Du Gloubi-Boulga et la Bretagne dans tous ses états

Crédit photo Olivia Nieto - DirectVelo

Crédit photo Olivia Nieto - DirectVelo

Scénario de folie, ce jeudi, à l’occasion du premier Championnat de France Juniors de relais mixte. Favori au titre national, le comité de Bretagne pensait avoir tout perdu suite à une chute de l’ensemble de son trio masculin, très tôt dans l’épreuve. “Je pense que l’on était à plus de 60 km/h… On était avec le 14, on tournait les cannes à bloc. J’ai fait un écart de cinquante centimètres sur la gauche et là, on n’a rien compris à ce qu’il s’est passé et bam, tout le monde par terre”, lâche Thibault D’Hervez pour DirectVelo. Chacun des trois bretons est violemment projeté au sol. Nathan Le Piouffe est le plus durement touché. Le garçon hurle de douleur et se montre totalement incapable de remonter sur sa machine. Thibault D’Hervez repart, mais il est très marqué, autant mentalement que physiquement. “Le staff a été rapide. Ils nous ont vite remotivés. Heureusement… Moi, j’avais envie de péter un câble et d’abandonner. Tom (Aguillon) m’a aidé aussi. Il m’a aidé à garder la tête froide. Puis les filles ont été au-dessus du lot”. Le CTR du comité, Jean-Charles Romagny, se pose énormément de questions. "A ce moment-là, je me suis dit que c'était mort. Je ne savais même pas si l'équipe était repartie. Je me suis dit qu'on allait être ridicule et que l'équipe des filles n'allait même pas pouvoir prendre le relais".  

UNE LOURDE CHUTE POUR LE TRIO MASCULIN… QUI RÉALISE LE DERNIER TEMPS

A l’issue du premier relais des hommes, les Bretons se retrouvent ainsi à une inimaginable douzième et dernière place, à 1’14” du comité d’Ile-de-France. "Les deux garçons ont terminé leur chrono avec un vélo traditionnel", précise Jean-Charles Romagny. La course semble perdue. Pas pour des Bretonnes ! “On savait que l’on était en retard, et qu’il y avait eu une chute. Mais Jean-Charles nous a dit que les gars avaient limité la casse et que c’était largement faisable. On a gardé notre sang-froid. Dans notre tête, ça n’a pas changé grand-chose, ça nous a même stimulées encore plus, promet Cédrine Kerbaol. On savait qu’on avait une minute à rattraper mais avant la course, on s’était dit qu’il était possible de reprendre une minute, justement”.

Dépités, les garçons avaient encore l’espoir de voir leurs homologues féminines réussir un temps canon. “On savait qu’elles allaient assurer derrière nous. Si ce n’était que pour nous, on aurait lâché après la chute mais là, nous étions six et pas trois”, ajoute Tom Aguillon. Hors de question malgré tout, pour les filles, de tirer la couverture à elles. “Ce qui nous a fait gagner, c’est aussi votre esprit combatif, les garçons, et le fait que vous n’ayez pas baissé les bras, déclare Cédrine Kerbaol. Après la chute, ils ont tout donné pour finir sans regrets. Quand on les voyait avec la moitié de la combinaison déchirée…”.

UN DRÔLE DE CONTRASTE SUR LA LIGNE D'ARRIVÉE

“On peut remercier les filles”, lâche Thibault D’Hervez. “On peut remercier les garçons”, lui répondent les filles, qui arrivent enfin à décrocher un sourire à Tom Aguillon et Thibault D’Hervez. Car au moment où les filles franchissaient finalement la ligne d’arrivée avec le meilleur temps (voir classement), les garçons gardaient le visage fermé, et les traits tirés. La frustration, le choc de la chute, l’inquiétude pour leur coéquipier parti à l’hôpital, le titre… Tous les sentiments se sont entremêlés en une poignée de secondes. “On pense à notre copain qui n’a pas pu profiter de cette victoire avec nous. Et puis, on a l’impression de ne pas avoir fait grand-chose, même si on s’est battu pour perdre le moins de temps possible après la chute. C’est la victoire des filles”. N’y-a-t-il pas de la fierté, malgré tout ? “Si, on est fier, car on a quand même le maillot bleu-blanc-rouge sur le dos. Mais bon…”.

Du côté des filles, alors que Maëva Squiban s’allongeait sur l’asphalte du circuit de Beauvais, après avoir été au bout de l’effort, ces dernières confiaient comprendre la retenue de leurs équipiers d’un jour. “C’était mitigé. C’est du Gloubi-Boulga. Il y avait plein de sensations à la fois. On était super contente… Mais on voyait les garçons… Et on pensait à Nathan”. Sur le podium protocolaire, seuls cinq Bretons se sont vus offrir le maillot tricolore et la médaille d’or. Un sixième maillot était tenu à la main, pour rappeler la participation de Nathan Le Piouffe. “On ira le voir ce soir !”, précise Cédrine Kerbaol, pas encore au courant qu'il souffre finalement d'une fracture du radius. Après une course riche en rebondissements et en émotions, le collectif breton veut tout de même se satisfaire de ce grand succès. “Dans l’équipe, on s’entend tous bien. C’est vraiment génial de pouvoir vivre un moment comme celui-là, entre filles et garçons. Et gagner !”. Et à Jean-Charles Romagny de conclure : "c'est une victoire dont on va se souvenir car on est passé par toutes sortes d'émotions".


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