On a retrouvé : Romain Pommelet

Crédit photo Freddy GUÉRIN / DirectVelo

Crédit photo Freddy GUÉRIN / DirectVelo

C’était il y a cinq ans, sur le circuit des Pieux (Manche). Médaille de bronze autour du cou, Romain Pommelet savourait alors sur le podium ce qui allait rester son plus joli coup dans le monde du cyclisme. 3e du Championnat de France Juniors sur route - qui a depuis vu six des dix premiers passer pro (voir classement), le Breton rejoignait dans la foulée le Chambéry CF pour ses débuts chez les Espoirs. L’aventure aura finalement été de (très) courte durée, le garçon faisant le choix d’arrêter la compétition dès la première partie de la saison 2016. DirectVelo a retrouvé la trace de Romain Pommelet - qui se rêve en tant qu’artiste - du côté de Saint-Brieuc, dans les Côtes d’Armor. 

DirectVelo : Tu as arrêté le cyclisme en plein cours de saison 2016, alors que tu venais de faire tes débuts dans les rangs Espoirs. Qu’es-tu devenu depuis ?
Romain Pommelet : Au début, c'était compliqué car ça faisait bizarre sans le vélo. J'ai fait un an en sociologie, à la Fac. Mais ça me plaisait sans plus et je ne me voyais pas continuer là-dedans, à faire de la recherche, alors j'ai arrêté en cours d'année. J'ai bossé pendant un an puis je me suis lancé dans des études d'architecture d'intérieur et de design graphique. J'ai une nouvelle fois été déçu car je me suis rendu compte que je ne voulais pas travailler sur les métiers de l'art de façon aussi générale. J'ai donc fini par me spécialiser et je vais maintenant rentrer en classe préparatoire dans les beaux-arts. Je vais attaquer une Licence à la rentrée et je compte aller jusqu'au Masters. Autrement dit, j'en ai pour encore cinq ans d'études.

Tu t’es retrouvé “coincé” durant quelques mois, la faute à la pandémie de coronavirus…
L'année scolaire est terminée pour nous. On n'a pas repris. J'ai passé certains concours à la maison et un oral en visio-conférence. Il me reste à préparer la prochaine rentrée maintenant. Je ne sais pas encore dans quelle ville je serai à la rentrée car j'ai le choix entre plusieurs villes, dont Marseille. Et j'ai encore des oraux pour Paris. Une chose est sûre ; je ne resterai pas en Bretagne. Cette fois-ci, j'ai envie de bouger. J'aurais pu aller à Brest ou à Rennes mais j'ai déjà passé deux ans à Rennes et j'ai le sentiment d'avoir fait le tour de la question avec cette ville (sourire). J'ai envie de changement.

« CRÉER DE NOUVELLES AFFINITÉS DANS UN NOUVEAU CADRE DE VIE »

Inversément, tu avais quitté le Chambéry CF, en 2016, car tu te sentais trop loin de la Bretagne et de tes proches. Cette situation nouvelle signifie-t-elle que tu as évolué ?
Oui, j'ai sans doute grandi. J'ai moins de problèmes avec l'éloignement aujourd'hui. J'ai envie de découvrir d'autres choses. J'ai envie de rencontrer de nouvelles personnes et de créer de nouvelles affinités, dans un nouveau cadre de vie, et via la passion commune des beaux-arts. C'est toujours intéressant.

Quel lien entretiens-tu avec le monde du cyclisme depuis que tu as arrêté la compétition ?
J'ai totalement arrêté le vélo et le sport pendant environ un an et demi. Je ne faisais plus rien, comme si j'avais besoin de complètement couper. Depuis, je me suis mis à la course à pied. Aujourd'hui, j'ai pris un bon rythme puisque je cours trois à quatre fois par semaine, avec parfois de longues distances. Je pratique le trail. J'aurais d'ailleurs dû participer à ma première compétition récemment en Bretagne, sur 36-38 kilomètres, mais l'événement a été annulé à cause de la pandémie. Ce n'est que partie remise, je pense que j'essaierai de m'inscrire à un autre trail un de ces quatre, avec un ami qui pratique également.

Et le vélo ?
Je roule de temps en temps, mais c'est assez rare. Je vais faire une balade en VTT avec mes parents, une fois tous les deux mois... C'est tout.

« J’AI ASSEZ VITE ARRÊTÉ DE SUIVRE »

Tu ne pratiques donc le sport que pour le plaisir, sans la moindre contrainte ?
En course à pied, il m'arrive quand même de faire des séances spécifiques avec du fractionné par exemple, mais je n'ai pas établi de plan d'entraînement précis non plus. Je pars faire mes séances sans prise de tête, pour le plaisir et rien d'autre. Par contre, j'aime bien me lancer des défis. Par exemple, sur certaines sorties, je vais chercher une petite côte et je ne fais que la monter et la descendre pendant une heure.

T'arrive-t-il encore de suivre l'actualité du cyclisme ?
J'ai assez vite arrêté de suivre, du moins de façon assidue, même si j'ai toujours gardé un oeil sur le Tour de France notamment. Je continue de tomber sur certaines informations sur les réseaux sociaux et je vois que des copains avec qui j'ai couru dans le temps continuent de performer. Je suis content pour eux. Mais je tombe dessus uniquement parce que ça me propose ce type d'infos sur mon "mur" Facebook, sans que j'aille faire la démarche de chercher les résultats, car je ne le fais jamais.

Tu n’as donc jamais regretté d’avoir arrêté la compétition ?
C'était une décision compliquée à prendre. Lorsque j'ai quitté le CCF pour rentrer en Bretagne (lire ici), je pensais reprendre le vélo là-bas. Puis finalement, je n'en ai jamais eu envie. Je n'ai jamais eu de regrets. Par contre, ça m'a quand même fait drôle au début, les premiers mois. Je me suis rendu compte, après coup, que le cyclisme représentait une grande partie de ma vie jusque-là, même si j'ai toujours accordé de l'importance à mes études en parallèle. Mais disons simplement que je n'avais pas une vie "normale" jusque-là. J'étais un athlète qui faisait des sacrifices pour le vélo. Et lorsque tout s'arrête d'un coup, ça fait bizarre. C'est même compliqué. Le vélo, c'est tellement structuré. Tout est bien huilé dans ta vie, tout est carré, dès les Juniors. Et là, ce n'était plus le cas, je n'avais plus les mêmes repères.

« J’AIMERAIS ÊTRE ARTISTE »

Où en es-tu aujourd'hui, as-tu retrouvé ces fameux “repères” ?
J'ai fini par trouver un nouvel équilibre de vie. Et je peux dire qu'il me convient mieux, finalement (sourire). Je fais un peu de sport, je consacre du temps à mes études et donc à mon avenir, et dans le même temps je peux aussi profiter de mes amis, faire la fête... Je suis content de cet équilibre. C'est juste que parfois, je retrouve certains habitudes que j'avais dans le monde du vélo, une certaine rigueur, une envie de bien faire. C'est drôle et intéressant.

Tu évoquais précédemment tes études dans les beaux-arts. Dans quel secteur précis aimerais-tu travailler à l'avenir ?
Quand tu arrives aux beaux-arts, c'est un peu comme débarquer dans une bonne équipe cycliste Espoir (rires). Il y a déjà eu une sélection mais le plus dur reste à venir. J'aimerais être artiste. Mais c'est compliqué, peut-être autant que de devenir coureur cycliste professionnel, même si ce n'est sans doute pas comparable. Il va falloir que je sois rigoureux pendant plusieurs années pour espérer quelque chose de bien. L'art est un secteur dans lequel il y a beaucoup de candidats et peu d'élus, avec beaucoup d'envieux et d'aigris. Là aussi, je crois que ça ressemble au cyclisme... Mais je suis motivé.

Devenir "artiste", c'est assez vague. Quel type d'artiste souhaites-tu devenir ?
Je pense travailler sur l'art contemporain. Aujourd'hui, c'est devenu un métier dans lequel on est moins spécialisé qu'avant, il faut toucher à tout. Mais j'aime particulièrement le travail de peinture et les sculptures, le travail en relief... Enfin, j'ai encore le temps de penser à tout ça avant d'avoir validé mon Masters. Il me reste cinq ans (rires).



Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Romain POMMELET