Steve Chainel : « C’était 3615 la cuisse »

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Steve Chainel a longtemps pensé atteindre son objectif de Top 15. Mais le Français a craqué, ce dimanche, dans le final du Championnat du Monde de cyclo-cross disputé à Dübendorf (voir classement). Après 1h18 de course, il est revenu sur son Mondial pour DirectVelo, avant d’évoquer les prochains mois.

DirectVelo : Quel regard portes-tu sur ton Championnat du Monde ?
Steve Chainel : Je suis Champion du Monde des plus de 35 ans (rires) ! A l'arrivée, j'étais très très déçu parce que j'étais dans le top 15 pendant toute la course, mais j'ai perdu deux places dans le dernier tour. Je pense que j'étais à moitié en fringale. J'ai fait 1h15 de course, c'était très long. C'était aussi très difficile sur ce parcours où il n'y avait aucun moment de récupération. C'était probablement l'un des Championnats du Monde les plus durs de toute ma carrière.

Est-ce que la course était trop longue pour toi ?
Non, la course n'était pas trop longue, tout le monde a fait 1h15. Mais c'est vrai que dans le dernier tour, je me suis vraiment couché. Ce sont des choses qui arrivent. Il ne fallait pas s'affoler au départ et finir fort, ce que je n'ai pas réussi à faire. Normalement, avec l'expérience, on doit gérer sur 1h15. Là, j'ai géré sur 1h10 et je me suis vraiment bien écrasé dans le dernier tour. Maintenant, terminer 17e ce n'est pas ridicule, mais terminer dans le Top 15 ça aurait été super.

C'était ton objectif ?
Oui, le Top 15, c'était l'objectif que je m'étais fixé. Il manquait cinq ou six Belges qui sont là normalement en Coupe du Monde. Ca correspond à un Top 20 en Coupe du Monde. C'est mon niveau maintenant, c'est tellement homogène devant. Il y a aussi quelques coureurs qui ont réussi à hausser leur niveau de performance, comme Stephen Hyde qui me passe dans le dernier tour. Mais il y a aussi des coureurs qui se sont couchés comme Marcel Meisen, qui est derrière. Je termine quasiment avec David Van der Poel, ce n'est pas ridicule. C'est un Championnat du Monde qui restera probablement gravé dans ma mémoire tellement il était dur et tellement j'ai souffert.

« HUIT MINUTES, CA FAIT MAL »

Comment as-tu trouvé le parcours ?
Le parcours était beaucoup critiqué. C'est sûr qu'on ne prend pas énormément de plaisir à rouler à 12 km/h en étant à 400 watts. Mais après, c'est pour tout le monde pareil. Je pense que le parcours était très physique, peut-être trop. Il n'y avait pas beaucoup de parties très techniques, finalement. Mais c'est pour tout le monde pareil. C'est sûr que quand tout le monde l'a repéré jeudi ou vendredi, il n'y en a pas beaucoup qui se faisaient plaisir sur ce type de parcours. Comme j'ai dit, il n'y a pas de sensation de vitesse, ni de gros passage très technique. Du coup, c'était un peu "3615 la cuisse", comme on dit. Il n'y a pas de surprise avec Van der Poel. Moi, je prends huit minutes dans les lunettes. Ca part contre, ça fait mal.

Quelle sera la suite pour toi ?
J'arrête ma saison de cyclo-cross ici. Je vais prendre une petite semaine de repos puis je vais tout de suite enchaîner sur la route en amateur. Je vais reprendre le même schéma que lorsque j'étais professionel et que je faisais les classiques tout de suite après la saison de cyclo-cross. Je vais faire février, mars et avril en profitant de l'hiver que je viens de faire pour réaliser une belle première partie de saison sur route, tout en reprenant le travail avec Eurosport. Par contre, en mai et juin, je vais vraiment me reposer avant de repartir sur un cycle de trois mois de gros volume, jusqu'en septembre, pour enchaîner ensuite avec la saison de cyclo-cross. Maintenant, je suis un vrai cyclo-crossman, je peux agencer mon planning comme j'en ai envie.

« TRAVAILLER POUR LA SAISON PROCHAINE »

Quelle importance vas-tu donner à la saison sur route ?
Avec mon club, l'idée est d'être au moins en Nationale 2 l'année prochaine. Donc il faut tout de suite aller gagner des courses et se confronter au haut-niveau pour donner l'envie aux jeunes qu'on voudra prendre cet hiver d'être avec nous sur la route pour déjà avoir une vision sur 2022 et 2023. Il y a du boulot pendant les huit jours de repos qui vont venir. J'ai déjà rendez-vous demain (lundi) avec un partenaire et à nouveau vendredi aussi. La patate est chaude. Pour nous les Français, la saison s'arrête là donc il faut vite travailler pour la prochaine saison.

Tu sais à quoi va ressembler l'équipe l'année prochaine ?
Bien sûr, j'ai des idées. Après, c'est comme tout, c'est aussi une histoire de programmation, d'argent et aussi d'envie. Ce qui est sûr, c'est que cette année on était cinq et que j'aimerais qu'on soit six l'année prochaine. Donc ça demande un petit peu plus de matériel, un petit peu plus de moyens. Je pense aussi qu'on est peut-être arrivé au bout d'un cycle.

C'est à dire ?
C'est déjà la cinquième année, il faut qu'on parte pour un nouveau cycle de trois ans pour essayer de former des jeunes qui arriveront en Espoirs 1 ou 2 et qui pourraient viser une médaille aux Championnats du Monde à Tabor en 2024. Je pense qu'on peut vraiment rivaliser avec les meilleurs, mais comme ce n'est pas la fédération qui le fera tant qu'on ne sera pas un sport olympique, c'est à nous, les équipes privées comme l'AS Bike Cross Team, Charvieu Chavagneux ou nous de prendre les jeunes et de les accompagner au maximum. Mais les accompagner, ce n'est pas juste leur filer des vélos. Il faut aussi leur proposer un staff compétent, avec des gens passionnés. C'est le cas au Cross Team. On va changer quelques petites choses et repartir pour un nouveau cycle l'hiver qui va arriver. Finalement, le bilan est bon, avec un maillot de Champion d'Europe, quand même, donc c'est positif.


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