Benoît Cosnefroy, « un diamant à tailler » pour AG2R La Mondiale

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Déjà impressionnant l’an passé, Benoît Cosnefroy réalise actuellement un début de saison tonitruant. Le Normand vient de remporter successivement le GP La Marseillaise et l’Étoile de Bessèges et il ne serait pas étonnant de le voir continuer de briller dans les prochaines semaines. Presque de quoi faire oublier qu’il était encore coureur amateur il y a moins de trois ans. Le coureur de 24 ans le répète et l’assume depuis plusieurs semaines : il souhaite désormais briller au plus haut niveau mondial, sur les courses WorldTour. Peut-il y gagner dès cette année ? Vers quelles spécialisations compte-t-il se tourner ? À l’heure actuelle, le champ des possibles semble très vaste pour l’ancien Champion du Monde Espoirs. Directeur sportif d’AG2R La Mondiale à Bessèges, Stéphane Goubert apporte des éléments de réponse à DirectVelo quant à l’avenir envisagé - à court comme à long terme - pour Benoît Cosnefroy.

DirectVelo : Benoît Cosnefroy a démontré de nombreuses qualités, ces derniers jours, pour remporter coup sur coup le GP La Marseillaise puis l’Étoile de Bessèges. A-t-il d’ores-et-déjà l’âme d’un patron ?
Stéphane Goubert : Il a beaucoup d’ambition et il a un esprit très positif. Il a toujours envie de bien faire les choses et de s’accomplir dans son sport. Tout ça passe par des prises de position. Il sait déjà s’imposer en tant que leader, il prend la parole et il a envie de découvrir cette pression-là, celle d’un leader. L’an passé, il avait déjà remporté un classement général sur le Tour du Limousin mais c’était différent. Il n’y avait pas la même pression. Cette fois-ci, à Bessèges, il était cité parmi les favoris avant même le départ. Plus encore après son succès au GP La Marseillaise. Il voulait se construire à travers, notamment, l’apprentissage d’une gestion sur “une semaine” de course, et il l’a réussi à Bessèges. Il a aussi pu compter sur une équipe très soudée autour de lui.

Cette victoire finale, il l’a construite sur chacune des cinq étapes de la semaine…
La première journée n’était pas évidente à gérer pour nous car nous étions arrivés sur cette course avec beaucoup de grimpeurs. Il a fallu se battre dans le vent, pour maintenir Benoît dans la première bordure. On a réussi à le faire et Benoît était très reconnaissant du travail de ses coéquipiers. Mais ça lui a coûté du stress et de l’énergie. Ensuite, il a fallu être bon chaque jour, jusqu’au chrono.

« IL M’A DEMANDÉ : “COMMENT FONT-ILS POUR TENIR TROIS SEMAINES” ? »

Un stress qu’il ne connaissait donc pas jusque-là ?
Il doit encore arriver à se canaliser mais c’est normal, ça fait partie de cet apprentissage qui est en cours. Il doit passer par là. Il avait envie de découvrir le rôle de leader sur une course par étapes et il a touché du doigt ce que tout ça implique et à quel point la pression peut être forte. Sur un debrief d’après-course, il m’a demandé : « comment font-ils pour tenir trois semaines une telle pression sur les Grands Tours ? ». C’est bien ! C’est bon pour l’avenir car il continue d’apprendre et de grandir. Attention : je ne dis pas que l’idée est de le faire travailler sur les courses de trois semaines. Il ne faut pas aller trop vite, mais ça peut faire partie de son évolution et de ses envies. On veut que les garçons s’épanouissent dans leur sport. Pour l’instant, Benoît se cherche encore. C’est un diamant à tailler. Peut-être qu’à l’avenir, il s’orientera sur les courses d’un jour. On a encore le temps d’y travailler.

Bien qu’il vienne de remporter l'Étoile de Bessèges, Benoît Cosnefroy a toujours semblé - depuis les jeunes catégories - être avant tout adepte des courses d’un jour, avec notamment plusieur médailles sur des Championnats nationaux ou internationaux… Son avenir ne se dessine-t-il pas avant tout sur des courses telles que les Ardennaises ?
On veut développer au maximum son potentiel. Naturellement, c’est vrai qu’il a plutôt des dispositions pour les courses d’un jour. Mais s’il veut y être encore plus performant à l’avenir, ça passe aussi par des résultats et du travail sur les courses par étapes. La gestion d’une course par étapes, la gestion de l’effort, du stress… C’est primordial et ça renforce le mental et le physique d’un coureur. Y compris pour les courses d’un jour. Même sur une course d’un jour, comme les Classiques, tu as besoin d’être parfois patient, de gérer ta nervosité quand il faut rester placé pendant 200 kilomètres… Tout ça s’apprend aussi sur les courses par étapes.

« JE L’AI TROUVÉ BEAUCOUP PLUS SEREIN ET POSÉ »

Il ne s’agit donc pas de l’imaginer jouer le général sur les plus grandes courses par étapes du calendrier ?
L’idée n’est pas de jouer la gagne sur un Dauphiné, on n’en est pas là. Quand je parle de course par étapes, ce sont des courses avec des profils qui lui correspondent. Comme Bessèges ou le Limousin, justement. Ce qu’on recherche, encore une fois, c’est l’apprentissage d’une gestion.

Tu disais un peu plus tôt que Benoît doit encore “se canaliser”. C’est-à-dire ?
Il est déjà en progression sur ce point. Je l’ai trouvé beaucoup plus serein et posé à Bessèges qu’il ne pouvait l’être l’année dernière. Mais il a encore des lacunes dans ce domaine malgré tout et c’est normal. Au plus il se retrouvera dans ces situations et au mieux il saura les gérer.

« IL PEUT AUSSI GAGNER SUR DES FLANDRIENNES »

Avant même le début de la saison, il a annoncé espérer gagner en Classe 1 dès février avant de se focaliser en grande partie sur les épreuves WorldTour. Avec, là aussi, l’ambition d’y gagner. On imagine compliqué de remporter une Classique dès cette année. L’idée est-elle donc de jouer la gagne sur des étapes de courses par étapes WorldTour ?
C’est exactement ça. Benoît va viser des étapes, ce sera notre état d’esprit. Pour autant, en ce qui concerne les courses d’un jour, on ne sait jamais. Il faut quand même rester ambitieux, sans se voir trop grand et trop beau non plus. On faisait tout à l’heure référence aux Ardennaises mais à terme, Benoît est un garçon qui peut aussi gagner sur des Flandriennes. C’est une possibilité. Tout cela dépendra de son évolution et de la façon dont il va grandir. Plusieurs nouveaux facteurs vont entrer en compte au fur et à mesure. Pour les Flandriennes, il faudra par exemple voir comme il peut gérer la pression de ces courses si particulières… C’est une intensité différente des autres courses. On a tous nos limites dans ce domaine. Sera-t-il capable de bien gérer tous les éléments parasites pour arriver frais aux moments clefs de ces courses ? On ne le sait pas encore aujourd’hui. Potentiellement, il peut gagner de partout. Sa palette est très large.

Il semble avoir tout pour lui, et donc tout pour réussir…
En plus de ses qualités sur le vélo, c’est un garçon agréable. Il ne prend pas souvent la parole dans les briefings mais quand il le fait, c’est pour valoriser l’ensemble du groupe. C’est le genre de garçon qui fait bien vivre un groupe et c’est une qualité vraiment importante quand on veut devenir un leader.

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