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Rétro : Les N1 promues en retrait

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

L’année 2020 restera dans tous les esprits. Un mot à lui seul pourrait résumer cette saison pas comme les autres : coronavirus. Organisateurs, staff, coureurs, bénévoles ou simples passionnés : toutes et tous ont été grandement impactés par ce tremblement de terre dont les premières grosses secousses ont été ressenties début mars, et qui n’a depuis guère laissé de répit. À l’occasion de ces derniers jours de l’année, DirectVelo vous propose de revenir sur quelques-uns des événements marquants de cette année pas comme les autres, afin de comprendre comment les acteurs du monde du cyclisme ont vécu cette période si particulière.
Ce jeudi 31 décembre, les N1 promues racontent leur arrivée dans l'élite, entre des débuts encourageants avant le confinement, et les difficultés au moment de la reprise en août.

Qu’il est difficile pour les nouvelles N1 de tirer un bilan totalement positif de cette année 2020. Outre la période sans courses durant le premier confinement, tenir le choc sur l’ensemble de la saison, et notamment à la reprise en août, a été un parcours du combattant pour les nouvelles arrivées dans l’élite amateurs. Pourtant, tout partait bien pour certaines formations, comme Charvieu-Chavagneux IC, et son directeur sportif Hugues Thomas. "On était parti sur de très bonnes bases. On n’avait pas de résultats probants, mais collectivement on avait une bonne dynamique de groupe, c’était intéressant". Constat identique du côté de Dunkerque Grand Littoral-Cofidis, qui n’a pas non plus gagné sur le premier mois de compétition, mais qui a signé deux podiums grâce à Maxime Farazijn. "On avait fait un très bon début, début mars on était là", synthétise Charlie Leconte, manager de la formation nordiste.

« À PARTIR DE LA REPRISE, ON A SUBI »

Mais le meilleur départ chez les promus est à mettre à l’actif de l’Occitane Cyclisme Formation, de retour en N1, grâce au doublé de Kévin Besson sur les Boucles du Haut-Var, et plusieurs podiums avec des coureurs différents. "On était sur une bonne dynamique, l’ensemble marchait fort. C’était super d’aller sur les épreuves car on jouait toujours la gagne", se rappelle Guillaume Souyris. Et puis tout s’est compliqué avec la crise sanitaire. L’absence de courses d’abord, mais surtout une deuxième saison lancée en août pied au plancher. "À partir de la reprise, j’ai senti que l’équipe n’était pas dans la bonne dynamique. On n’était pas transcendant comme le premier mois. On a subi au lieu d’être acteur. On a mal géré cette inter-saison et les blessures ont fait qu’on n’a pas pu faire tourner comme on voulait", reprend le directeur sportif occitan.

Les problèmes ont été les mêmes à Charvieu, pour les blessures notamment. "On a manqué de régularité. Les coureurs ont montré des choses mais chacun leur tour. Seul Francis Genetier a été à peu près régulier. L’ensemble de l’effectif n’a jamais été à 100% au même moment". Côté dunkerquois, c’est surtout le fil rouge de la Coupe de France qui a marqué la deuxième partie de saison. Et les nouvelles N1 ont là aussi souffert. "C’était le fil conducteur, on s’est loupé sur la première manche, le Tour du Pays de Montbéliard, regrette Charlie Leconte. Les meilleurs sont toujours devant, comme Pro Immo, Vendée U ou Villefranche. Il y a des structures bien en place, on n’est pas étonné". Finalement 15e, les Nordistes s’en sortent mieux que leurs deux rivaux, qui terminent 17e pour Charvieu et 24e pour l’Occitane, sur 25 équipes classées.

« ON A DU MAL À FINIR LA SAISON AVEC DIX COUREURS »

Côté isérois, Hugues Thomas se montre rassurant. "Avec les autres équipes promues, on se suit. On est dans le mouvement, il n’y a pas de catastrophe. Il y a la place pour chatouiller le top 10 ". Des points qu’elle doit à son leader, Francis Genetier. Pour Guillaume Souyris, "le classement s’est joué à des détails, à part pour Pro Immo. Avec une première manche avant le confinement, on aurait existé. Là avec les manches rapprochées, c’était dur de rebondir si la dynamique était mauvaise". Le technicien occitan soulève un premier élément de réponse aux difficultés des promus après la longue trêve du printemps. Car avec les reports et les annulations, les courses se sont déroulées dans une fourchette de temps très courte. Et les plus grosses échéances s’enchaînaient parfois les unes derrière les autres, comme les manches de Coupe de France, les grosses Elite Nationale ou simplement le Championnat de France.

Hugues Thomas a bien entendu noté une différence majeure sur ce calendrier serré. "D’habitude, les coureurs sont fatigués en été, mais là tout le monde était à 200% à la reprise. J’ai trouvé le niveau très élevé mais hyper homogène. Ça s’est très bien vu sur les moyennes de course". Charlie Leconte estime que le calendrier présentait "plus d’avantages pour des équipes comme Pro Immo que des équipes comme nous qui découvrons". Guillaume Souyris se compare aussi avec les grosses formations. "Pro Immo, Vendée U, Sojasun… ils ont deux gros fronts. Enchaîner beaucoup d’épreuves sur trois mois leur convient bien, c’est intéressant pour eux de tourner. Nous on doit se concentrer sur un seul front, et on a du mal à finir la saison avec dix coureurs". Avant d’évoquer le fossé qui se creuse entre la N1 et les niveaux inférieurs.

« LES GROS DÉPLACEMENTS ONT FATIGUÉ LES COUREURS »

Pour le directeur sportif de l’Occitane CF, l'écart entre la pointe de la pyramide et les étages inférieurs risque de grandir. "À part un Thomas Acosta ou un Jean Goubert, il y a peu de coureurs costauds hors N1. J’ai l’impression que l’écart va se creuser entre les plus gros et les plus petits budgets. Mais aussi au sein même de la N1. On dirait que la Fédération veut limiter le nombre d’équipes, ça va créer une chasse aux gros coureurs et aux points sur deux ans. À nous de passer du côté des grosses équipes". La gestion des déplacements est aussi rentrée en compte pour les promus. "Au mois d’août ça a été compliqué, on s’est infligé des gros déplacements, en Normandie, au Championnat de France, en Charente et dans le Limousin, qui ont un peu fatigué les coureurs. Mais ça a été pareil pour d’autres collègues, donc je ne me plains pas. Il faut savoir s’adapter", concède Hugues Thomas.

Des collègues dont fait partie Guillaume Souyris, puisque l’Occitanie accueille peu de courses Elite Nationale. "Les déplacements, on est habitué, on ne fait que ça. On est content quand on a une course à trois heures. Ça nous plombe aussi. On a un budget déplacement assez haut par rapport à d’autres DN. Mais ça ne gêne pas les coureurs". Un facteur inhérent à la nécessité d’avoir un beau calendrier de N1. Comme pour Dunkerque, qui avait "l’un des plus beaux calendriers parmi les promus", selon son manager. "On avait bien étoffé en 2020 avec des très belles courses Classe 2 et des U23". Pour Guillaume Souyris, "entre une grosse N1 et une Continentale comme Roubaix ou St-Michel, pas sûr que les N1 soient ridicules. Ça fait plaisir et peur à la fois, car dans une mauvaise année on peut très vite subir".

« ON N’A PAS LE BUDGET DES GROSSES N1 »

Du côté de Charvieu, la différence entre le statut de N2 et N1 ne se fait pas tellement dans le calendrier, bien que les Isérois aient "intégré plus de Classe 2 que l’an passé", mais davantage dans la réputation auprès des coureurs. "On est un peu plus reconnu, estime Hugues Thomas. Ça se voit sur les CV des coureurs, on intéresse un peu plus les jeunes. Jusqu’à présent on recrutait de l’expérience et des coureurs avec d’autres projets à côté. Là on a recruté des jeunes et des coureurs de 23-24 ans dans des registres qu’il nous manquait. Beaucoup nous ont sollicités eux-mêmes, plutôt que ce soit nous qui allions les chercher et qu’ils viennent par défaut". Même constat pour Guillaume Souyris. "J’ai des coureurs qui ne venaient pas si on était en N2. Ils savent qu’on a le label pour trois ans, c’est plus facile de les attirer. Un Romain Campistrous ne serait peut-être pas revenu si on n’était pas passé en N1".

Charlie Leconte tempère l’avis de ses deux homologues et se montre moins catégorique. "On n’a pas le budget des grosses N1. Les gros, il faut aller les chercher, mais on n’est pas dans la surenchère. On est passé de N3 à N1 en quelques années, ils voient notre sérieux". L’aspect géographique compte aussi pour l’équipe nordiste. "On est bien placé avec la frontière proche, on est invité en Belgique. Donc on se concentre aussi sur des bons coureurs belges. Mais j’ai des demandes d’étrangers ou coureurs français éloignés, comme des Bretons. Je ne veux pas les faire galérer donc si on ne peut pas les héberger ce n’est pas possible". Quoiqu’il en soit, les promus de cette année ont de la suite dans les idées pour 2021. Et malgré la difficulté d’exister, sur la durée, dans une année si particulière, le calendrier de la saison prochaine pourrait leur permettre d’inverser la tendance… si la crise sanitaire laisse le peloton tranquille.

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