Florian Maitre, néo-pro et “néo-Papa” en confinement

Crédit photo William CANNARELLA / DirectVelo

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C’est une période pas comme les autres pour Florian Maitre. Ces derniers mois, le Francilien a connu deux des plus grands moments de sa jeune vie d’adulte. En décembre, tout d’abord, il est devenu Papa pour la première fois. Quelques jours plus tard, le 1er janvier, il est officiellement devenu coureur professionnel au sein de l’équipe Total Direct Energie. Mais le voilà aujourd’hui privé de compétition, la faute à l’épidémie de coronavirus qui a totalement paralysé la société depuis maintenant près d’un mois. Partagé entre bonheur familial et frustration professionnelle, l’ancien coureur du Vendée U, 23 ans, admet attendre la reprise avec grande impatience. Entretien.

DirectVelo : Comment vis-tu la situation actuelle ?
Florian Maitre : On ne sait pas comment ça va évoluer mais il se pourrait que l’on ne court quasiment plus de l’année. Au moins, je suis à la maison et je peux voir grandir mon enfant et profiter de Madame (sourires). On va dire que c’est un mal pour un bien. Le fait de pouvoir profiter du petit me maintient à flot car c’est quand même un gros coup au moral de ne plus courir. J’avais plein de motivation pour faire de beaux débuts chez les pros mais finalement, je vais me retrouver avec une moitié de saison, et encore…

Tu as au moins la chance de voir grandir ton enfant en étant quotidiennement à ses côtés…       
C’est vrai que cette nouvelle vie m’occupe bien. On est resté chez mes beaux parents pour profiter d’un espace plus grand. J’ai la chance de voir l’évolution du petit au jour le jour. Les premiers mois sont importants pour tisser de gros liens et j’ai le privilège de voir grandir mon petit. Tout se passe merveilleusement bien. Il fait ses nuits depuis ses trois mois. Parfois, il dort jusqu’à 10h00. On a beaucoup de chance, c’est un bébé très calme (sourires). Ce n’est que du bonheur.

« UNE PÉRIODE DE L'ANNÉE QUE TOUT LE MONDE ADORE »

D’un point de vue sportif, tu as disputé en février tes quatre premières courses en tant que pro. Peux-tu déjà en tirer quelques petits enseignements ?
Malheureusement, non. C’était trop tôt et trop peu. L’équipe m’avait lancé dans un processus de calendrier de très haut-niveau. Sur le papier, les premières courses de l’année ne me convenaient pas très bien mais l’idée était de vite prendre de la caisse, par exemple sur le Tour de la Provence, en vue des Classiques, car je devais en disputer quelques-unes. J’aurais dû disputer sept-huit courses d’un jour de haut-niveau, dont une ou deux Classiques en WorldTour. J’avais déjà fait Kuurne et le Samyn et j’étais vraiment motivé pour la suite. Je me sentais de mieux en mieux et déterminé pour disputer ces courses qui me font rêver depuis toujours. Mais bon, il faut faire avec.

On te sent particulièrement déçu...
C’est une période de l’année que tout le monde adore, moi le premier. C’est forcément dur de ne pas courir. On avait tous le couteau entre les dents. J’essaie de relativiser mais ça met quand même un coup au moral. Je me suis vite projeté en me disant que l’on n’allait pas recourir jusqu’en juin minimum. J’ai essayé de garder un objectif en tête : celui du Championnat de France chrono. Mais visiblement, ça ne va pas le faire non plus.

« SI ÇA DEVAIT NE REPRENDRE QU’EN FÉVRIER 2021... »

Souhaiterais-tu être autorisé à rouler en extérieur dans les prochaines semaines, avant la fin généralisée du confinement dans le pays ?
Pouvoir rouler simplifierait les choses. Deux mois de home-trainer, c’est sacrément usant mentalement… Au bout d’un moment, je pense que tu pètes un plomb et que tu le mets au garage (sourires). Nous ne sommes pas des milliers de cyclistes pros en France. Bien sûr, il ne faut pas engorger les hôpitaux mais personnellement, je ne suis jamais tombé une seule fois à l’entraînement. Bien sûr, ça peut toujours arriver quand même, mais on serait d’autant plus prudents étant donné les circonstances. En plus, la plupart des accidents surviennent entre cyclistes et automobilistes. Or, en ce moment, il y en a beaucoup moins de voitures sur la route.

T’imagines-tu disputer des Classiques printanières en fin de saison ?
Ça ne me dérangerait pas. Il faudra bien courir, de toute façon. L’air de rien, il ne restera pas tant de courses que ça quand nous allons reprendre alors il serait bien d’avoir réellement des reports en septembre et octobre. Tout est envisageable mais je préfère ne pas trop y penser pour l’instant car si ça devait ne reprendre qu’en février 2021, je n’aurais plus qu’à ranger le home-trainer au garage dès maintenant. En se disant que l’on pourra courir bientôt, peut-être, ça permet de rester motivé. Il faut rester concentré et mobilisé.

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