquels le flou est plus large.

Le MPCC va-t-il continuer à contrôler la cortisolémie de ses membres ?
Nous conservons la surveillance de la cortisolémie en 2021 dans le cadre de la protection de la santé des coureurs. L'an dernier, tous les coureurs contrôlés du MPCC étaient dans les clous. A partir de 2022, se pose l'intérêt de poursuivre ou non cette surveillance.

L'an dernier, le MPCC s'est intéressé à l'utilisation des hormones thyroïdiennes (lire ici), quel bilan en tires-tu ?
Nous avons surveillé le TSH (Thyréostimuline, le reflet de la prise d'hormone thyroïdenne, NDLR) et, finalement, la mise en application de cette surveillance n'a que peu d'intérêt. Il n'y a sans doute aucun cas de traitement au long cours, qui fait plus de mal que de bien au coureur. Cela ne nous incite pas à poursuivre.

LE FLOU AUTOUR DES CÉTONES

Quelle est la position du MPCC vis à vis des cétones ?
La recherche scientifique existante est difficile à mettre en application. On ne sait pas ce qu'ils apportent et, en raison du risque sanitaire inconnu pour les coureurs, le MPCC préfère ne pas le recommander. Il n'y a actuellement pas de fondement scientifique pour dire si c'est un dopant ou non. D'ailleurs, l'UCI n'a pas de discours officiel, pour l'instant, sur les corps cétoniques.

Quels seront les effets du changement de règlement dans le peloton amateur ?
Il est dur de se faire une idée du changement. Le code mondial antidopage est réactualisé tous les ans (lire ici). Il est intéressant à lire pour la prévention du dopage dans le monde amateur, notamment en cette période. Il faut un échange entre les dirigeants de clubs et leurs coureurs sur ce sujet. Il faut aller plus loin et ne pas lâcher la pression, mais une pression saine, adaptée au profil de chaque coureur. C'est le rôle de leurs dirigeants ou de leurs entraîneurs.

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