Annemiek van Vleuten ajoute un maillot à sa collection. La Championne du Monde a recouvert son maillot arc-en-ciel du maillot étoilé de Championne d’Europe (voir classement). Ce jeudi après-midi, les Oranges ont encore dominé la course pluvieuse sur le circuit de Plouay et si la lauréate des Strade Bianche s’est imposée, elle n’était pas la concurrente protégée de l’équipe des Pays-Bas. Celle qui disputait son premier Championnat d’Europe Elite revient sur sa course avec DirectVelo.
 
DirectVelo : L’équipe des Pays-Bas a encore dominé le Championnat...
Annemiek van Vleuten : C'était une journée à la fois dure et magnifique. Le fait qu’il y ait de la pluie était parfait pour nous, les Hollandaises. C’était à notre avantage. Au départ, je pensais que  la pluie était bonne pour nous. L'équipe a voulu durcir la course et je pense que nous y sommes parvenues. Nous avons imprimé un bon tempo avec Anna Van Der Breggen dans les côtes pour que les autres puissent attaquer après les bosses. C'était une vraie course d'équipe et j'en suis fière. Ce n'est pas seulement la victoire d'une personne. Toutes les huit filles pouvaient gagner. Nous n’avons pas couru pour une seule . Tout le monde a sa chance dans cette équipe très forte. 

« ON DEVAIT ROULER POUR CHANTAL »
 
Mais c’est tout de même toi qui te retrouves à jouer la victoire au sprint ...
A la fin, j’ai pris l’échappée mais ce n’était pas l’idée. On devait rouler pour Chantal (Blaak) qui était la plus rapide du groupe. J’imprimais un tempo élevé dans les côtes. Mais Elisa Longo-Borghini a déjoué notre plan. Elle a attaqué et Chantal a été lâchée.
 
Tu es la plus forte dans l'équipe la plus forte, est-ce que ta victoire te semblait évidente au départ ?
Non, ce n'est pas mon avis. Sinon je n'aurais pas roulé pour favoriser un sprint ou un podium pour Chantal Blaak. J'étais dans l'état d'esprit de rouler pour les autres filles. Je ne me suis pas réveillée en pensant à ma victoire.
 
« DES DISTANCES CORRECTES »
 
Tu t'es plaint de la distance des courses féminines, peux-tu expliquer ton point de vue ?
Le règlement autorise jusqu'à 160 km pour les femmes. Au GP de Plouay, ils ont raccourci la course des femmes mais pas celles des hommes (101 km en 2020 contre 128 en 2019 NDLR). Il y a une inégalité. Nous avons l'impression d'être mises de côté (1). 80 km, alors que nous nous entraînons dur, j'ai envie de dire "prenez-nous au sérieux et traitez-nous de manière égale".  Pour rendre difficile les courses WorldTour, il faut aussi de la distance. Aujourd'hui nous avons livré une très belle course avec l'équipe des Pays-Bas. Mais je suis déçue de voir La Course by le Tour avec 96 km alors qu'on peut monter jusqu'à 160. Nous ne voulons pas de distances égales aux hommes mais nous voulons être prises au sérieux avec des distances  correctes et conformes aux règlements de l'UCI.
 
Après le Championnat d'Europe, est-ce que le Championnat du Monde est ton prochain objectif ?
Mon premier objectif est la Course by le Tour dans deux jours. Le Championnat du Monde, on ne sait pas s'il sera organisé, où il aura lieu, si ce sera sur un circuit qui me plait ou pas. Je prends course par course. Cette année, il faut s'adapter, sans se plaindre des courses. Il faut courir chaque épreuve que tu peux disputer.
 
Tu as quasiment tout gagné. Quelles courses veux-tu encore gagner ?
J'aurais bien voulu gagner le Championnat du Monde s'il avait eu lieu sur le circuit de Martigny en Suisse. S'il est organisé sur un parcours similaire, je le placerai en haut de ma liste de vœux.  Il y a encore des courses à gagner. Je n'ai jamais gagné l'Amstel Gold Race, jamais gagné la Flèche Wallonne, jamais gagné le Tour des Flandres et j'aimerais beaucoup y parvenir.
 
(1) Depuis 2019, l'UEC a décidé de réduire la distance des Championnats d'Europe pour toutes les catégories. La course Hommes est passée de 230 km à 160-170 km. Déjà l'an dernier aux Pays-Bas, la course en ligne des Dames était longue de 115 km, contre 130 à Glasgow en 2018.