Mondial : Derrière les grands, les autres tirent la langue

Crédit photo Hervé Dancerelle -DirectVelo

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Avec 43 engagés, le Championnat du Monde est loin d’avoir fait le plein de coureurs dans la catégorie Elites. De nombreuses Nations n’ont pas inscrit les cinq éléments qu’elles auraient pu aligner. Par exemple, la République tchèque présentera ce dimanche après-midi trois garçons, la France, l’Espagne et l’Allemagne deux, la Grande-Bretagne un et le Luxembourg zéro.

Comment l’expliquer ? Plusieurs raisons sont avancées. Les moyens financiers reviennent forcément sur la table. Dübendorf se trouve dans la banlieue de Zurich, considérée comme l’une des villes les plus chères du Monde. “C’est un Mondial qui coûte cher”, indiquait mi-janvier François Trarieux, le sélectionneur des tricolores (voir ici). “Nous avons des moyens assez limités et nous devons réfléchir avant de les dépenser, reconnaît de son côté Matt Ellis, le sélectionneur des Britanniques. Ainsi nos critères de sélections sont assez stricts. Nous avons retenu deux catégories : ceux qui peuvent prétendre à un podium mondial dès maintenant et ceux qui ont le potentiel d'un podium dans le futur”. Il suffit de faire un tour sur le parking des équipes pour comprendre que toutes les Nations ne jouent pas dans la même cour. Les bus Jumbo-Visma ou CCC-Liv font plus que de l’ombre aux vieilles bagnoles de certaines Nations.

PAS LES MÊMES PROBLÈMES

Comme la France, des fédérations ont diminué le budget réservé au cyclo-cross en cette année olympique.Chez nous, le financement du sport est tourné quasi exclusivement vers les Jeux Olympiques, reconnaît le clan britannique. C'est une politique gouvernementale. La fédération ne consacre qu'une toute petite partie de son budget au cyclo-cross”. Obligation est donc faite de limiter la taille de l'équipe pour les événements internationaux. “On ne peut pas aligner autant de coureurs qu'on le souhaiterait. On fait donc le choix de n'emmener que ceux qui sortent du lot”, insiste Matt Ellis.

Au-delà des moyens, d’autres pays peinent à trouver des coureurs avec un niveau suffisant pour être présent sur le principal rendez-vous de l’hiver. Organisateur du Mondial 2017 à Belvaux, le Luxembourg ne présente personne ce dimanche après-midi. “Nous avons deux coureurs qui ont préféré arrêter leur saison un peu après le Championnat national, à savoir Lex Reichling et Scott Thiltges, indique Michel Wolter, le coach des Luxembourgeois. Ça aurait été difficile pour eux ce dimanche. Le niveau est tellement élevé qu'il est difficile d'avoir les pépites qui puissent être vraiment compétitifs au niveau des Élites”.

L’ultra-domination des Belges et Néerlandais chez les Élites écœure-t-elle les autres Nations où les coureurs galèrent pour vivre du cyclo-cross ? Pas vraiment à croire les personnes interrogées. Au Luxembourg, le problème est ailleurs. “On est très restreint en nombre de licenciés. C'est la masse qui nous manque. C'est donc dur d'avoir des bons coureurs”. L'organisation du Mondial 2017 n'a pas eu à ce jour l'effet escompté par les amoureux de la discipline au Grand-Duché. “C'est peut-être maintenant que ça va prendre chez les jeunes qui avaient 8-9-10 ans à l'époque et qui ont été pris par la fièvre du cyclo-cross. Deux-trois de nos Cadets sont vraiment bons. Chez les filles, on a aussi Marie Schreiber. Il faut bâtir un peu là-dessus. C'est eux qui reprennent un peu cet effet Belvaux. Il ne faut pas être défaitiste”, dit Michel Wolter.

« UN EFFET BOULE DE NEIGE »

Du côté britannique, on se veut également optimiste. Le réservoir est jugé “intéressant” par le staff. “La génération Pidcock est en train de relancer le cyclo-cross en Grande-Bretagne, voire même de le lancer tout court, reconnaît, auprès de DirectVelo, Matt Ellis. Avant lui, il n'y avait que quelques individualités. Les succès de Pidcock ont drainé toute une génération de crossmen qui ont pris sa roue. Chez les filles, j’espère qu’Evie Richards sera capable elle aussi d'inspirer d'autres filles pour le futur. Je crois en un effet boule de neige. On a beaucoup de jeunes qui participent à nos compétitions nationales et je pense que ça peut se transformer en un cercle vertueux”.

Le technicien britannique estime également que la Belgique pourrait vivre une période plus compliquée. ”Je pense que c'est en train de changer. Chez les Espoirs, les Belges n'ont pas tant que ça de très bons coureurs. Leurs Juniors sont forts mais je pense que les autres pays rattrapent leur retard, estime-t-il. Dans cinq ans, je pense qu'on aura une répartition des forces différentes. En Belgique ce sont les équipes de marques qui permettent le développement du cyclo-cross plus que la fédération nationale. Je pense que ces équipes vont s'internationaliser et les choses vont changer”. Mais en attendant, à Dübendorf, les Néerlandais ont écrasé la première journée de compétitions. Avec sept médailles récoltées sur les neufs distribuées, les autres n’ont pas eu grand-chose à se partager pour essayer d’exister.

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